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L'Union des Électeurs et l'I.A.P.

le vendredi, 15 novembre 1946. Dans La vie créditiste

Un moyen, non une fin

L'Union des Électeurs n'est pas une fin en soi, mais simplement un moyen pour atteindre un but.

Le but, c'est de mettre la politique au service des citoyens ; et, par la politique, de corriger cer­tains vices majeurs qui empêchent la production d'être au service des consommateurs.

L'assainissement politique et économique, le bien commun, est donc la fin ; l'Union des Électeurs est le moyen politique pour y arriver.

Il serait par conséquent oiseux de s'appliquer à établir une Union des Électeurs, puis de la laisser sommeiller et rouiller.

Lorsqu'un groupe est fondé dans une paroisse, dans un comté, dans une province, l'œuvre n'est pas terminée. Il reste à le faire fonctionner. Il reste à se servir du moyen pour arriver à la fin. Et si le moyen s'avère trop faible, il reste à le fortifier pour le rendre plus efficace. Il se fortifie à la fois par la croissance et par le fonctionnement. C'est un or­ganisme : l'exercice lui fait du bien.

C'est pourquoi, si nous insistons sur la multipli­cation et le développement de groupes locaux, ré­gionaux et provinciaux de l'Union des Électeurs, nous insistons également sur leur utilisation, sur leur mise en fonctionnement.

Une force potentiellement prodigieuse

En bâtissant l'Union des Électeurs, on édifie une force politique de puissance incomparable. Peu s'en rendent compte encore, parce que c'est du nouveau, parce qu'on n'a encore jamais vu tout un peuple uni et organisé pour exiger l'accomplis­sement de désirs qui sont dans tous les esprits et dans tous les cœurs.

L'Union des Électeurs de la province de Québec, bien que la première et la plus grosse au monde, est encore bien plus près de sa naissance que de sa maturité.

Mais il est facile de concevoir que, dans une municipalité où la grosse majorité des citoyens se­raient continuellement en éveil sur les faits de leur administration municipale, et où ils feraient ou­vertement corps pour demander telle ou telle cho­se possible, d'ordre municipal, pas un conseil mu­nicipal ne pourrait résister, où il se sentirait con­damné à la disparition ; il devrait se résigner à fai­re place à un autre à la première occasion.

Qu'on étende cette perspective à toute une pro­vince ; que la majorité des électeurs y soient ainsi unis, organisés, alertes et prompts à exprimer avec ensemble et cohérence leur volonté commune, et qu'on nous dise quel parlement, quel gouverne­ment pourra ignorer cette force impunément. De même dans l'ordre fédéral.

Le contrôle des représentants

Le député se sent dépendant de deux forces : la force de la finance qui permet ses dépenses d'élec­tion ; la force du vote sans lequel il ne peut obtenir ou garder son siège. Lorsque la première force suffit à entraîner la dernière, c'est la première qui le guide surtout dans ses décisions. Lorsque la se­conde fait fi de la première, le député devient né­cessairement plus attentif à ses électeurs qu'aux bailleurs de fonds électoraux. Lorsque les deux, l'argent et le vote, viennent des mêmes hommes, comme dans le cas de l'élection de M. Caouette, le député est 100 pour cent l'homme de ses élec­teurs.

L'élection de Pontiac a démontré que les mêmes hommes qui votent sont aussi capables de financer la campagne de leur candidat. Et ces dépenses sont alors dix fois, vingt fois, trente fois moins éle­vées que si le candidat tire des gros intérêts l'ar­gent nécessaire pour influencer un électorat sensi­ble aux courants organisés à coups d'argent.

La corruption, directe ou indirecte, par l'argent, disparaîtra dans la mesure où une Union d'élec­teurs renseignés fera échec à cette corruption.

Les chances qui nous restent

Malgré la dictature d'argent, malgré la tyran­nie du patronage politique qui peut garnir ou dé­garnir des tables à son gré, il reste encore heureu­sement, dans nos pays officiellement démocrati­ques, le droit de parler, d'écrire, de s'assembler, de s'associer.

Si nous vivions en Russie, il nous faudrait pro­céder dans l'ombre, développer secrètement un maquis puissant, avant de songer à libérer les ci­toyens, à briser la tyrannie. Dieu merci, nous som­mes en Canada, où l'on peut procéder ouverte­ment. Profitons-en. Malgré des obstacles mineurs, montons une grosse Union des Électeurs, pour casser le réseau dictatorial qui nous enserre de plus en plus près en économique et en politique. Allons vite avant qu'il soit trop tard.

Une force à guider

L'Union des Électeurs, encore jeune, est donc une force en devenir. La plus formidable, potentiellement, que le monde démocratique ait connue.

Mais, parce que c'est une force formidable, il faut que cette force reste toujours employée à bon escient. Il serait désastreux de la voir un jour servir contre l'ordre, à la promotion de l'anarchie.

Ce ne serait plus alors qu'une prévarication d'Union d'électeurs. Intrinsèquement, on ne voit pas comment des électeurs chercheraient, collecti­vement, des choses qui seraient au détriment de chacun d'eux. Mais l'histoire nous apprend que ces prévarications arrivent, que l'esprit du mal peut s'emparer d'institutions bonnes en soi, et les utiliser dans un sens tout à fait contraire à l'idéal qui avait présidé à leur naissance. Un exemple classique est celui de l'Ordre des Templiers, deve­nu l'instrument de la maçonnerie et de la juiverie cabalistique. Il y en a d'autres.

L'Union des Électeurs, appelée à devenir une grande force, ne devra jamais être une force aveu­gle.

C'est pourquoi, non seulement ses membres sont requis de se renseigner avant même que de s'orga­niser, mais l'Institut d'Action Politique garde aus­si la mission de guider l'Union des Électeurs après l'avoir établie.

L'Institut d'Action Politique

L'Institut d'Action Politique est, par essence, un organisme éducationnel et directeur.

L'Institut n'est pas une masse quelconque, c'est une sélection d'hommes et de femmes qui répon­dent à certaines qualifications. Pour son recrute­ment, l'Institut fait appel à tous ceux et celles qui se sentent de la conviction et du cœur. Condition : être prêt à faire du travail bénévole pour le mouvement, selon les directives reçues des officiers responsables.

Une fois entrés dans le groupe des actifs qui composent l'Institut, ces hommes sont en contact avec d'autres plus entraînés et avec les directeurs. Ils lisent le journal plus attentivement, parce qu'ils doivent y trouver des approvisionnements intellectuels pour aller argumenter les électeurs. Ils se forment ainsi l'esprit.

Ils se forment aussi le cœur, s'habituent a sacrifices, au dévouement, à l'abnégation. Ils rencontrent aussi bien des occasions de se former une précieuse humilité qui n'enlève rien à l'esprit conquérant.

À mesure qu'ils se perfectionnent, s'ils persévèrent, ils reçoivent dans l'Institut des fonctions de responsabilité, où ils développent encore davantage leur personnalité.

C'est ainsi que, peu à peu, ceux qui ont répondu volontairement à un premier appel, et qui ont eu le courage de tenir, prennent un esprit qui est l'esprit de l'Institut d'Action Politique. Leurs objectifs sont purs, et comme ce n'est pas eux-mêmes mais l'ordre et le bien commun qu'ils recherchent ils sont tout marqués pour unir et guider les électeurs dans la politique.

C'est grâce à l'existence de cet Institut d'Action Politique qu'on peut espérer voir la grosse force d'une Union d'Électeurs demeurer au service l'ordre.

Sans doute que les membres de l'Institut sont eux aussi des hommes faillibles, qu'eux aussi sont susceptibles d'errer ou de suivre des pistes mauvaises. Mais ils ont eux-mêmes un guide, le journal Vers Demain. Et le journal Vers Demain n'est pas publié en cachette ; il ne circule pas en sous-main. N'importe quel moraliste ou quel chargé d'âmes peut en prendre connaissance. Vu l'esprit combatif de Vers Demain, vu son audacité à dénoncer des politiciens de prestige et des influences puissantes, on peut être sûr que la moindre déviation, la moindre atteinte aux principes qu'il se permettrait, serait vertement réprimandée. N'est-ce pas là une sorte de sauvegarde pour l'organe doctrinal de l'Institut d'Action Politique et de l'Union des Électeurs ?

Tout cela nous enlève les craintes et nous communique de l'entrain pour monter au plus vite la formidable force de l'Union des Électeurs.

* * *

Membres de l'Institut d'Action Politique, parce que vous avez avec vous la lumière et parce que vous voulez le bien, lancez-vous hardiment. Et établissez partout l'Union des Électeurs. Mais ne l'abandonnez pas une fois fondée. Ne l'abandonnez pas, pour qu'elle ne meure pas de langueur. Et ne l'abandonnez pas, pour qu'elle ne tombe pas entre les mains d'esprits pervers, d'éléments révolutionnaires ou de politiciens rusés.

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