EnglishEspañolPolskie

Devant le cas du chômage

Louis Even le mardi, 01 octobre 1996. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Un mal artificiel, inacceptable

Le chômage est inacceptable dans un pays, tant qu'il s'y trouve des besoins normaux à satisfaire - besoins privés ou besoins sociaux. C'est le cas du Canada et de tous les autres pays.

On ne chôme pas parce que les gens sont saturés de nourriture, de vêtements, de meubles, de maisons, de soins médicaux, de moyens éducationnels ; ni parce que le pays a trop de bonnes routes, trop de moyens de transport, trop d'hôpitaux, trop d'écoles, trop de ressources naturelles mises en rendement, etc.

Non. On chôme parce que ceux qui ont besoin de nourriture n'ont pas de quoi la payer ; ceux qui ont besoin de vêtement n'ont pas de quoi en acheter, ceux qui ont besoin d'une maison n'ont pas l'argent pour faire bâtir, etc.

Le chômage ne résulte pas de faits physiques, mais de faits financiers. La cause du chômage n'est donc pas naturelle, mais artificielle. Le chômeur ne souffre pas parce qu'il est au pôle nord ou dans un désert aride ; il souffre parce que les bouts de papier appelés dollars chez nous, font défaut là où ils devraient être pour faire passer les produits du marchand qui n'aime pas les garder, aux maisons qui en ont tant envie.

Le chômage est donc inacceptable ; aussi inacceptable que les assauts contre d'honnêtes gens par une organisation de bandits. Ici, l'organisation de bandits, c'est la clique de financiers qui font hausser ou baisser le niveau de l'argent à leur guise, qui l'ont tenu bas pendant dix années avant la dernière guerre, qui l'ont monté aux étoiles pour alimenter six années de tuerie, et qui commande la baisse quand il n'y a plus de munitions à fabriquer ni de villes à détruire. Et les complices conscients ou simplement sots de ces bandits ce sont les gouvernements qui laissent faire.

Suggestions à ceux qui chôment

Si le chômage est une chose inacceptable, le chômeur devrait être le premier à refuser de l'accepter. On peut refuser d'accepter même une chose qu'on subit.

Comment le chômeur peut-il refuser d'accepter le chômage ? En criant à tous les responsables du pays que le chômage est un crime. En leur pointant du doigt la cause du chômage : le non-sens financier. En leur enjoignant à eux, les responsables, de faire disparaître cette cause, même si, pour cela, ils doivent briser la discipline du parti ou sacrifier les bonnes grâces des maîtres de l'argent.

Vous êtes chômeur ? Que faites-vous ? Rien puisque je chôme. - Rien ? Mais vous pouvez vous donner à vous-même une besogne. Laquelle ? Protester contre le chômage.

Vous pouvez écrire à votre député fédéral, au provincial aussi. Leur téléphoner peut-être. Aller les voir s'ils sont proches. Leur dire que vous chômez, parce que la finance est bête, et qu'eux n'ont pas le droit de la laisser ainsi. Demander à votre député, non pas de l'embauchage; le député n'existe pas pour embaucher les gens ; mais lui demander le dividende à tout le monde, qui fera acheter les produits. Quand les produits se vendront, vous aurez de l'emploi.

Le dividende à tout le monde ça ne prend qu'une loi pour le décréter ; et les députés sont élus pour aider à faire les lois. Si les lois doivent venir du gouvernement, les députés existent pour parler au gouvernement au nom des électeurs. C'est donc fonction de député de réclamer le dividende pour tout le monde, quand il n'y a pas d'autre moyen de faire la production moderne entrer dans les maisons.

Le dividende à tout le monde, parce que c'est un dividende du progrès, un dividende social, et non pas la récompense d'un travail individuel.

Le dividende pour acheter plus de produits. Les produits sont là, puisque vous chômez, donc ce ne sont pas les produits qui manquent pour établir un dividende. Ce n'est rien que la loi qui manque.

Quand la loi pour les allocations familiales est venue, les allocations familiales ont commencé. Elles auraient pu commencer plus tôt : il ne manquait que la loi. La loi n'a pas créé un seul produit, mais elle a augmenté dans la famille le droit aux produits. C'est exactement ce que ferait le dividende ; il augmenterait les droits aux produits. Et il faut augmenter les droits aux produits, puisque vous chômez parce que des produits ne se vendent.pas.

Dites cela, dites tout cela à votre député. S'il ne comprend pas, recommencez. Vous avez le temps, puisque vous chômez. Rester chez vous à vous morfondre, à vous plaindre, ça ne donne rien. Mettre le chômage sous le nez de votre député qui n'a pas l'air de le sentir, ça servira à quelque chose, surtout si vous recommencez tant que ça dure.

Puis, il y a aussi votre conseil municipal. Lui n'est pas loin. Sans doute que ce n'est pas au Conseil municipal de faire les lois ; il ne peut donc instituer la loi du dividende à tout le monde. Mais il peut la demander. Le Conseil municipal sait bien s'adresser au gouvernement quand il a des cas d'octrois ou autre à solutionner. L'octroi est un acte du gouvernement ; mais c'est fonction du Conseil de le demander. De même le dividende est un acte du gouvernement ; mais le Conseil peut fort bien le demander. D'autant plus et d'autant mieux, qu'un dividende à tout le monde aiderait autant les Conseils municipaux que les citoyens. Quand les citoyens sont en moyen, les administrations municipales sont en moyen.

Si donc vous êtes une victime du chômage, vous avez au moins de quoi vous occuper à combattre le système qui en est la cause. Non seulement par des démarches auprès de vos représentants fédéraux, provinciaux et municipaux ; mais aussi, en ralliant vos voisins dans cette lutte contre un ennemi commun.

Combien de gens autour de vous croient encore que le chômage, que les crises sont un phénomène inévitable comme la température ! À vous de les renseigner, puisque vous savez mieux. Vous savez certainement mieux, si vous lisez attentivement et régulièrement le journal Vers Demain.

Expliquez aux autres la part que la machine fait dans la production, et qui, n'étant pas représentée par un salaire, doit l'être par un dividende à tous les citoyens. Expliquez comment le dividende serait le meilleur garant de l'emploi, en activant l'écoulement de la production. Expliquez comment le dividende à tout le monde, en plaçant du pouvoir d'achat entre les mains de tous les consommateurs, orienterait graduellement la production vers la satisfaction, d'abord, des besoins normaux de tous les citoyens. Cette orientation serait la plus grande garantie de la stabilité dans la production, parce que les besoins normaux sont à peu près courants. La production affectée aux besoins des individus et des familles ne serait point sujette à ces hausses et à ces baisses que l'on constate dans la production d'engins de guerre, ou d'objets de luxe, ou d'articles pour l'exportation.

Ces explications semées autour de vous, contribueront à former une opinion publique avertie ; et c'est la meilleure force pour déterminer les élus du peuple à agir.

Voilà pour les chômeurs.

Ceux qui ne chôment pas

Et ceux qui ne chôment pas, mais qui sont témoins de cas de chômage à côté d'eux, ont, eux aussi, un devoir à remplir. Nous sommes tous solidaires les uns des autres.

Aidez les chômeurs dans ses besoins immédiats, si vous le pouvez. Mais, surtout, travaillez, vous aussi, à corriger le mal social qui cause le chômage. Nous sommes tous responsables des maux sociaux. Nous en sommes responsables dans la mesure où nous les causons, dans la mesure où nous les acceptons, dans la mesure où nous restons inertes devant leurs méfaits.

Mais que puis-je contre le mal social que cause le chômage ? C'est un mal financier, je le sais. Mais ce n'est pas moi, le financier. Ce n'est même pas moi qui suis chargé de mettre le financier à la raison.

Vous vivez dans une démocratie. Vous êtes responsable de ce que vous laissez faire ou omettre par vos représentants. Vous pouvez au moins dénoncer le mal. Vous pouvez secouer la quiétude de vos représentants, élus par la majorité ou par la cabale, mais payés par tous les citoyens responsables du bien commun.

Même si vous n'étiez pas sous un régime démocratique, vous seriez quand même responsable, à seul titre d'homme vivant en société avec d'autres êtres humains.

Même si le chômage n'existe pas dans votre milieu immédiat, vous avez assez de renseignements sur votre pays pour savoir qu'il existe dans d'autres localités. Votre souci doit s'étendre à tout votre pays.

On se met en frais pour se défendre contre les attaques possibles de gens qui sont à 6,000 milles d'ici, qu'on embrassait affectueusement hier et que l'on considère comme ennemis aujourd'hui, alors même qu'ils n'ont pas encore commencé à nous égratigner. Et l'on ferait rien contre des puissances opérant chez nous, y causant du chômage, créant de la misère, y imposant à nos frères des souffrances imméritées !

Ce ne sont toujours pas les créditistes qui peuvent s'abandonner à l'inertie, sous prétexte qu'ils ne sont pas eux-mêmes victimes du chômage. Ils ont trop le sens du social. Ils savent pour le prêcher à l'année que la société existe pour ses membres, et que chaque citoyen doit en tirer avantage. Le créditiste souscrit à cette parole de notre Saint-Père le Pape Pie XII :

"Un chrétien convaincu ne peut se confiner dans un commode et égoïste isolationnisme quand il est témoin des misères et des besoins de ses frères."

Le créditiste peut être d'autant plus intrépide pour dénoncer le chômage, ceux qui le causent et ceux qui le permettent, que, comme créditiste, il sait parfaitement ce qui engendre le chômage et le moyen efficace pour éviter ce fléau.

Louis Even

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com