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Du progrès au chômage ou aux dividendes

le dimanche, 01 octobre 1944. Dans Crédit Social

1. — Le progrès dans la production

L'inventeur a mis au monde une machine nou­velle. Elle répond à son dessein. Il en est justement fier. L'inventeur n'a certainement pas conçu cette machine pour diminuer la production, ni pour ren­dre la production plus difficile. Au contraire, c'est pour obtenir plus avec moins de travail. Il a ré­ussi. Il s'en réjouit : "Grâce à cette machine, dit-il, des hommes travailleront moins dur, et ils auront quand même autant de choses à leur disposition, même davantage. Des générations, avant moi, ont augmenté les connaissances de l'humanité ; j'ajou­te ma petite part, et toute l'humanité peut en pro­fiter. C'est son héritage social que je lui aide à exploiter."

2. — La machine remplace les hommes

La machine est faite pour soulager, pour rem­placer le labeur humain. Et, en effet, voyez ces hommes qui quittent le chantier où ils suaient et peinaient. Ils s'en vont avec leur pic et leur pelle, parce que l'entrepreneur a maintenant mieux que le pic et la pelle. La machine, avec moins d'em­ployés pour la conduire, va faire plus et mieux que ces hommes avec leurs pics, leurs pelles et leurs muscles. Réjouissez-vous donc, fils de la ci­vilisation : l'acier va travailler à votre place. Pendant que vous vous reposerez, les choses sor­tiront du travail de la machine, aussi bonnes et plus abondantes qu'elles sortaient du travail de vos mains.

3. — Pas de salaires, pas d'achats

Mais ces hommes qui maniaient pic et pelle, et qui sont maintenant en congé parce que la machi­ne fait le travail à leur place, s'appellent chômeurs. Ils n'ont plus de salaires. Et, sous notre régime ac­tuel, la fin du salaire, c'est la fin du pouvoir d'a­chat. Nos hommes et leurs familles ont les mêmes besoins, et les mêmes produits sont devant eux, plein les magasins. Mais les hommes ne peuvent acheter, ils se désolent. Les marchands ne vendent pas, ils se désolent également. Les produits s'accu­mulent ; et parce que les produits s'accumulent, d'autres hommes seront congédiés de leur emploi et seront aussi sans salaires. On appelle cela une crise.

4. — Deux citoyens argumentent

Paul — Tu as l'air en diable, Jacques !

Jacques — Pour cause. Cette machine-là, c'est Satan qui l'a inventée.

Paul — Mais non. C'est un homme intelligent, pour rendre l'ouvrage plus facile.

Jacques — Tellement facile que nous n'avons plus rien à faire, vous et moi. Cette machine nous vole notre salaire ; je voudrais la voir mise à la fonderie.

Paul — Pourtant, puisque la machine travaille à notre place, nous devrions être mieux. Un hom­me qui a un serviteur est mieux que s'il n'en avait pas.

Jacques — Mais nous n'avons plus de salaire pour acheter.

Paul — C'est vrai. Mais, au lieu de casser la machine, bien inventée pour produire, pourquoi ne pas inventer une nouvelle manière, mieux adaptée, pour distribuer les produits qui remplis­sent les magasins ?

5. — La nouvelle manière

Elle est inventée, la nouvelle manière de distri­buer les produits. Voyez ces trois hommes venus au magasin pour acheter. Avec quoi achètent-ils ? L'un d'eux, rien qu'un, a un salaire. Mais tous les trois ont un dividende. Le salaire, on sait ce que c'est : ça va à celui qui a un emploi. Le dividende, ça va à ceux qui ont un capital qui rapporte. Or tous ces hommes ont un dividende, ceux qui tra­vaillent comme ceux qui ne travaillent pas. Pour­quoi ? Parce que, dans le pays, on a jugé que la science appliquée qui fait naître les machines est un héritage commun, grossi de génération en gé­nération. Et tout le monde est héritier de cet héri­tage commun. Puisque cet héritage commun pro­duit, et produit beaucoup, tous reçoivent un dividende. Celui qui a dividende et salaire achète da­vantage ; mais tous, avec le dividende, achètent au moins une partie des produits. La récompense au travail est maintenue, mais le droit de tous à l'hé­ritage commun est reconnu.

6. — Et l'activité règne

Les salaires de quelques-uns et les dividendes de tous font les produits décoller des étagères. Le marchand, heureux, place des commandes. Les em­ployeurs, heureux, offrent plus d'emploi, même avec plus de machines. Les dividendes empêchent la production d'arrêter tant que les besoins ne sont pas satisfaits. Le dividende — voilà donc, dans notre monde moderne, la meilleure assurance con­tre la privation. L'assurance-chômage, avec ses contributions obligatoires, diminue le pouvoir d'achat et hâte la venue du chômage. Le dividende donne de l'argent au lieu d'en enlever : il active la production, mécanisée ou non. Qui donc ose dire que le dividende du Crédit Social ferait des pares­seux et appauvrirait le pays ? C'est le contraire : c'est l'absence du dividende qui fait le chômage et rouille bras et cerveaux. Le dividende active la production, en même temps qu'il assure un mini­mum de sécurité à tous, sans mordre sur la liberté, puisqu'il va à tous sans exception.

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