C'était le dimanche 14 janvier. Le lieutenant créditiste de Grande-Baie avait demandé à son ami L.-D. Maltais, de Chicoutimi, de venir tenir une assemblée à Grande-Baie ce soir-là. Et M. Maltais avait promis.
On s'y prépara donc aux deux bouts. À Grande-Baie, le lieutenant annonça l'assemblée pour le soir trois fois, après les messes et après les vêpres. À Chicoutimi, M. Maltais s'assura la collaboration de deux conférenciers.
Mais on se rappelle de la température du 14 février : froid extrême, avec tempêtes en plusieurs endroits.
Quand vint l'heure de l'autobus, le soir, on apprit que la route était mauvaise et que l'autobus ne partirait pas.
Les deux compagnons de M. Maltais décidèrent de rebrousser chemin, mais. M. Maltais s'entêtait. Là-dessus, quatre autres citoyens, déçus de la suspension du service, déclarèrent qu'ils avaient absolument besoin d'aller à Grande-Baie. Les cinq, eux et M. Maltais, décidèrent de prendre un taxi. Le voyage fut difficile et lent. De fait, M. Maltais n'arriva à la salle qu'après neuf heures. Elle était vide : les gens, après une assez longue attente, avaient conclu que le conférencier ne pouvait venir. Seul le lieutenant, M. Tremblay, était demeuré sur les lieux.
Il n'y avait plus qu'à s'en retourner. Mais le taxi avait déjà disparu. Il fallut attendre la reprise du service d'autobus, et ce ne fut que le mardi. M. L.-D. Maltais, dans son rapport, remarque : "Nous n'étions pas pour rester à nous entre-regarder ou à placoter, M. Tremblay et moi. Nous fîmes de la propagande et du porte-en-porte toute la journée de lundi et préparâmes une assemblée de maison pour le soir chez le père de M. Alidor Tremblay. Il fallait prendre l'occasion comme elle se présentait et agir. Le rapport montre que mon enthousiasme porta des fruits. Mais, je vous assure qu'après une aventure inattendue de deux jours et deux nuits, je fus heureux de rentrer chez moi, le mardi soir, après ma journée de travail régulier à Arvida. Évidemment, on m'y attendait avec impatience.