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Il est impossible de rembourser les dettes des pays puisque tout l'argent est créé par les banques sous forme de dette

Alain Pilote le mercredi, 01 décembre 1999. Dans Crédit Social

Dettes impayables

Aucun pays ne peut payer sa dette dans le système actuel, puisque tout argent est créé sous forme de dette : tout l'argent qui existe vient en circulation seulement lorsqu'il est prêté par les banques, à intérêt. Les banques créent de l'argent nouveau, de l'argent qui n'existait pas auparavant, chaque fois qu'elles accordent un prêt. Et pareillement, chaque fois qu'un prêt est remboursé, cette somme d'argent cesse d'exister, est retirée de la circulation.

Le défaut fondamental dans ce système est que lorsque les banques créent de l'argent nouveau sous forme de prêts, elles demandent aux emprunteurs de ramener à la banque plus d'argent que ce que la banque a créé. (Les banques créent le capital qu'elles prêtent, mais pas l'intérêt qu'elles exigent en retour.) Puisqu'il est impossible de rembourser de l'argent qui n'existe pas, la seule solution est d'emprunter de nouveau pour pouvoir payer cet intérêt, et d'accumuler ainsi des dettes impayables.

Certains diront que si on ne veut pas avoir de dettes, on n'a qu'à ne pas emprunter des banques. Mais si personne au pays n'empruntait d'argent des banques, il n'y aurait tout simplement pas d'argent en circulation dans le pays, puisque c'est la seule façon dont l'argent est créé !

Autrement dit, dans le système actuel, la seule manière de ne pas avoir de dette, c'est qu'il n'y ait pas du tout d'argent en circulation ! Est révélateur sur ce point l'échange qui eut lieu entre M. Wright Patman, Président du Comité de la Chambre des Représentants des États-Unis sur la Banque et le Numéraire, et M. Marriner Eccles, Président de la "Federal Reserve Board" (qui joue le rôle de banque centrale aux États-Unis), le 30 septembre 1941 :

Patman : "Croyez-vous que les gens devraient payer leurs dettes quand ils le peuvent, généralement ?"

Eccles : "Je pense que cela dépend en grande partie de l'individu ; mais, bien sûr, s'il n'y avait pas de dette dans notre système monétaire...

Patman : "C'est la question que je voulais vous demander."

Eccles : "Il n'y aurait plus du tout d'argent."

Patman : "Supposons que tout le monde paie ses dettes, il n'y aurait plus d'argent pour faire marcher les affaires ?"

Eccles : "C'est exact."

Patman : "En d'autres mots, notre système est basé entièrement sur la dette."

Il est primordial de bien comprendre ce point. Même s'il n'existait qu'un seul dollar en circulation dans le pays, ce dollar devrait d'abord être prêté par une banque afin d'exister. Supposons que la banque prête ce dollar à un taux d'intérêt de 6%. Alors, à la fin de l'année, il faut rembourser à la banque un dollar plus 6% d'intérêt, soit 6 cents. Le fait est qu'il n'existe qu'un dollar dans le pays, pas 1,06 $. Il est impossible de rembourser à la fois capital et intérêt, puisque l'intérêt n'a jamais été créé.

Certains emprunteurs, pris individuellement, peuvent réussir à rembourser à la banque leur prêt en entier, capital et intérêt, mais tous les emprunteurs, pris dans leur ensemble, ne le peuvent pas : il se fait, durant une année, des milliers d'emprunts, soit par les gouvernements, les compagnies, ou les individus. Si certains réussissent à rembourser 106 $ alors qu'ils n'ont reçu que 100 $, c'est qu'ils prennent le 6 $ qui manque sur l'argent mis en circulation par les emprunts des autres, ce qui rend d'autant plus difficile pour ces derniers de rembourser leurs propres emprunts. En fait, pour que le système continue et que l'économie ne s'écroule pas, il faut nécessairement que certains emprunteurs fassent faillite et que les dettes s'accumulent.

C'est dans cette perspective qu'il faut regarder la récente diminution de la dette du gouvernement canadien. Depuis deux ans, le gouvernement fédéral fait des surplus budgétaires au lieu de déficits, ce qui lui permet de réduire la dette fédérale de quelques milliards à chaque année. (Elle se situe présentement à 577 milliards $.) Cela est trompeur, car la réalité, c'est que la dette du gouvernement fédéral, ne représente que la pointe de l'iceberg : il y a aussi les dettes des provinces, des municipalités, des compagnies et des individus, pour en arriver à une dette totale quinze fois plus grosse que tout l'argent qui existe dans le pays ! Si le gouvernement canadien réussit à réduire sa dette, c'est tout simplement aux dépens des autres emprunteurs les provinces et les municipalités, dont les difficultés financières ne font que s'aggraver davantage.

C'est aussi sous cet angle qu'il faut considérer la déclaration du président des États-Unis, Bill Clinton qui, le 28 juin 1999, affirmait que la dette nationale américaine (plus de 5000 milliards $) sera complètement remboursée d'ici 2015, grâce aux surplus budgétaires des prochaines années ! La réalité, c'est qu'avec les dettes des États, municipalités, compagnies et individus, on en arrive à une dette totale de 13 000 milliard $. Rembourser la dette fédérale n'apportera pas la prospérité, mais ne fera que rendre l'argent plus rare aux États-Unis.

La plus grande trahison

Si vous pensez qu'un tel système est absurde, vous avez complètement raison ! Cette façon de créer l'argent sous forme de dette pour le pays est la chose la plus absurde qui puisse exister.

Le pire dans tout cela, c'est que les gouvernements s'obstinent à emprunter à intérêt des banques privées l'argent qu'ils pourraient créer eux-mêmes, sans intérêt, obligeant ainsi les citoyens à payer des intérêts sur une dette astronomique, alors qu'il ne devrait pas y avoir du tout de dette ! Le premier devoir de tout gouvernement souverain est de créer, d'émettre sa propre monnaie pour les besoins de sa population. L'abandon de cette fonction à des compagnies privées (banques à charte) est la plus grande trahison de l'histoire.

Ce n'est pas le banquier qui donne la valeur à l'argent qu'il a créé, mais la production du pays. Le banquier ne produit absolument rien, il ne fait que créer des chiffres qui permettent au pays de faire usage de sa propre capacité de production, de sa propre richesse. Le gouvernement peut donc très bien, au moyen de sa banque centrale, créer lui-même ces chiffres, sans passer par les banques, et sans s'endetter.

Les institutions comme le FMI (Fonds Monétaire International) et la Banque Mondiale prétendent venir en aide aux pays en difficultés financières avec leurs prêts, mais à cause des intérêts que ces pays doivent payer, ces prêts les appauvrissent encore davantage.

Par exemple, le 20 janvier 1998, le Dr. George Carey, Archevêque de Cantorbery et chef de l'église Anglicane, déclarait en Éthiopie que pour chaque dollar donné en aide aux pays du Tiers-Monde, trois dollars étaient demandés en intérêt.

En dix ans, de 1980 à 1990, les pays d'Amérique latine ont payé 418 milliards $ d'intérêt sur un emprunt original de 80 milliards $. Le capital a été remboursé cinq fois en intérêts, mais ils le doivent encore ! Ce n'est plus de l'aide, mais de l'usure, de l'escroquerie la plus éhontée ! Dans de tels cas, continuer de payer la dette est même criminel.

La situation n'est pas différente au Canada. Dans son rapport de novembre 1993, le vérificateur général du Canada disait que plus de 90% de la dette du pays était le résultat d'intérêts composés : sur une dette nette de $423 milliards accumulée par le gouvernement canadien de 1867 à 1992, seulement $37 milliards avaient été dépensés pour des biens et services, alors que le reste ( $386 milliards, ou 91% de la dette) consistait en frais d'intérêt, ce qu'il en avait coûté au gouvernement pour emprunter ce $37 milliards. (C'est comme si le gouvernement avait emprunté ce $37 milliards à un taux de 1043% !) En 1995, une étude du Dominion Bond Rating Service arrivait à la même conclusion : 93% de la dette fédérale est attribuable aux intérêts composés, et seulement 7% aux dépenses de l'État.

Le capital original emprunté représente moins de 10% de la dette. En d'autres mots, la dette du Canada a déjà été payée dix fois. Ne pensez-vous pas que cela est assez ? Seulement ce que le Canada paie en frais d'intérêt sur sa dette nationale en 1999, 42 milliards $, est même plus que suffisant pour rembourser le capital original emprunté ! La vraie justice, c'est de rembourser le capital qu'une seule fois, et non pas cinq ou dix fois à cause des intérêts !

Heureusement, de plus en plus de gens voient clair dans cette fraude des banquiers. Par exemple, M. Gilbert Vik, de Cathlamet, dans l'État de Washington, a écrit, il y a quelques années, cette lettre très intéressante :

« L'argent aux États-Unis est créé avec intérêt, sous forme de dette. Avant sa création, cet argent n'existe pas... Par ce simple jeu d'écriture, les créateurs de l'argent, ou "crédit", ou "dépôts" (en vérité une dette), peuvent, sans lever le petit doigt ni suer une seule goutte, siphonner les vraies richesses de notre pays qui sont créées par les efforts productifs des gens et la providence de la nature, et ainsi réduire les citoyens américains à l'état d'esclaves.

« Pour chaque personne dans notre pays, il existe 20 000 $ en argent. Cela paraît bien ! Mais il existe en même temps 64 000 $ de dette pour chaque personne ! Dépensez votre 20 000 $ pour payer la dette, et ce 20 000 $ cesse d'exister, vous laissant sans argent et avec encore une dette de 44 000 $. Vous avez le choix entre perdre vos biens ou bien emprunter ce 44 000 $, mais cela ne fait que grossir la dette. Rembourser la dette est donc impossible !

« Puisque le commun des mortels ne font affaire avec l'argent qu'après qu'il ait été créé, il n'est pas surprenant que la cause de la dette sans cesse croissante n'est pas perçue par la majorité. Mais cette cause doit être perçue par la majorité si on veut régler le problème.

« Puisque la manière dont l'argent est créé (sous forme de dette) est elle-même la cause de la dette sans cesse croissante, il n'est pas possible de corriger le problème en utilisant une méthode qui s'occupe de l'argent seulement après qu'il ait été créé. »

Puis M. Vik énumère la liste de toutes les solutions proposées par les gouvernements et différents organismes, qui sont toutes inefficaces, puisque pas une ne s'occupe de la création d'argent sans dette :

« Travailler plus fort ne réglera pas le problème. Travailler plus longtemps ne réglera pas le problème. Donner un emploi à tous les membres de la famille ne réglera pas le problème. Augmenter ou diminuer les salaires ne réglera pas le problème. Le plein emploi ne réglera pas le problème. Dépenser plus ou moins ne réglera pas le problème. Etc...

« La seule chose qui réglera le problème est une chose qui est considérée comme une vache sacrée par les médias d'information, les écoles, la politique et tous les milieux. La seule chose qui réglera le problème est d'enlever aux compagnies privées (les banques) le pouvoir de créer l'argent sous forme de dette (en exigeant un intérêt), et d'adopter une méthode de création de l'argent où le Département du Trésor des États-Unis crée l'argent lui-même !

« Cette solution est d'une importance déterminante pour l'avenir financier de notre pays et du monde entier ! »

Comme le disait William Jennings Bryan, candidat démocrate à la présidence des États-Unis : « Certains disent que l'émission de l'argent est une fonction de la banque, et que le gouvernement doit se retirer des affaires de la banque. Eh bien ! moi je leur dis que l'émission de l'argent est une fonction du gouvernement, et que les banques doivent se retirer des affaires du gouvernement... Lorsque nous aurons rétabli la monnaie de la Constitution, toutes les autres réformes nécessaires seront possibles, mais avant que cela ne soit fait, aucune autre réforme ne peut être accomplie. »

Effacer les dettes

Nous voyons maintenant combien ont raison ceux qui demandent une réforme du système financier, et l'effacement de toutes les dettes, en commençant par le Pape Jean-Paul II, à l'occasion du Jubilé de l'an 2000. Lorsqu'on comprend que l'argent prêté par les banques est créé à partir de rien, d'un simple trait de plume, alors il est facile de comprendre que les dettes peuvent être effacées de la même manière, d'un simple trait de plume, sans que personne ne soit pénalisé.

Les banques créent l'argent qu'elles prêtent ; alors si elles ne sont pas remboursées, elles ne perdent absolument rien. Mais pour ceux qui ne comprennent pas que les banques créent l'argent qu'elles prêtent, la seule manière d'« effacer » une dette est de la faire payer par quelqu'un, quelque part (par les contribuables des pays riches, par exemple).

Quand nous, du journal Vers Demain, demandons dans notre pétition d'effacer les dettes publiques, c'est exactement ce que cela veut dire : les effacer, non pas les rembourser. (Et encore moins imprimer de l'argent pour les rembourser.) Ce que nous demandons, c'est que le gouvernement cesse d'emprunter des banques et qu'il crée lui-même l'argent pour la nation, sans intérêt et sans dette, tel que prescrit dans la Constitution du pays. Même si on effaçait aujourd'hui toutes les dettes de tous les pays du monde, si on continue à permettre aux banques privées de prêter de l'argent à intérêt aux gouvernements, les dettes publiques impayables réapparaîtraient aussitôt. Les gouvernements doivent reprendre leur droit souverain de créer sans dette l'argent du pays ; c'est la seule solution qui va à la racine du problème, et qui le règle une fois pour toutes.

En agissant ainsi, le gouvernement cesserait d'accumuler des dettes. Dans le système actuel, les gouvernements se financent en émettant des obligations, qu'ils doivent rembourser avec intérêt. Pour la dette existante, les seules obligations à reconnaître seraient celles des épargnants ceux qui ont dû débourser réellement de l'argent de leurs poches pour acheter ces obligations et non pas celles achetées par les banques avec de l'argent créé d'un trait de plume.

Selon l'esprit de la prière du « Notre Père » (Matthieu 6, 9-13), que nos dettes nous soient remises, et que le pain quotidien soit distribué à tous. Cela peut se faire seulement par l'application d'un système d'argent honnête et sans dette, tel que préconisé par la philosophie du Crédit Social, diffusée par le journal Vers Demain.

Alain Pilote

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