À peine l'élection provinciale finie, la direction de l'Union Créditiste des Électeurs a confié aux forces créditistes le programme le plus vaste que le mouvement ait jamais entrepris en Nouvelle-France. Moins de dix jours après le 8 août, chacun était à son poste.
La province est divisée en douze districts, de plusieurs comtés chacun.
Neuf de ces districts sont sous la direction d'un commandant qui y donne tout son temps. Les trois autres n'ont pas encore cet avantage, mais reçoivent quand même une attention spéciale, proportionnée aux moyens d'action disponibles.
Les sorties de dimanches par les Voltigeurs continuent comme avant l'élection, avec cette seule différence qu'ils sont plus nombreux et plus aguerris.
Jamais nous n'avons eu un si bel actif, et la Nouvelle-France va certainement en profiter, même si l'échec aux élections ne place aucun de nos missionnaires créditistes sur la liste de paie du gouvernement.
C'est la bonne note — pas celle du découragement — qui anime les lignes suivantes, signées de Napoléon Veilleux, Ste-Clotilde de Beauce :
"Notre victoire créditiste n'a pas été fameuse. Mais cela ne veut pas dire que le Crédit Social n'est pas bon. Cela veut simplement dire que l'erreur, le côté de la finance a triomphé une fois de plus.
"Les créditistes vont-ils se laisser décourager pour cela ? Impossible. Dans la Beauce, nous avons maintenant à notre disposition plus de moyens d'action que jamais.
"Au commencement de la lutte, nous étions 7 ou 8 capables de tenir des petites assemblées. Maintenant, je crois qu'on peut en compter une cinquantaine. C'est un résultat.
"Il y a cinq ans, que serait-il arrivé si nous avions présenté un candidat créditiste ? Aurions-nous obtenu cent votes ? Je ne crois pas. Nous avons dépassé 2,700. C'est un gain.
"À la prochaine élection, ce sera une victoire, pas autre chose. Le Crédit Social est beau, il faut le payer cher. Ce qui ne coûte rien ne vaut rien.
"Nous avons lutté dans des conditions difficiles. Pas de finance. Tout a été fait pro Deo : salles, conférences, automobiles pour charroyer le monde. Nous avions trois autos à Ste-Clotilde le jour de l'élection. Ces gens auraient pu obtenir un paiement substantiel à l'emploi des vieux partis ; ils se sont consacrés gratuitement au Crédit Social.
"La sainte Vierge aidant, nous aurons un jour la consolation de voir flotter sur le Parlement le beau drapeau sans tache du Crédit Social."
Les élections du 8 août en Alberta ont donné le résultat suivant :
Créditistes .. 51
Indépendants...................... 3
C.C.F 2
"Anciens-combattants" 1
Total : 57
Par "Indépendants", en Alberta, il faut entendre l'alliance des Libéraux et des Conservateurs. En 1940, ce sont ces "Indépendants" qui avaient fait le gros de la lutte contre les créditistes. Cette fois-ci, ce sont les C.C.F. qui ont fait le gros de la lutte. En 1940, les créditistes étaient vainqueurs, avec 36 des leurs en Chambre. Cette fois-ci, le parlement est plus créditiste que jamais, avec 51 créditistes sur un total de 57 députés.
Le 26 juillet, un groupe de créditistes du Nouveau-Brunswick fondait l'organisation créditiste provinciale appelée "L'Union des Électeurs du Nouveau-Brunswick".
Nous félicitons nos amis de la province voisine d'avoir choisi ce nom, espérant bien qu'ils signifient ainsi le genre d'organisation qu'ils ont envie de pousser, au lieu de donner dans la manière des partis politiques.
Monsieur Armand Grondin, qui nous communique cette nouvelle, fut l'unique représentant des créditistes de sa province à la Convention Nationale de Toronto. Depuis, il s'est fait beaucoup de propagande dans les comtés de Madawaska, Restigouche et Victoria. Notre Louis-Philippe Bouchard y a passé quelques semaines.
M. Grondin nous dit que ses compatriotes créditistes commencent à demander des candidats. Nous n'en sommes pas surpris, puisqu'ils veulent le Crédit Social, et que la législation se fait par les députés. Mais, avant de chercher des candidats, il faut évidemment préparer des électeurs. Et pas des électeurs quelconques. Puis, il y a aussi la politique de pression à organiser chez les électeurs, pour que les élus ne cèdent plus à la pression organisée par des intérêts privés.
Nous souhaitons à l'Union des Électeurs du Nouveau-Brunswick un rapide et solide développement ; et à ses officiers, le courage et la sagesse dont ils auront besoin pour remonter continuellement les ressorts qui faiblissent et pour protéger leur beau mouvement contre les infiltrations d'éléments malsains ou d'ambitieux plus prêts à faire le Crédit Social les servir qu'à servir la cause du Crédit Social.