On se rappelle les remarques de M. Mackenzie King, lors de la Convention libérale tenue à Ottawa, pour chercher une solution à la débandade libérale.
Parlant du Crédit Social, Mackenzie King fut très bref : Le Crédit Social s'en va ! (is on the way out).
M. King est tellement occupé dans tout l'univers qu'il ne sait plus ce qui se passe au Canada. Excusons-le.
Mais le Crédit Social manifeste-t-il des signes de retraite, ou d'effacement ?
Si, comme le chef libéral sans doute, on fait consister la force du Crédit Social dans le nombre de députés créditistes au Parlement d'Ottawa, il faudrait certainement dire que le Crédit Social faiblit, puisque le nombre de députés créditistes à Ottawa est deux fois moindre qu'avant les élections de 1940.
On pourrait faire la même remarque du nombre de députés créditistes au parlement provincial d'Edmonton.
Mais n'a-t-on pas déjà vu les libéraux eux-mêmes balayés du Parlement d'Ottawa en 1930, et balayés du Parlement de Québec en 1936 ? Cela voulait-il dire que le parti libéral entrait dans le cercueil ?
La province de Québec ne compte pas un seul député créditiste, actuellement, ni à Québec ni à Ottawa. Cela veut-il dire qu'il n'y a pas de créditistes dans la province de Québec ?
Le Crédit Social est à la hausse, au contraire. L'idée se répand tellement que même des libéraux en deviennent contaminés ; et s'ils n'étaient retenus par la discipline du parti, ils réclameraient ce que réclament les créditistes. Quel est l'homme qui a donné le plus chaud au ministre des Finances, lors des deux dernières sessions parlementaires, sinon le libéral Slacht dans ses critiques contre le système bancaire ?
Le Crédit Social est à la hausse, parce que :
1° Le nombre des créditistes augmente toujours ;
2° La conviction des créditistes augmente toujours ;
3° Le prosélytisme des créditistes augmente toujours ;
4° Les moyens d'action des créditistes augmentent toujours.
Depuis que M. King a disposé du mouvement créditiste en une seule phrase, les créditistes de Nouvelle-France ont affermi leur Union des Électeurs et trouvé le moyen de parler chaque semaine à quatre postes de radio, couvrant toute la province de Québec.
Depuis que M. King a déclaré le Crédit Social à la veille de sa disparition, nos Voltigeurs ont fait plus d'ouvrage que jamais et se sont aguerris comme jamais auparavant.
En Alberta, sous la conduite du jeune premier ministre Manning, qui poursuit énergiquement l'œuvre du grand chef disparu, l'organisation en vue d'une action politique dans les deux arènes, provinciale et fédérale, s'accentue de semaine en semaine.
Une grande convention provinciale aura lieu à Calgary, du 7 au 10 décembre, avec des représentants de tous les comtés de l'Alberta, et ce ne sera pas pour rédiger une épitaphe.
Le 15 novembre, le premier-ministre albertain, E. C. Manning, a repris un programme de causeries hebdomadaires à la radio, reproduites, par disques, à une série de postes couvrant tout le Canada anglais.
Et remarquer que tout cela se fait sans un seul chèque de la rue St-Jacques, ni d'aucune banque, ni d'aucune grande institution financière, ni d'aucun monopole industriel.
Cette propagande créditiste sur une grande échelle n'est possible que parce que les créditistes ont assez grandi pour la réaliser.
La presse anglaise ne mentionne guère le Crédit Social que pour le déprécier. La presse française est muette comme carpe sur le Crédit Social. Et malgré cela, le Crédit Social avance dans les provinces anglaises, et il avance dans le Canada français.
Non, monsieur King, le Crédit Social ne s'en va pas. Avec l'aide de la Russie, vous pourrez peut-être servir d'enfant de chœur à Churchill ou à Roosevelt aux funérailles d'Adolf Hitler. Mais ni vous, ni vos successeurs n'enterrerez jamais le Crédit Social, pas même avec l'aide de tous vos maîtres de la finance ou de la franc-maçonnerie.