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Le consommateur immolé

Louis Even le mardi, 01 décembre 1936. Dans Cahiers du Crédit Social

Le problème de la production est résolu. En quinze ans, de 1921 à 1936, l'homme a quintuplé sa puissance. La vapeur, l'électricité, le pétrole, la chimie, l'automatisme sont à son service. Il devrait être roi... la misère règne partout. Des montagnes de produits cherchent preneur, des abîmes de besoin réclament satisfaction... et les produits s'accumulent et les besoins se creusent.

Dans l'article précédent, pages 67 à 69, l'auteur, le Rév. Père Lévesque, explique que la production existe pour la consommation ; la consommation est la fin, la raison d'être de la production. Pourquoi alors règle-t-on la production, actuellement réduite au moins du tiers de sa capacité, non pas sur le besoin du consommateur, mais sur la quantité de monnaie dont des contrôleurs irresponsables permettent la circulation ? Au lieu du potentiel de consommation, c'est le potentiel de monnaie qui règle la production et ce potentiel dépend d'un groupe d'ogres intéressés à maintenir la monnaie rare.

La production en elle-même n'est pas une richesse réelle ; c'est la consommation qui donne à la production sa valeur.

Mécanisez l'industrie, multipliez les produits : s'ils n'atteignent pas le consommateur, il n'y a pas de relèvement du niveau de vie. Tant que les produits restent dans les entrepôts et les magasins, ils n'ajoutent rien au confort de la famille ou de l'individu. Le progrès n'est pas marqué par le régime de production, mais par le régime de consommation. C'est à la partie consommation qu'il faut mesurer le progrès. La consommation d'ailleurs suppose la production, vous ne pouvez avoir celle-là sans celle-ci, tandis que vous avez fort bien celle-ci sans celle-là. La production sans la consommation devient une charge, un passif. Le magasin encombré de produits qui ne se vendent pas doit liquider. Le producteur dont les stocks ne s'écoulent pas arrête ses activités. C'est le consommateur qui est le grand animateur de l'industrie. Pourquoi est-ce lui qu'on immole ?

Au lieu donc de financer la production, ne vaudrait-il pas mieux songer à financer la consommation ? Le consommateur par ses achats financera à son tour le producteur.

Vous pouvez très bien financer la production sans financer la consommation : vous avez alors des produits immobilisés, une crise suit inévitablement. Tandis que vous ne pouvez pas financer la consommation sans financer la production, car la consommation suppose l'achat du produit. II serait donc beaucoup plus effectif de financer le consommateur lui-même.

Les fabricants de monnaie émettent de la nouvelle monnaie tous les jours, mais du côté de la production seulement. Les produits et la monnaie sont du même côté, comment les produits vont-ils s'écouler ? Et ce n'est pas si rose pour le producteur, allez : cette monnaie nouvelle, monnaie qui sort de la fabrique bancaire, est une dette qui le lie envers les fabricants de la monnaie ; il doit la rembourser, capital et intérêt ; il devra tirer capital et intérêts d'un public consommateur dont les poches sont vides ! D'où désespoir du producteur qui ne peut vendre, désespoir du consommateur qui ne peut acheter.

Devant cette situation stupide, des gouvernants qui ne gouvernent pas se traînent eux aussi aux pieds des fils spirituels de Rothschild pour demander des miettes à jeter en secours directs aux fils et aux filles de la nation. Et les fils spirituels de Rothschild en accordent assez pour empêcher la révolte, mais tout en créant de nouveaux liens, de nouvelles chaînes. Souffre et périsse l'humanité, l'important est de préserver le système, le contrôle de la monnaie par des hommes qui n'ont ni cœur ni entrailles mais qu'il faut considérer comme des dieux. Y eut-il jamais idolâtrie plus exigeante ?

Ce jeu diabolique se joue au Canada. Il se joue en Europe. Il se joue dans tous les pays civilisés.

"On compte dans le monde trente millions de chômeurs secourus et une autre trentaine de millions qui ne le sont pas. Avec leurs dépendants, c'est une multitude de 250,000,000 d'être vivants sous-alimentés." ("Vu,” 30 mai 1936).

La revue citée ajoute que chaque année, d'après les statistiques officielles de cinquante pays civilisés, 2,400,000 personnes meurent de faim et 1,200,000 autres se suicident pour des motifs directement déterminés par le manque de nourriture.

Après l'hécatombe de la guerre en plein siècle de lumière, c'est l'hécatombe de la faim en plein siècle d'abondance, en attendant l'hécatombe des révolutions et des guerres civiles.

Quand il serait si simple pour l'humanité de s'épanouir, par une distribution généreuse de l'abondant pain quotidien mis à sa disposition par le Père commun à qui l'on doit et les richesses naturelles et les bras et les cerveaux capables de transformer ces richesses et de les transporter aux quatre coins du monde !

Louis Even

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