Notre Institut d'Action Politique (I.A.P.) est plus vigoureux que jamais.
Bien que nous n'en parlions pas dans tous les numéros de Vers Demain, nos lecteurs habituels savent ce que nous désignons sous ce titre d'Institut d'Action Politique.
L'Institut d'Action Politique est, comme son nom l'indique, un Institut, une organisation à base d'éducation, pour faire de l'action, de l'action politique, politique dans le véritable sens du mot, non pas dans le sens honni où l'ont abaissé les partis politiques.
C'est l'Institut d'Action Politique qui propage le journal Vers Demain, qui pousse l'abonnement et le réabonnement, qui fournit des conférenciers, qui éclaire le public et l'organise en Union des Électeurs pour exercer la politique de pression.
L'Institut d'Action Politique est un peu, pour l'Union des Électeurs, ce que, dans l'Église, le clergé est pour les fidèles.
L'Institut d'Action Politique fut conçu avant même le journal Vers Demain, comme fraternité politique pour remplacer la méthode des partis politiques. Mais il ne fut fondé qu'après le journal Vers Demain, pour la bonne raison que, pour avoir des membres actifs dans un Institut de cette sorte, il fallait d'abord les préparer et pouvoir leur mettre en main des moyens d'action.
Le journal remonte à novembre 1939, et le lancement de l'Institut remonte à juin 1940.
En 1941, grande année d'expansion du journal Vers Demain, l'Institut d'Action Politique eut ses membres ordinaires et il eut ses membres d'élite, ceux qu'on appela et qu'on a continué d'appeler, des Voltigeurs.
Le Voltigeur de 1941 et 1942 était le membre de l'Institut qui s'engageait à trouver un nouvel abonné à Vers Demain au moins tous les quinze jours : 24 dans une année. C'était le recrutement d'un abonné par Voltigeur avec chaque nouveau numéro du journal. Plusieurs allèrent plus vite que cela.
Depuis, les Voltigeurs — du moins ceux qui ont persévéré dans leur action, qui ont continué leur dévouement sans se fatiguer — se sont adaptés aux besoins de l'heure pour la poursuite de la cause. Au lieu de se décourager lorsqu'un moyen ne donnait plus de résultat, ils prenaient de nouveaux moyens avec ardeur.
Leur ténacité et la répétition de leurs actes de guerre en ont fait une armée d'élite dans l'Institut d'Action Politique.
Nos Voltigeurs persévérants ont porté vers des hauteurs nouvelles le titre de Voltigeur : ils ont fait signifier à cette fonction quelque chose de beaucoup plus avancé qu'il y a deux ans.
Il reste évidemment dans les rangs de l'Institut des débutants ; d'autres aussi qui, sans être des commençants, se sont arrêtés à un certain degré et n'ont pas emboîté le pas aussi vite que les militants de première ligne.
Par la force même des choses, par l'ascension constante de ses meilleurs membres, l'Institut d'Action Politique est arrivé à un développement où il est nécessaire d'introduire une nouvelle hiérarchie dans le groupe des travailleurs.
Le terme Voltigeur, consacré et ennobli par l'avancement de nos meilleurs hommes d'action, restera le terme désignant l'armée d'élite. Nous le réserverons à ceux qui font partie d'une équipe organisée, entraînée et prête à faire tout pour le succès de la cause.
Les équipes de Voltigeurs, comme des troupes d'assaut, foncent au signal.
Le Voltigeur 1944 est donc, désormais, le membre d'une équipe volante, qui reçoit et exécute des programmes réguliers, selon que le service de la cause le demande.
Ce degré d'avancement du Voltigeur 1944 ne doit pas exclure la possibilité d'action et de classement d'autres membres de l'Institut qui font, eux aussi, un travail bien efficace, quoique moins
régulier. Les cadres de l'Institut d'Action Politique doivent s'adapter à ce développement et permettre l'action à différents degrés.
Pour diverses raisons, il y aura toujours de bons créditistes qui ne peuvent se lier à une action en équipes, qui ne peuvent donner, par exemple, leur dimanche ou une partie importante de leur dimanche pour marcher avec l'équipe locale des Voltigeurs. Mais ces bons créditistes sont capables, sur leur ouvrage, ou dans leurs relations de famille ou de voisinage, de placer le mot qu'il faut, d'insister quand il faut, et d'amener l'un après l'autre plusieurs de leurs concitoyens à l'étude du Crédit Social, à l'abonnement à Vers Demain.
L'Institut d'Action Politique apprécie le travail de ces propagandistes personnels. Pour les distinguer à la fois de ceux qui ne font rien et de ceux qui forment l'armée régulière des Voltigeurs, nous les appellerons Défricheurs.
Défricheurs, ils le sont d'ailleurs, dans toute la force du terme, pourvu que leur action, toute personnelle et isolée qu'elle reste, soit une action tenace, constante. Tenace et constante comme le travail du défricheur du sol qui veut se tailler un patrimoine en forêt.
Ces Défricheurs de l'Institut d'Action Politique feront comme le défricheur du sol : ils abattront un arbre, puis un autre, puis un autre, ils amèneront à Vers Demain et au Crédit Social un homme, puis un autre, puis un autre encore, jusqu'à ce que soit bâti le régime qu'ils cherchent.
Les Défricheurs 1944 de l'Institut d'Action Politique sont donc un peu ce qu'étaient les Voltigeurs 1941-42 qui donnèrent une si belle expansion au mouvement dans la province. Ils vont même aller un peu plus loin dans l'intensité de leur action.
Le Défricheur 1944 s'engage à recruter un abonnement (ou réabonnement) à Vers Demain par semaine. Un par semaine, c'est au moins 25 dans six mois, c'est une grosse cinquantaine dans une année.
Nous avons déjà obtenu de ces engagements signés des Défricheurs 1944. La formule est très simple :
"Pour faire ma part dans la libération de la Nouvelle-France, je m'engage à prendre, chaque semaine, un abonnement ou réabonnement au journal Vers Demain."
Nous tenons la liste de ceux qui signent cet engagement, et nous suivrons avec intérêt leur travail de semaine en semaine.
Lorsque le Défricheur aura fourni ses premiers 25 abonnements, en six mois ou moins de six mois après sa signature, nous le proclamerons, s'il ne s'y oppose pas, et nous lui décernerons un ruban-insigne de Voltigeur avec mention de 25. Lorsqu'il aura fourni 50 abonnements, un nouvel insigne indiquera ce nouveau résultat, et de même pour 100.
Sans doute que, du milieu de ces Défricheurs, sortiront peu à peu des recrues pour grossir l'armée d'élite des Voltigeurs.
Les Voltigeurs fidèles, ceux dont l'état de service, de semaine en semaine, est devenu un garant de leur engagement à continuer, reçoivent eux aussi leur insigne spécial : l'insigne du Voltigeur — beau petit drapeau du Crédit Social, en plastique, avec vis, pour porter à la boutonnière, le temps qu'ils demeureront en fonction. Cet insigne de Voltigeur est une livrée ; il reste propriété de l'équipe, et le jour où le Voltigeur se relâche ou, pour une raison quelconque, cesse de faire partie de l'armée régulière, l'équipe lui redemande l'insigne. Autrement dit, cet insigne ne peut signifier qu'un Voltigeur en exercice.
L'Institut d'Action Politique n'est pas une société secrète, et tout le monde peut en connaître les méthodes aussi bien que l'objectif.
L'Institut ne met obstacle à l'avancement de personne. Bien au contraire. On n'y monte pas par un vote, mais par le déploiement d'activités. Les résultats font le signalement.
L'Institut accepte donc l'engagement, comme Défricheurs, de tous ceux et celles dont la droiture d'intention ne fait aucun doute.
Parfaite liberté aussi de renoncer à son engagement. Si le Défricheur, même après s'être engagé, se trouve incapable, par suite peut-être d'une situation changée, de tenir sa promesse ; ou s'il change d'idée, ou s'il cède à l'embourgeoisement, à l'attrait de la vie douce, personne n'ira troubler sa liberté.
Quant au Défricheur fidèle qui désire se classer parmi les Voltigeurs, il n'a qu'à entrer dans l'équipe locale reconnue. S'il n'y a pas d'équipe locale, qu'il en forme une et demande un programme à la direction. Lorsque l'équipe sera en marche et que le nouveau Voltigeur aura fait ses preuves, il recevra l'insigne comme les anciens.
La Direction donne des programmes réguliers aux équipes de Voltigeurs, selon que l'exige l'action concertée vers le succès de la cause. Et l'Institut se glorifie d'avoir ainsi monté peu à peu une armée d'élite, sur laquelle il peut compter en tout temps pour toute action définie.
Quant aux Défricheurs, nous ne pouvons évidemment que les laisser à leur initiative privée, puisqu'ils travaillent irrégulièrement, isolément, donnant à la cause le temps qu'ils veulent et aux heures qui leur conviennent.
Ce sont deux hiérarchies d'un même Institut, l'une et l'autre travaillant, à des degrés divers, au succès d'une même grande et belle cause.