La même parole semble être dite à tous les Pierres de la terre.
Notre Pierre Bouchard, candidat de Chicoutimi, l'a sans doute entendue un jour.
Des filets, il en a notre Pierre du Crédit Social. Il a une nombreuse famille, 14 enfants. Il a un emploi à l'Aluminium. Ce ne sont pas précisément des ailes, c'est bien plutôt des filets que les "shifts" d'Arvida.
Pierre avait laissé une partie de ses filets depuis quelque temps. Il faisait du Crédit Social tant qu'il pouvait en dehors de ses heures de travail.
Aujourd'hui, Pierre a tout quitté. Lorsqu'il a demandé son congé à l'Aluminum Company, on le lui a accordé, en lui disant qu'il pouvait bien ne pas retrouver son emploi lorsqu'il reviendrait s'il était battu aux élections.
Mais Pierre n'a pas hésité. Il a eu confiance. Il a répondu à sa vocation.
Il sait ce que c'est, Pierre, que le chômage. Pendant la crise, il a nourri ( ?) ses 14 enfants avec $6.50 par semaine de secours direct.
Pour Pierre, le Crédit Social fut la seule lueur de soleil dans son ciel chargé de nuages. Il commençait à perdre la foi en Dieu, à force de ne pas comprendre. Mais, lorsqu'il apprit que les financiers étaient les seuls responsables de sa misère, il retrouva son courage, et se mit à travailler pour chasser les voleurs.
Et il va de l'avant maintenant, tête baissée dans les risques, malgré le poids très lourd de ses responsabilités.
Il y a deux ans, Pierre se fit enlever son grand garçon qui commençait à lui aider financièrement. Victime d'un accident. Au lieu d'être dédommagé, Pierre fut obligé de payer mille dollars à ceux qui pourtant n'étaient pas lésés. Comme dans le système actuel, ce fut la victime qui paya tout.
Mille dollars de dette pour notre pauvre Pierre. Mais, Pierre n'est plus capable de désespérer maintenant. Il est créditiste. Et, comme l'horizon de tous les prédestinés, si ténébreux soit le ciel sous lequel ils vivent, l'horizon du créditiste est clair comme un soleil.
Et voici que Pierre a accepté de se mettre en avant pour aller sauver ses compatriotes.
La femme de Pierre est avec lui pleine de courage, comme d'habitude. Du courage, on dirait qu'elle en est pétrie, la femme de Pierre. Son visage rayonne comme un visage de sainte.
Pierre, elle est impérieuse ta vocation. Elle est plus forte que tout pour toi. Va, sans crainte, des vocations comme la tienne ne peuvent pas nous tromper.
Va toujours sans regarder en arrière. Aie confiance, tu as tant de petits enfants pour prier le Ciel pour toi.
Le tonnerre, c'est Réal Caouette.
Rien n'impressionne Réal, ni le prestige ni les titres ni les parchemins. À Rouyn, il a eu souvent l'occasion de mettre à leur place tous les huppés de la vie publique. Réal tonnait contre eux à pleins poumons.
Les embourgeoisés n'aiment pas cela ; évidemment. Ils se plaignent que Réal ne garde pas la mesure. Mais allez donc demander de la mesure au tonnerre ! Et si le tonnerre est au service des pauvres contre les repus, des faibles contre les dictateurs, est-il bien urgent d'atténuer ses éclats ? Que les adversaires cessent donc de provoquer la foudre !
Il n'y a rien que Réal aime autant que sa liberté. Rien ne peut l'empêcher un jour de faire du Crédit Social en dehors de son ouvrage. Réal a tout simplement dit adieu à St-Onge pour garder sa liberté.
Il n'y a rien que Réal aime autant que sa liberté. Pour elle, il a fait bien des sacrifices. Ce qui est une garantie qu'il en fera encore. Garantie indispensable pour un candidat créditiste.
Il est aujourd'hui le candidat de l'Union créditiste des Électeurs pour le comté de l'Abitibi-ouest.
Avec ses confrères créditistes du parlement, il ira mettre sa verve au service de ses compatriotes.
G. C.
C'est Edmond Major, le candidat du Lac St-Jean, qui est l'indéfectible des indéfectibles.
Sa stature physique, sa voix très grave, sa fidélité au Crédit Social sont indéfectibles.
Edmond est venu au Crédit Social par un petit Cahier que sa mère lui donna. Sa mère tenait ce Cahier d'un voyageur de commerce qui venait de l'Ontario.
Ensuite, Edmond mit la main sur le journal VERS DEMAIN, dans un bureau de la police provinciale, où il était sténographe.
Sans tarder, il se rendit au bureau du journal VERS DEMAIN, alors à 1657 blvd St-Joseph, Montréal, et demanda s'il pouvait avoir monsieur Even pour aller faire une conférence à ses amis, chez lui.
Ce soir-là, Edmond se jeta tête baissée dans le Mouvement. Il habitait Montréal. C'est donc Montréal qui la première bénéficia des activités créditistes de notre héros.
Le groupe de conférenciers de 1941 était conduit par Edmond. Ils se répandirent sur toute la région environnante de la métropole, avec de très bons résultats.
En 1942, monsieur Major commença à donner tout son temps à la cause. Alors, monsieur Even lui demanda d'aller s'établir à Drummondville avec sa famille pour y grouper les créditistes et les remettre en action.
Sans hésiter, le tenace prit sa femme et ses trois petites filles, dont deux jumelles, tout son ménage, et s'expatria.
Un soir, madame Major, découragée des décisions de son mari, nous disait qu'elle ne savait plus quoi penser de la vie. Elle ne se sentait plus capable que de résignation. C'était trois jours avant le déménagement. Elle était enceinte.
Elle eut deux autres enfants depuis, à Drummondville.
Notre Edmond remit sur pied l'équipe de Drummondville. Ils sont parmi nos meilleurs Voltigeurs.
Lorsque monsieur Even décida, en mai 1943, d'accepter la prison pour protester contre l'injustice qu'on lui faisait, c'est Edmond qui collecta de l'argent autour de lui, prit le train pour Québec, rencontra le ministre St-Laurent, alla à Ottawa, groupa les députés créditistes de la Chambre, et organisa toute la protestation, de sa propre initiative. Il ne pouvait pas souffrir de voir monsieur Even en prison.
Edmond prit une première expérience d'élections, au mois de janvier dernier, lorsqu'il organisa, les créditistes de Drummondville pour les candidatures municipales.
Il monta au Lac St-Jean trois semaines avant le congrès du 1er juillet dernier, pour y organiser les créditistes afin de les amener au congrès. Le Lac St-Jean créditiste était alors endormi. En trois semaines, il le remit sur pied.
Les créditistes ne peuvent faire autrement que de reconnaître la valeur d'Edmond. Voilà pourquoi le Lac St-Jean s'en est emparé et l'a demandé pour le représenter à la Législature.
Monsieur Major a commencé un grand travail de publicité dans la province et dans le reste du Canada, autour de tous les journaux. Nous escomptons beaucoup de cette section de notre mouvement. Monsieur Major reviendra à ce travail, après les élections.
Les sacrifices qu'Edmond a faits pour le Crédit Social, personne ne les connaît tous. Lui-même ne les a pas compilés. Un jour, il demandait à sa femme si elle voulait qu'il entreprenne encore telle chose difficile qui engageait toute la famille. Elle répondit qu'elle était résolue à le suivre partout.
C'est ainsi, tout simplement, sans emphases, et sans le dire, qu'Edmond Major et. sa femme remplissent leur vocation de héros.
G. C.
Laurent Legault était un chic petit monsieur, gagnant un salaire de $60.00 par semaine, à part les très gros pourboires, et se préparant à épouser bientôt une très douce et très bonne jeune fille.
Un missionnaire du Crédit Social passa chez lui. Le missionnaire donna des ordres à Laurent : "Au lieu d'aller voir votre très douce, Laurent, ce soir, vous allez venir faire de l'ouvrage avec nous." Et Laurent alla faire de l'ouvrage.
Le missionnaire retournait régulièrement voir Laurent. Et, à chaque visite, il confirmait son ami en grâce. Son ami était toujours fidèle à la grâce, mais avec beaucoup de prudence. Laurent était attaché, voyez-vous, par l'argent et par l'amour.
Un jour, le missionnaire demanda à Laurent de se faire tout bonnement comme lui, missionnaire du Crédit Social.
Laurent ne répondit pas. Il n'était pas décidé.
Mais le missionnaire connaissait la générosité foncière de son ami, et ne désespérait pas.
Six mois après, au printemps de 1943, alors que monsieur Even était en prison, notre Laurent prit ses malles, dit au revoir à sa chère, à sa belle maison et à tout son confort, quitta Cadillac, et s'en vint dans le Sud. Il avait demandé d'aller loin de chez lui pour tout oublier.
On l'envoya à Plessisville. Il y prit la rougeole. Il s'en revint à Montréal pour se faire soigner. Première épreuve après tous ses sacrifices.
Revenu mieux, Laurent reprit ses courses à travers toute la Province. Il en a fait le tour.
Tous les créditistes l'aiment. Lui aussi les aime. Il sait leur donner de la lumière, du travail et de la joie.
Partout où Laurent passe, demeure une organisation bien en vie.
Il n'est dans la Beauce que depuis trois mois, et a su y allumer un feu dévorant pour le Crédit Social, depuis le sud au nord, depuis l'est à l'ouest. Après les élections, il débordera dans tous les alentours.
Ce qui caractérise Laurent, c'est son application à son travail. Il va très vite vers la perfection, parce qu'il analyse tous ses actes et leurs conséquences.
Il ne perd jamais la tête, en présence de plusieurs personnes. Toujours, il pense à son objectif, et y ramène tout le monde.
C'est un organisateur hors ligne. Et après le 8 août, il sera le député hors ligne du magnifique comté de Beauce.
Mais, jamais Laurent ne sera vaniteux. Tout ce qu'il fait de bon, il en rend hommage à la sainte Vierge Marie, en qui il a mis toute sa confiance.
G. C.
Le 29 juin, à la Chambre des Communes, M. John Blackmore, député créditiste, a sonné l'alerte. À moins, dit-il, que le gouvernement ne change radicalement sa conception de la finance, le monde s'en va à l'esclavage économique.
M. Blackmore énumère les sept facteurs qui motivent son jugement :
1. Les dettes dans lesquelles toutes les nations civilisées se plongent ;
2. Les impôts qui écrasent le peuple et le maintiennent dans l'esclavage économique ;
3. La bureaucratie, qui fonctionne à plein pouvoir, sans égard au droit des gens et à leur liberté ;
4. L'abondance universelle qui écrase parce que la distribution n'est pas appropriée ;
5. La faillite du système de distribution, qui ne sait pas alimenter le monde avec un surplus entre les mains ;
6. La politique qui cherche à tromper le monde et à le maintenir dans un état d'esclavage profitable pour le petit groupe ;
7. Au-dessus de tout, la finance internationale qui possède son organisme mondial pour maintenir l'esclavage économique sur l'univers.
Il faut, conclut M. Blackmore, réformer le capitalisme, réformer la politique, la finance, pour donner à l'homme dans la rue la même liberté qu'aux grands, en lui assurant la puissance de consommation appropriée à ses besoins.
(Le Soleil, 30 juin)