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Le chômage, condamnation du système financier

Louis Even le mercredi, 01 janvier 2003. Dans Crédit Social

Pour Noël et le jour de l'An, nous voudrions voir disparaître la pauvreté dans le monde; on ne peut festoyer le cœur en paix, quand tant de pauvres n'ont rien à manger!

Mais quelle est la cause de cette misère imméritée ? · Louis Even nous en donne la réponse et le remède dans l'article suivant.

 

Plus de produits que de pouvoir d'achat

C'est du chômage forcé dont il s'agit. Le chômage qui fait allonger la figure de l'homme qui voit disparaître son salaire.

Si le chômeur n'est pas tout à fait en face de rien ; s'il a, pour un temps, une allocation de chômage ; s'il continue de toucher les allocations familiales pour ses enfants, il est loin d'en avoir assez pour rencontrer ses dépenses. Et il ne sait pas quand cela finira. La dépression morale ne tarde pas, bien souvent, à suivre la dépression du revenu.

Pourquoi le chômage ? Parce que des produits ne se vendent pas.

On a donc cette chose absurde : des ouvriers tombant dans la misère, parce que leur travail a fourni trop de produits, plus de produits que les consommateurs n'en peuvent acheter.

On a cette situation dont tout homme responsable dans le pays devrait avoir honte : des citoyens condamnés à se priver devant des produits accumulés.

Quand l'homme des textiles chôme, c'est parce que, des usines où il donnait son temps et ses sueurs, il sort plus de produits que n'en peuvent payer des familles qui en ont pourtant besoin.

Le chômeur des textiles achètera lui-même moins, d'autres produits ne se vendront pas ; d'autres producteurs dans d'autres secteurs, souffriront du chômage de l'homme des textiles. Nouvelle accumulation de produits invendus, extension du chômage. Sans autre espoir d'adoucissement que des contrats de guerre, pour fabriquer de quoi tuer des êtres humains.

La grande cause de tout cela : le vice financier de distribution. L'obstination à lier l'argent au travail, au lieu de lier l'argent aux produits.

L'argent est un titre aux produits. Dans un régime logique, où l'argent serait l'expression financière des réalités, les titres aux produits seraient en proportion des produits. Non pas en proportion du travail nécessaire aux produits.

L'argent, un titre aux produits – tout comme le billet de chemin de fer est un titre à une place dans un train – tout comme le billet de théâtre est un titre à un siège dans la salle de théâtre.

Le nombre de billets de chemin de fer est réglé d'après les disponibilités. Quelle est la compagnie assez stupide pour n'avoir que cent billets à offrir quand elle a deux cents sièges dans ses wagons ? Quel est le propriétaire de théâtre qui limiterait l'impression de billets à 500 quand il y a 1,000 places dans sa salle ?

il faut aborder le système financier pour trouver le règne du non-sens de la pauvreté au sein de l'abondance. C'est pourtant là que le non-sens engendre le plus de mal, parce que c'est là que le non-sens prive les hommes de biens essentiels à la vie.

La finance à l'envers des réalités

Lorsque 5,000 hommes chôment dans le textile, cela fait 5,000 salaires de moins ; et des fractions de salaires seulement pour d'autres qui travaillent à semaine réduite. C'est peut-être deux cent mille dollars de moins, chaque semaine, entre les mains de familles qui ont les mêmes besoins que la veille.

Chaque semaine, ces familles-là achèteront $200,000 de moins d'autres produits offerts dans le pays.

Ces autres produits ont-ils subitement disparu quand les chômeurs du textile ont cessé de toucher des salaires ? Pas du tout. Les produits offerts sont toujours là. Si les produits sont encore là, aussi abondants, pourquoi les titres aux produits (l'argent) ne sont-ils pas en face, aussi abondants ?

Toujours la même réponse : parce que le système d'argent est faux, mensonger, en désaccord avec les faits (la production). Parce que le pouvoir d'achat est d'après l'emploi, au lieu d'être d'après les produits. Au lieu d'être une comptabilité pour servir, le système d'argent est une arme pour dominer, un moyen de gouvernement entre les mains de ceux qui en contrôlent les écluses, pour régenter nos vies.

Ce qu'il y a de plus impardonnable, c'est que les gouvernants, qui se disent souverains, qui se disent autonomes, qui se proclament l'autorité, laissent perpétuer ce désordre. Ils laissent souffrir injustifiablement des personnes qui ne l'ont point du tout mérité. Ils dorment sur leurs deux oreilles, après avoir chanté la prospérité du pays, de la nation, sous leur habile administration !

Si la finance était conforme aux faits, il y aurait une plus grande distribution de pouvoir d'achat quand la montagne de produits grossit. Puisque les produits s'accumulent, c'est plutôt 200,000 dollars de plus qu'il faudrait mettre en circulation, au lieu de 200,000 de moins.

Le chômage sans revenu est une condamnation flagrante d'un système qui fonctionne à l'envers.

Lorsqu'une femme va au magasin, elle y va pour acheter des produits, non pas pour acheter du travail ou des sueurs. Si, grâce à la machine, le produit qui est là n'a demandé qu'une heure de travail au lieu de dix comme autrefois, il est aussi bon que s'il avait demandé dix heures de travail.

S'il y a quatre fois plus de produits avec quatre fois moins de travail, faut-il en face, quatre fois moins de pouvoir d'achat ou quatre fois plus de pouvoir d'achat ?

Sous un régime financier sain, il y aurait quatre fois plus de pouvoir d'achat, quatre fois plus de titres aux produits, parce qu'il y a quatre fois plus de produits.

Mais sous un régime financier malsain, il y aura quatre fois moins de pouvoir d'achat, parce qu'il y a quatre fois moins de travail.

Des bouches d'or pour approuver

Et l'on ne manque pas de bouches d'or pour nous dire qu'il est bon qu'il en soit ainsi, parce que l'argent sans travail, c'est immoral.

Pour ces bouches d'or, c'est sans doute immoral de respirer l'air, de jouir du soleil, quand on n'a pas travaillé pour gagner l'air ou le soleil.

Pour ces bouches d'or, la machine qui remplace l'homme et ses sueurs est une invention diabolique. C'est immoral pour l'homme de se servir de son cerveau. Il n'y a de moral que les muscles tendus, les dos courbés, l'homme bien rivé à la production matérielle.

Pour ces bouches d'or, la société idéale serait une société d'hommes planifiés, numérotés, embauchés, attelés, rationnés, conditionnés comme les bêtes qui gagnent au champ les services de l'écurie.

Les bouches d'or devraient avoir au moins la décence de se taire, de ne plus crier : "Travaillez plus et consommez moins", quand il y a au pays plus de 400,000 (aujourd'hui ils sont plus de 2 millions) paires de bras qui ne demandent pas mieux que de travailler, mais qui doivent chômer parce que les consommateurs ne prennent pas assez de produits.

Le Crédit Social, seul remède

Le remède au chômage n'est pas dans la course aux contrats de guerre.

Le chômage a une cause financière. Son remède est d'ordre financier.

Le remède au chômage est dans un régime financier sain, conforme aux réalités. Le remède au chômage est dans le Crédit Social.

Le remède au chômage est dans le dividende du Crédit Social pour acheter ce que les salaires ne suffisent pas à payer. Le dividende pour avoir les fruits de la machine, comme on a les salaires pour les fruits du labeur.

Sous une économie de Crédit Social, on parlerait encore de travail, dans la mesure où il en faudrait pour alimenter le flot des produits ; jamais comme condition pour vivre quand les produits sont déjà existants.

Avec un régime financier créditiste, on pourrait parler de loisirs, d'activités libres, à des hommes nantis de pouvoir d'achat autrement que par l'embauchage. Mais il ne serait plus question de chômage forcé, escorté de privations et de soucis.

Que font les gouvernements ?

On a un ministre des finances au gouvernement, qu'est-ce qu'il fait pour corriger le vice financier ?

Qu'attend le gouvernement "autonome" de notre province pour émettre et distribuer des permis d'acheter les produits offerts dans la province, quand ce sont les permis qui manquent en face des produits ? Est-ce que des droits aux produits, issus du gouvernement responsable, ne seraient pas aussi valables que les droits sortis de la plume des banquiers ou des coffres d'exploiteurs d'hommes ?

Des crédits, naissants dans les livre du Trésor, au compte des citoyens, engendrant du pouvoir d'achat, seraient-ils moins acceptables que les chiffres naissant dans les livres des banquiers, au compte d'emprunteurs, en créant des dettes ?

Les transferts de ces crédits, d'un compte à l'autre, dans des succursales du Trésor, seraient-ils plus compliqués que les transferts de crédits, d'un compte à l'autre, dans les succursales de banques ?

L'argent, dompté au service de l'homme, serait-il moins désirable que l'homme dompté au service de l'argent ?

Vous ne voulez pas de Crédit Social, messieurs de la politique ? Qu'avez-vous à offrir à la place, pour régler le chômage et mille autres problèmes d'origine financière ? Rien ? Rien que la continuation du même système satanique, affameur et tueur d'hommes ?

Regardez-le bien en face, votre système vénéré. Voyez ses fruits. Voyez ces ouvriers punis d'avoir trop produit. Voyez ces familles privées en face de produits accumulés. Voyez le niveau de vie des hommes dicté par l'argent, au lieu d'être déterminé d'après la présence de produits. Voyez dans leur crudité, les souffrances imméritées, imposées par les seules conditions financières.

Puis, regardez-vous aussi. Vous, les législateurs du pays. Vous qui avez la responsabilité du bien commun temporel. Vous n'avez même pas le courage d'élever la voix, de dénoncer la dictature de l'argent sur la vie des hommes que vous représentez. De réclamer la cessation immédiate de cette dictature. De vouloir des hommes libres, au lieu d'hommes enchaînés ; une finance servante au lieu d'une finance tyrannique.

Vous êtes des lâches, des sans-cœur. Au lieu de parader vos nullités, avec des airs satisfaits et une cour vendue ou idiote pour vous applaudir, vous devriez vous couvrir le visage de honte, en passant devant les victimes du régime dont vous êtes complices par votre silence et votre laisser-faire.

Louis Even Vers Demain, Mars 1952

Louis Even

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