L'Association Créditiste reste l'organisme approprié pour financer l'expansion du mouvement créditiste.
Les associés s'aperçoivent bien en général, qu'il est de plus en plus difficile, avec les contingentements, les restrictions commerciales de toutes sortes, de profiter des avantages d'un escompte compensé de 2 ou 5 pour cent.
Mais, les associés véritablement créditistes s'attachent bien moins à ces avantages personnels qu'à l'objectif final : le Crédit Social. Et ils continuent de verser leur contribution régulière pour permettre de monter le mouvement à tel degré de force que les obstacles de toutes sortes s'évanouiront.
Si les abonnés se contentaient de leur abonnement de $1.00 par année, tout développement serait ralenti, et l'avènement d'un régime créditiste très retardé. Comment financer une expansion avec le seul dollar de l'abonnement, alors qu'aucun journal sans annonce ne peut vivre à un dollar par année ?
C'est aux recettes provenant de l'Association Créditiste que sont dus, au point de vue argent, les moyens d'action dont nous disposons aujourd'hui. Sans doute que ce sont les hommes qui constituent la principale force et la seule force véritable. Mais, pour aller chercher les hommes, il faut des moyens financiers sous le régime actuel. Et lorsqu'il faut travailler parfois sur des centaines d'hommes avant de frapper un véritable conducteur ; puis, lorsqu'il faut recommencer fréquemment, à cause des circonstances qui dispersent, éloignent ou immobilisent des travailleurs formés, sans égard aux plans les mieux définis, on comprend l'importance de n'avoir pas à se débattre avec une caisse vide.
On sait assez que le mouvement créditiste est trop indépendant des puissances d'argent pour compter sur les piastres des exploiteurs du peuple. C'est aux humbles, aux modestes, aux pauvres, à la multitude qu'il s'adresse, parce que c'est pour la multitude qu'il travaille.
Pour que le plus grand nombre possible de créditistes puisse contribuer à la finance du mouvement à titre d'associés, nous accepterons le versement des cinq dollars de l'associé (un pour son abonnement et quatre pour l'Association proprement dite) dollar par dollar.
Ceux qui pourront payer $5.00 à la fois continueront de le faire c'est moins de temps et de dépenses pour le bureau. Mais ceux qui ne peuvent pas verser $5.00 d'un coup peuvent verser $1.00 d'abord, et recommencer de temps en temps pour compléter le $5.00 régulier.
La bande d'adresse de l'abonné indiquera, en dernière ligne, le nombre de dollars reçus. Ainsi, Ferland renouvelle sont abonnement, portant son échéance à septembre 44, et donne en même temps un dollar pour l'Association. Comme il a donné $2.00 en tout, la dernière ligne de sa bande d'adresse sera :
$2.00 SEPT. 44
Si, un peu plus tard, il verse un autre dollar, on changera la dernière ligne, comme suit :
$3.00 SEPT. 44
Il peut évidemment se passer deux à trois semaines avant que le changement paraisse, comme d'ailleurs pour le service du premier abonnement, vu que le service se fait à dates fixes et seulement deux fois par mois.
Les abonnés peuvent très bien, s'ils veulent, dépasser le $5.00 dans une année. Il n'y a pas de plafond pour l'aide au mouvement.
Il en va de même pour les contributions aux émissions de la radio. Elles coûtent fort cher. Avec les dépenses connexes, c'est près de $200 par semaine, $800 par mois. Les donations pour la radio sont donc aussi bienvenues que sollicitées. Ce qui est fourni pour la radio est appliqué à la radio.
La bande d'adresse de l'abonné portera la somme totale fournie par l'abonné au cours de ses douze mois d'abonnement : qu'il s'agisse de son abonnement seulement ( $1.00) ou de contributions à l'Association Créditiste, ou de fonds pour la radio. Ainsi, un abonné en règle jusqu'à mars 1944 et qui aurait fourni, outre son abonnement, $4.00 à l'Association et $31.00 pour la radio, verrait sa bande d'adresse porter en dernière ligne :
$36.00 MARS 44
Cela lui servira de reçu. Ces modifications seront faites à mesure.
Toute personne convaincue de la valeur du Crédit Social et qui en veut réellement la réalisation voudra faire plus que le désirer. Le système nous arrache assez de dollars, tout en nous enchaînant de plus en plus, que, si nous sommes sincères dans nos convictions, nous trouverons tous le moyen d'employer quelques dollars par année pour nous libérer et libérer nos frères.
Le duel à Washington
Le conflit d'influence entre les collaborateurs immédiats du président Roosevelt nous semble fort bien analysé par Gorham Munson dans sa lettre hebdomadaire No. 143.
Les oppositions entre Ickes, Wallace et Perkins d'un côté, et Hull et Jones de l'autre, ne sont pas de simples aspirations à un pouvoir personnel. Ce sont des philosophies qui s'affrontent. C'est l'esprit d'un ordre nouveau, pas encore bien défini, contre l'esprit de l'ordre ancien, trop bien connu.
En politique, la république américaine se réclame de Jefferson, la grande figure qui incarne la démocratie.
En économique, l'Amérique s'est laissée aller dans la ligne de Hamliton, le protagoniste de la soumission du gouvernement à la banque en matière monétaire.
Et l'Hamiltonisme a conduit à l'aristocratie de l'argent, aux privilèges pour les hommes d'argent. En politique, l'Amérique est démocrate. En économique, l'Amérique est bancocrate.
La bancocratie, dictature de l'argent, conduit au fascisme ou au communisme, dictature politique pour empêcher les classes appauvries de se révolter.
Pour conserver la démocratie en politique, l'Amérique devra instituer la démocratie économique.
Ickes, Wallace et Perkins tiennent à la démocratie politique et évoluent vers une démocratie économique progressive. Ils ont une mentalité humaniste.
Hull et Jones tiennent à l'économie hamiltonienne, luttent pour elle et sont prêts à lui faire bien des concessions en politique. Ils ont la mentalité bancaire.
Les premiers ont les yeux sur les possibilités de production et n'entendent arrêter que faute d'hommes ou de matériel ; les seconds ont les yeux sur les chiffres dans les grands-livres et y voient des freins à appliquer.
C'est la guerre entre les démocrates et les bancocrates ; entre les hommes à expansion et les hommes à restrictions ; entre les amants de l'abondance et les rationneux ; entre les hommes de demain qui placent l'homme au-dessus de l'argent, et les hommes d'hier qui tiennent à la domination de l'argent, même s'il faut diminuer l'homme.
Ickes, Wallace et Perkins pensent et parlent souvent en hommes de demain. Hull et Jones restent totalement des hommes d'hier.
Quant au président Roosevelt, il n'aime pas, paraît-il, à éloigner de lui des amis qui lui ont rendu service. Et lorsque ces amis ne parviennent pas à s'entendre, comme récemment Wallace et Jones, le président les garde en office, mais leur enlève les fonctions sur lesquelles ils ne s'entendent pas et les confie à un troisième.
C'est une solution de politicien, ce n'est pas une solution d'homme d'Etat.