Le présent numéro est le premier de la cinquième année. Cela veut dire que VERS DEMAIN a paru régulièrement pendant quatre années, et qu'il entre d'un air décidé dans sa cinquième. Cette cinquième année, comme chacune des précédentes, portera 24 numéros de VERS DEMAIN aux abonnés.
Le 1er novembre 1943, il y a eu, en effet, quatre ans que parut le premier numéro de Vers Demain.
Nous l'avons fondé en pleine guerre. La guerre venait de commencer, la guerre et Vers Demain sont donc nés en même temps.
Tout le monde alors était pris de peur. Les créditistes se terraient, craignant la censure et la police. Craignant l'interdiction de toute assemblée, ils n'osaient plus en tenir ; d'ailleurs, les gens ne répondaient plus à l'appel. C'était la guerre, rien que la guerre qui préoccupait tous les esprits.
De partout, on nous conseillait d'interrompre le mouvement du Crédit Social pour le temps de la guerre, quittes à le reprendre une fois les hostilités finies.
Mais monsieur Even n'était pas de cet avis, et l'on connaît sa ténacité. Il se dit qu'au contraire, il fallait jouer les derniers atouts et faire un effort suprême pour tenir contre les coups ; parce que, après la guerre, les financiers seraient plus forts qu'auparavant et la lutte plus difficile si nous l'interrompions. Est-ce que les financiers ne sortent pas plus forts de chaque guerre ? Et est-ce qu'il n'est pas plus difficile de reprendre un mouvement qu'on a laissé tomber ?
C'est pourquoi monsieur Even et moi-même entreprîmes une chose impossible, impossible du moins à en juger par les expériences précédentes du genre. Nous entreprîmes de fonder un journal qui ne serait financé que par les abonnements, un journal qui refuserait catégoriquement toute annonce payée, afin de rester entièrement libre.
Et le premier numéro de VERS DEMAIN fut tiré à 7,000 exemplaires avant d'avoir, un seul abonné. On l'expédia aux abonnés des Cahiers du Crédit Social, et à d'autres amis.
Nos amis les plus sincères encouragèrent le journal, non seulement en s'abonnant eux-mêmes, mais en prenant des abonnements autour d'eux. Si bien qu'au bout de la première année, en novembre 1940, VERS DEMAIN comptait 6,500 abonnés.
On lui fit le souhait de doubler son tirage dans la deuxième année. Or, le 1er novembre 1941, au bout de sa deuxième année, VERS DEMAIN comptait 25,000 abonnés : c'était un tirage quadruplé.
Aujourd'hui, VERS DEMAIN maintient son tirage à 40,000 exemplaires.
Nous avons fait relier la première année de VERS DEMAIN. Comme il en manquait des copies pour répondre à la demande, nous fîmes un livre avec les articles de la première année, classifiés d'après les sujets traités.
La deuxième année fut aussi reliée en volume. Nous ferons bientôt relier ensemble la troisième et la quatrième années.
Tous ces livres sont en vente au bureau de Vers Demain.
En avril 1940, autour du journal, fut fondé l'Institut d'Action Politique, qui groupe tous les apôtres qui sollicitent des abonnements, d'une manière ou d'une autre, mais toujours sans retenir aucune commission : des apôtres ne sont pas des agents.
L'été de 1941 vit cette magnifique floraison de conférenciers, sortis des rangs du peuple, qui, tous les dimanches, chacun avec un compagnon, se répandaient sur les campagnes autour de leurs villes respectives, pour propager le Crédit Social.
Avec leur littérature sous le bras, ils partaient, des autos pleines de créditistes ; et, après la grand'messe, tenaient des assemblées dans les paroisses rurales. Nous eûmes, cette année-là, 112 conférenciers ; c'est-à-dire, avec leurs compagnons, 224 apôtres qui donnaient régulièrement leur dimanche au Crédit Social. C'est alors que l'abonnement prit un grand essor. Cette saison fructueuse se termina par les grands congrès, dont le premier et le principal, celui de Sherbrooke, a laissé un souvenir inoubliable même dans l'esprit des adversaires.
L'année 1942 fut l'année de l'Association Créditiste, qui fit cette superbe expérience d'un escompte entre les marchands et les acheteurs créditistes. La guerre, avec ses rationnements, a paralysé notre Association, comme elle a paralysé tous les commerces. Lorsque l'abondance reviendra, après la... ? ? ? ?
core fonctionner, et l'Association Créditiste refleurira, sous la forme la mieux appropriée aux circonstances.
En 1943, c'est l'Union des Électeurs qui s'organise. Les électeurs groupent leurs volontés et apprennent à se faire servir dans tous les domaines, le politique et l'économique.
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L'Institut d'Action Politique est notre école d'éducation.
L'Association Créditiste est notre laboratoire d'expériences économiques.
L'Union des Électeurs est notre force politique.
Triple organisation, soutenue et nourrie spirituellement par le journal VERS DEMAIN.
VERS DEMAIN lui-même vit financièrement de ces trois organisations.
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Ceux qui connaissent VERS DEMAIN savent qu'il n'a volé à personne sa réputation. Il la doit à sa bonne tenue : il est élégant VERS DEMAIN. Il la doit à sa pensée profonde et lumineuse : il est sérieux et clair VERS DEMAIN. Il la doit, sa réputation à la vie qu'il porte en lui et qu'il sème : il est ardent et vibrant, VERS DEMAIN.