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Le choix des candidats créditistes

le samedi, 01 juillet 1944. Dans La vie créditiste

Quand paraîtront ces lignes, l'Union Créditiste des Électeurs aura tenu deux conventions pour le choix d'un candidat aux élections provinciales pro­chaines : dans l'Abitibi-Ouest, où fut choisi M. Réal Caouette ; et dans la Beauce, où fut choisi M. Laurent Legault.

Il reste neuf conventions semblables au pro­gramme prochain de l'Union Créditiste des Électeurs.

Qu'est-ce qui guide les créditistes dans le choix de leurs candidats dans les divers comtés ? Les créditistes, comme toujours, se laissent guider par leur objectif.

Que voulons-nous ? Le Crédit Social. Quand l'au­rons-nous ? Quand la population sera créditiste.

Évidemment, la loi établissant le Crédit Social, décrétant un dividende à tous et à chacun, ne peut être faite que par un Parlement. Il faut donc un parlement créditiste. Mais là encore, on aura un parlement créditiste quand on aura une popula­tion créditiste.

Nous serions les premiers à déplorer l'élection de députés créditistes par un électorat non créditiste. Les députés alors ne représenteraient pas leurs électeurs. Ce ne serait pas l'Union des Électeurs, mais une cabale, qui aurait gagné l'élection. Il n'y aurait rien de permanent dans un tel résultat.

*    *    *    *

L'Union Créditiste des Électeurs n'est donc point empressée de pousser des candidats dans des comtés qu'elle croit insuffisamment gagnés à la doctrine créditiste. Elle ne fera pas d'obstacle aux électeurs de ces comtés qui tiennent à une candi­dature créditiste, mais elle ne consacrera point le gros de ses énergies à appuyer des candidatures qui sont vouées à un échec ou qui, si elles réussissent, ne représenteront point fidèlement l'attitude de l'électorat.

*    *    *    *

D'autre part, dans les comtés où la majorité pensante semble être pour le Crédit Social, c'est le devoir des électeurs de se donner un candidat qui les représente véritablement, donc un candidat créditiste.

Mais, dans le choix de ce candidat, ils doivent être assez réalistes pour se rendre compte que :

    1. Ils n'envoient point au Parlement un hom­me pour faire des lois créditistes. Le mouvement est loin, en effet, d'enrôler la majorité de la popu­lation de la province.

    2. Ils ont intérêt à y envoyer quelqu'un qui, de par cette position, avancera la cause en faisant de l'action créditiste dans les parties non gagnées de la province.

C'est dire que les créditistes doivent voir à leur ob­jectif de choisir des hommes qui, une fois élus, pourront consacrer tout leur temps à la propagande et à l'organisation ; des hommes qui feront cela avec compétence, qui sont capables de le faire, par­ce qu'ils ont déjà de l'entraînement, parce qu'ils ont déjà fait leurs preuves.

Les autres considérations sont à côté du sujet.

Voici, par exemple, un homme qui vient d'arri­ver dans un comté pour y faire de l'action crédi­tiste. Supposons qu'avant son arrivée, tout était mort, ou tout marchait au ralenti. Personne n'avait l'initiative ou la compétence pour mettre le comté sur pied, au point de vue créditiste. Mais le nouvel arrivé, en quelques jours, en quelques semaines, met tout un entrain dans le district.

Qu'est-ce que cela prouve ? Cela prouve que cet homme est capable de mettre des régions en bran­le, puisqu'il a mis en branle un district qui était paralysé.

Libérez cet homme de toute autre occupation, assurez-lui un revenu pour sa famille en le dépu­tant au Parlement : ce qu'il a fait dans ce comté particulier, il pourra le faire ailleurs.

Mais il n'est peut-être pas du comté ? Raison de plus. Cela démontre qu'il est capable d'agir dans d'autres comtés que le sien, et c'est justement cela qu'il nous faut aujourd'hui : des hommes qui vont rendre toute la province créditiste au cours des quatre ou cinq prochaines années.

Si les créditistes du comté en question sont réel­lement inspirés par l'objectif, ils n'hésiteront pas à choisir cet homme qui fait ses preuves si vite et si bien, qui remue tout le comté, alors qu'il ne con­naissait peut-être pas un chat dans la place la veil­le.

Mais, va-t-on répliquer, comment représentera-t-il véritablement les électeurs de ce comté ? Il les représentera aussi fidèlement qu'il les a unis et or­ganisés en Union des Électeurs.

Dans une véritable démocratie, l'expertise d'un député consiste à exprimer la volonté collective de ses commettants. Pour qu'il la connaisse bien, il faut un mécanisme pour la lui transmettre. Ce mé­canisme, c'est l'Union des Électeurs. D'où que vienne notre homme, s'il monte l'Union des Électeurs dans le comté où il s'installe, il a immédiate­ment à la main le mécanisme pour connaître les désirs prépondérants des électeurs ainsi organisés.

Un député vieux-style peut vivre cinquante ans dans un comté et n'avoir pas encore le moindre moyen — peut-être pas la moindre volonté — de savoir ce que désirent ses électeurs.

D'ailleurs, l'apôtre du Crédit Social, qui va de place en place, de rang en rang, de porte en porte, avec la lumière créditiste dans sa tête, ne tarde pas à connaître un district bien mieux que des em­bourgeoisés ou des semi-embourgeoisés établis dans le milieu depuis des années.

Lorsque les créditistes d'un comté sont appelés à se choisir un candidat, ils se posent donc la ques­tion :

Quel est, parmi les citoyens que nous pouvons choisir, de Hull à Gaspé, de la frontière américai­ne au pôle nord, quel est l'homme qui, donné tout entier à la cause, la ferait avancer le plus vite dans la province de Québec ? Puisque, par notre vote, nous avons l'avantage de pouvoir donner à la cause un homme plein-temps, payé par la province, c'est cet homme-là que nous allons lui donner.

Dans le choix d'un candidat créditiste, il ne s'a­git ni de récompenser un homme, ni de favoriser un ami, ni de se ménager un protecteur d'intérêts individuels, ni même de mettre en avant un hom­me de prestige afin d'obtenir plus de votes. Le Crédit Social méprise les votes qui seraient gagnés par le prestige au lieu de l'être par la conviction.

— Mais si vous ne mettez sur les rangs ni gros portefeuilles, ni grands noms, ni hommes de popu­larité, pour entraîner la masse non instruite, vous risquez gros de perdre l'élection.

— Si nous perdons l'élection à cause de cela, ce­la voudra dire que les créditistes convaincus et dé­cidés n'étaient pas assez nombreux. Et c'est pres­que tant mieux de perdre une élection dans un comté où le candidat ne représentait pas réelle­ment l'électorat. Nous sommes pour la démocratie, et non pour le pouvoir.

C'est pour cela que nous sommes bien plus pré­occupés de gagner les électeurs à la cause que de leur pousser des candidats.

*    *    *    *

D'ailleurs, quel que soit le résultat de l'élection au point de vue vote, le Crédit Social aura encore avancé, parce que, même dans une campagne élec­torale, nous instruisons, nous unissons, nous orga­nisons.

Nous ne connaissons pas la machine électorale de l'adversaire, et nous ne nous soucions nulle­ment d'en monter une semblable. Nos méthodes sont différentes. C'est une organisation politique permanente que nous montons, pour servir à l'é­lection en temps d'élections, pour faire la politique de pression éclairée en tout temps.

Lorsque le peuple aura assez des machines élec­torales de partis et préférera sa propre organisa­tion, une Union des Électeurs, alors les machines électorales auront vécu. L'éducation que nous fai­sons va dans ce sens. Elle continuera. Le Crédit So­cial est trop beau pour le lier à des moyens im­purs. Mieux vaut l'insuccès que la trahison.

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