C'est de Maurice Lalonde, député fédéral de Labelle, qu'il s'agit.
Parlant à la Chambre des Communes le 22 mars, M. Lalonde dénonce la "clique nationaliste" qui, dans son comté comme ailleurs, s'oppose au prêt d'un milliard et quart à l'Angleterre aux conditions qu'on connaît. Il se plaint d'avoir reçu des résolutions de conseillers municipaux le sommant d'enregistrer son opposition. Ce qu'il ne fera pas.
M. Lalonde aime mieux Mackenzie King que ses électeurs.
* *
À la fin de son discours, M. Lalonde sert des suggestions à M. Low, chef parlementaire du groupe créditiste.
M. Low a parlé en faveur du prêt. M. Lalonde lui fait remarquer — ce que M. Low sait depuis longtemps — que les créditistes du Québec ne sont pas du même avis et qu'ils s'opposent au prêt.
M. Lalonde voudrait voir M. Low "souffler un mot à M. Even, pour qu'il y ait uniformité de doctrine dans tout le Canada."
"L'unité, dit-il à M. Low, est une condition indispensable à la survie d'un mouvement politique."
À quoi M. Low lui répond fort à propos : "L'autonomie en est une autre."
* * *
Voici donc que M. Lalonde s'intéresse à la survie de notre mouvement et met M. Low en garde contre ce qui pourrait le faire sombrer.
Merci. Mais inquiète-toi pas, Maurice.
Dans notre mouvement, il y a uniformité de doctrine, non seulement dans tout le Canada, mais dans le monde entier.
Cependant, l'accord parfait sur le Crédit Social n'entraîne nullement l'obligation d'être du même avis sur tout le reste. Nous laissons ce moulage avilissant aux partis politiques.
Les créditistes de huit provinces se réunirent à Toronto en avril 1944, fondèrent l'Association Créditiste du Canada et rédigèrent un programme commun. La déclaration de programme, très courte, se termine en stipulant que, pour tout le reste, chaque créditiste reste entièrement libre de ses opinions, privément et publiquement.
De plus, les organismes provinciaux, membres accrédités de l'Association Nationale, sont maîtres absolus de leur propre mode d'action politique.
La deuxième Convention Nationale, qui vient de se tenir à Régina, maintient cette autonomie et ce respect des personnes.
M. Lalonde, pétri dans un parti politique et tenu en laisse par les ficelles de la caisse électorale, peut ne rien comprendre à une telle liberté. Libre à lui, aussi longtemps qu'il le pourra, de se moquer des demandes de ses électeurs et de tenir l'encensoir devant l'autel de son chef. On pourrait sans doute reprendre, en les appropriant, les deux vers qui couraient du temps de Mercier et de son organisateur Pacaud:
Mackenzie King fait-il un pet,
Lalonde dit : Ça sent la rose.
Mais l'Union des Électeurs pousse dans le comté de Labelle. Attention, Maurice !