Les propositions du Crédit Social sont les seules propositions qui ouvrent des horizons vraiment nouveaux et qui donnent aux hommes la chance de poser des actes libres en économique et en politique.
Parcourez toute la gamme des plans, projets et programmes exposés par les divers partis politiques ces jours-ci, et voyez si tous n'ont pas un facteur commun : penser et décider à la place des citoyens.
Conservateurs, Libéraux, C.C.F., Bloquistes, Indépendants, se font certainement la lutte dans l'arène électorale, parce que chaque groupe veut obtenir les sièges parlementaires, et il n'y a pas de sièges pour tout le monde. Mais ils n'ont rien de sensiblement différents entre eux.
Tous font des plans pour mener ; aucun n'offre aux électeurs le moyen de signifier eux-mêmes les objectifs politiques.
Tous mettent leur idéal dans l'embauchage intégral et font consister leur expertise à combattre les loisirs qui résultent logiquement du progrès. Selon tous les partis, on ne peut avoir la prospérité que si les citoyens sont bien attelés. Est-ce que ce n'est pas cela qu'on a dans la prospère Russie de Staline ?
Tous parlent de s'emparer des marchés étrangers pour y envoyer les produits canadiens : exporter beaucoup et importer le moins possible. C'est à croire que le bacon, les œufs, le beurre, le fromage, les pommes, qui s'en vont sur les tables d'Angleterre ou d'Amérique du Sud mettent la prospérité dans nos maisons du Canada. Nos familles se portent mieux quand ce sont les étrangers qui consomment nos produits et qu'on refuse les leurs en échange ! Ainsi pensent les cerveaux directeurs de tous les partis politiques, des nouveaux comme des anciens.
Tous disent aux électeurs : On fera ceci, on fera cela. Aucun d'eux cependant, n'est capable de réaliser le plus petit point de son programme sans commencer par mettre les deux mains dans les poches des contribuables. C'est la chose qu'ils ne disent pas, mais c'est la première qu'ils pratiquent une fois au gouvernail.
Les différences entre les partis ne sont qu'apparentes, parce que tous se laissent conduire par un système financier qui mène droit au socialisme d'État, au trust de l'État sous prétexte de sup primer les trusts industriels.
Les communistes demandent la communisation de la propriété. Les C.C.F. demandent la socialisation des moyens de production. Les Bloquistes demandent la nationalisation de grosses industries. Ce n'est qu'affaire de degré. Pendant ce temps-là, les conservateurs et les libéraux, qui se sont succédé au pouvoir, n'ont attendu ni les C.C.F. pour commencer la main-mise de l'État, ni les communistes pour présider à la désintégration de la propriété privée.
Comptez les fermes, les industries, les commerces, sortis des mains de leurs propriétaires, contre le gré de ces propriétaires, sous le régime conservateur et sous le régime libéral, depuis 1930.
Et comptez les commissions du gouvernement et les multiples mesures établies pour cataloguer et enrégimenter les citoyens, pour surveiller leurs revenus, sauter sur les enveloppes de paye avant qu'elles arrivent aux mains de ceux qui les ont gagnées, encourager la délation et le mouchardage, et mettre en honneur chez nous les manières des pays totalitaires.
Tous les partis, sciemment ou inconsciemment, vont au même but : l'étatisme, la centralisation, le camisolement de la vie des individus, la diminution graduelle de la liberté personnelle. La seule différence, c'est que les Conservateurs prétendent ne marcher qu'à pied dans cette voie, tandis que les Libéraux y vont dans un attelage à quatre chevaux ; les C.C.F., eux, veulent prendre un auto, et les communistes réclament la vitesse de l'avion !
Le Crédit Social est la seule doctrine économique et politique qui replace la personne sur son piédestal et respecte sa liberté.
C'est pour cela que, dans la présente élection, les Candidats des Électeurs, qui veulent un gouvernement pour les citoyens, et non des citoyens pour le gouvernement, sont tous des apôtres du Crédit Social.
Seul, le Crédit Social offre un moyen de développer le pays sans l'endetter aux puissances d'argent.
Seul, le Crédit Social peut faire tous les citoyens, tous et chacun, bénéficier de chaque progrès dans les capacités productives du pays.
Seul, le Crédit Social finance le marché domestique et assure l'entrée des produits canadiens dans les familles du Canada, avant de leur chercher de la place dans les pays étrangers.
Seul, le Crédit Social fait le commerce international consister en un échange équivalent des surplus réels du pays contre les surplus réels des autres pays : les surplus ne commencent qu'après la satisfaction des besoins domestiques.
Seul, le Crédit Social peut supprimer les causes de frictions entre patrons et ouvriers, qui aboutissent aux grèves dont patrons, ouvriers et familles souffrent inutilement.
Seul, le Crédit Social peut supprimer les guerres économiques entre nations, qui aboutissent à la guerre à coups de canons.
Seul, le Crédit Social peut mettre dans les maisons l'abondance produite par les machines qui remplacent les bras humains.
Seul, le Crédit Social peut faire de la machine une source de loisirs payés pour les hommes, au lieu d'une source de chômage appauvrissant.
Seul, le Crédit Social augmentera le revenu de la famille, proportionnellement au nombre de ses membres, sans considération d'âge, du berceau à la tombe, et sans commencer par prendre ces augmentations dans la poche des autres.
Seul, le Crédit Social a le moyen d'améliorer les services publics et sociaux, tout en diminuant le fardeau des taxes.
Pourquoi le Crédit Social peut-il faire tout cela ?
Simplement, parce qu'il considère les possibilités réelles du pays, au lieu de s'arrêter seulement aux moyens financiers que les dictateurs de l'argent veulent bien concéder au pays.
Le Crédit Social regarde les fermes et leur rendement, les usines et leurs produits, les hommes et leurs bras, les laboratoires et leurs découvertes, les machines et leur production, la société et son organisation. Et il dit : Voilà le pays. Le pays, c'est cela, tout cela, et c'est l'abondance. Le pays donne tout cela, et il y a des choses pour tout le monde, sans diminuer la part de personne.
Quant à la finance pour écouler ces choses, pour faire passer l'abondance des usines aux magasins, des magasins aux maisons, le Crédit Social refuse carrément la formule du compte-gouttes, inventée et contrôlée par les maîtres actuels de l'argent.
Pour le Crédit Social, il n'y a pas de problème d'argent.
Le Crédit Social méprise, déteste et fera sauter sans cérémonie la dictature injustifiable de l'argent. Il fera disparaître du Canada l'affamation barbare des Canadiens en face de l'abondance canadienne.
Le Crédit Social décrète l'argent au pas de la production. Puisque la production abonde, l'argent pour l'acheter doit abonder. Et puisque c'est pour les familles que doit exister cette production abondante, c'est dans les familles que l'argent doit être abondant pour l'acheter.
Après tout, l'argent est plus facile à faire que les produits. Pourquoi alors permettre idiotement que l'absence d'argent immobilise les produits ?
Si la production est multipliée par deux ou par trois, le Crédit Social multiplie l'argent par deux ou par trois. Voilà qui n'est ni inflation ni déflation, ni folie ni crise.
Puis, sous un régime créditiste, tout argent nouveau est ajouté dans les poches des citoyens, directement, comme cadeau, au lieu d'être inscrit comme dette dans les livres des faiseurs actuels de l'argent.
Tout progrès, toute augmentation de production doit faire augmenter l'argent. Et cette augmentation, fruit du progrès, doit se faire par des dividendes aux citoyens du pays, et non pas par des dettes sur le dos du pays.
Aucun autre groupe politique que le Crédit Social n'a jamais rien offert de tel. Tous veulent mouler les hommes, au lieu de mouler l'argent. Les partis politiques méprisent les hommes et respectent l'argent.
Les partis politiques sont forts en plans et en projets pour faire marcher les hommes. Aucun n'a de plan ou de projet pour faire obéir l'argent.
Avant la guerre, les politiciens de partis laissaient les hommes périr en face de produits surabondants, plutôt que de donner des ordres aux faiseurs de l'argent.
Pendant la guerre, ils embauchent les hommes à fabriquer des bombes et des canons ; et plus les hommes fabriquent de ces choses, plus les gouvernements signent de dettes astronomiques et perpétuelles envers les faiseurs de l'argent.
Et pour demain, pour l'après-guerre, ils n'ont rien encore à commander aux faiseurs de l'argent. La sécurité sociale des partis politiques consiste bêtement à prendre dans la poche de Pierre pour mettre dans la main de Paul. Et encore, il sort plus de la poche de Pierre qu'il n'entre dans la main de Paul, parce qu'il faut en garder entre les deux, pour payer la bureaucratie et pour récompenser les dictateurs qui confisquent le progrès et endettent le pays.
Le Crédit Social, lui, donne à tout le monde sans rien enlever à personne.
Cela peut paraître étrange à ceux qui n'ont pas vu l'abondance qui se perd ou qu'on détruit.
Si, durant la crise, au lieu de jeter le lait aux égouts, les oranges à la rivière, le café à la mer ; si, au lieu de détruire les vignes, le coton, les animaux ; si, au lieu de payer pour arrêter la production, on avait donné un dividende à tous les citoyens pour augmenter leur pouvoir d'achat, à qui aurait-on enlevé le lait, les oranges, le café, le raisin, le coton, la viande et les autres produits ? À personne. Ceux qui jetaient les produits auraient été bien plus contents de les vendre. Et les familles qui auraient reçu ces produits n'auraient privé personne. Ce sont les égouts, la rivière et la mer qu'on aurait privé de choses qui ne leur profitaient pas.
Voilà comment on pouvait donner à tous sans enlever à personne.
Au lieu de laisser hommes et jeunes gens se désespérer dans le chômage et ruiner dans la misère leurs forces physiques et morales, si l'on avait donné un dividende à tout le monde pour acheter le travail et le fruit du travail, on aurait donné quelque chose de plus à tous et on n'aurait rien enlevé à personne. L'homme qui produit au lieu de chômer n'enlève rien à personne. C'est le travail immobilisé, les produits supprimés par manque d'argent, qui ont enlevé quelque chose, beaucoup de choses à bien du monde, sans rien donner à personne.
* * *
Voilà ce que les créditistes savent, et ce qu'ils proclament. Voilà ce que les partis politiques ignorent ou n'osent proclamer.
Les électeurs qui voient les deux camps en présence ne peuvent hésiter une minute. La logique en économique, comme le service en politique, est du côté des candidats créditistes, des candidats des électeurs.