S'il faut en croire M. Dionne, député fédéral de la Beauce, l'homme a été créé pour être mis sous le harnais, et le gouvernement pour tenir les gens bien occupés.
M. Dionne écrit une lettre à ses électeurs pour essayer de leur expliquer pourquoi, après avoir fait un beau discours contre le prêt à l'Angleterre, il a quand même voté pour ce prêt.
Dans sa lettre, cette phrase-bijou :
"Si nous voulons avoir la prospérité dans notre pays, il nous faut vendre tous nos produits agricoles afin de créer chez les cultivateurs un marché pour nos produits manufacturés et par ce fait donner du travail aux ouvriers. C'est le point capital qu'il ne faut pas perdre de vue."
Et pour que tout le monde soit ainsi bien occupé à travailler, rien de mieux que de prendre l'argent canadien, l'envoyer en Angleterre, afin que les Anglais achètent nos produits avec notre propre argent.
La guerre nous a rendus prospères, parce que nous faisions des bombes pour donner aux Allemands. La paix sera prospère si nous faisons du bacon et du fromage pour donner aux Anglais. Les Canadiens, zéro.
M. Dionne n'explique pas pourquoi les cultivateurs ne seraient pas aussi bien payés en vendant leurs produits au Canada. Faut-il que notre argent commence par aller en Angleterre pour être acceptable aux cultivateurs canadiens ?
L'économiste américain Seymour Harris, professeur à l'Université Harvard, dit que, d'ici un demi-siècle, à cause des progrès techniques, la semaine moyenne de l'ouvrier ne pourra être que de 20 heures ; et même, ajoute-t-il, chaque employé devra prendre 17 semaines de vacances par année.
Quelle terrible nouvelle pour les doctrinaires de l'embauchage intégral !
Aura-t-on autre chose que le salaire de 35 semaines de 20 heures pour vivre 52 semaines de 24 heures ?
Le progrès technique va bien finir par forcer les plus réfractaires à accepter l'idée d'un dividende à tout le monde.
Le conseil municipal de l'importante ville de Rouyn adoptait à l'unanimité, le 2 juin, une résolution pour demander l'abolition de l'impôt sur les premiers $3,000 de revenu. Le maire, M. Paul Cuddihy, soulignait que c'était le simple bon sens, et que les députés nous avaient ouvert la porte en se votant une exemption d'impôt sur leur augmentation de $2,000. "Les initiatives de l'Union des Électeurs ne sont plus ridiculisées comme autrefois", nous écrit M. Fernand Ippersiel, président de l'Union des Électeurs du comté de Rouyn-Noranda.