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Au lieu des coupures et des hausses de taxes

Louis Even le jeudi, 01 mai 1997. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Au lieu des coupures et des hausses de taxes

Un crédit financier provincial dans chaque province

Pour payer les travaux publics et garantir le nécessaire à chaque citoyen

L'autonomie des provinces ne signifie rien si elles n'ont pas l'autonomie financière. Les dettes publiques sont un vol, une escroquerie.

Si, selon la constitution canadienne, les provinces possèdent un crédit réel, qui leur permet d'emprunter et de s'endetter pourquoi en toute logique ne créeraient-elles pas elles-mêmes le crédit financier pour financer et distribuer la production de leur province respective sans s'endetter ?

par Louis Even

Production publique

Lorsqu'un corps public fait exécuter un développement aqueduc, école, etc., que ce soit confié à un entrepreneur, ou que le corps public l'entreprenne directement, le travail est fait par de la main-d'œuvre du pays, avec des matériaux du pays, ou avec des matériaux importés en contrepartie de surplus domestiques exportables.

En aucun cas, les travaux ne sont exécutés par des banquiers ou des financiers.

La capacité de production du pays est une richesse du pays. La capacité de production de la province est une richesse de la province. Et ainsi de toute province, de tout pays qui est capable de produire quelque chose avec ses richesses naturelles, ses techniques, sa main-d'œuvre, etc.

Sans cette capacité de production, l'argent d'où qu'il vienne, n'aurait aucune valeur. Allez au pôle nord avec un sac de dollars, et dites à quoi cela pourra bien vous servir !

Si la capacité de production de la province est une richesse de la province, le crédit financier, ou l'argent, basé sur cette capacité de production, est un bien de la province ; c'est donc, à sa source, une propriété de la population de la province. S'endetter, pour l'obtenir, entre les mains d'institutions privées, (comme les banques) est logiquement inconcevable.

C'est pourquoi nous disons qu'une dette publique est le résultat d'un système d'argent faux, d'un système d'escroquerie, à moins qu'elle ne soit contractée envers des étrangers qui seraient venus accomplir les développements à la place de la population du pays. Or, nous ne sachons pas que les Américains, ou les Mexicains, ou les Chinois soient venus bâtir nos écoles, nos hôpitaux, etc. Pas plus que les financiers ou les banquiers, auxquels on nous force à les payer, à les payer même plus d'une fois.

Prenons l'exemple d'une école. Lorsqu'une école est bâtie, elle est le fruit du travail fourni par la population : pas seulement par les maçons, les charpentiers, etc., mais aussi par le travail de ceux qui fournissent les produits que les bâtisseurs se procurent dans les magasins.

C'est une richesse nouvelle, qui pour sa production doit être financée par des crédits nouveaux. Les crédits nouveaux doivent venir d'une émission de crédit provincial, puisque cette production est le fruit d'une capacité de production provinciale.

Consommation publique

Et ces crédits financiers, créés pour la production de richesse, ne doivent être retirés et annulés qu'à mesure de la disparition de la richesse par destruction, usure, consommation. Au rythme de cette consommation.

On ne doit pas faire payer à la population ce qu'elle produit elle-même, mais seulement ce qu'elle consomme. Et pas plus qu'elle ne consomme.

Une école ne peut pas être consommée (usée, ou détruite) plus d'une fois : pourquoi la faire payer plus d'une fois ? Qui doit la payer ? La population qui s'en sert, qui la consomme. Donc, l'école locale par la population locale, même si sa construction est le fruit du travail de toute la région. Encore une fois, ce n'est pas la production qu'on paie, mais la consommation.

On ne fait pas payer le pain par le boulanger, mais par celui qui le consomme. Et jamais on fait payer un pain deux fois, ni trois fois, pas même une fois et demie, car il ne peut être consommé (mangé ou laissé moisir) plus d'une fois.

Pourquoi fait-on payer $250,000 une école qui, neuve, vaut $150,000 ? Certaines municipalités sont rendues à payer pour la quatrième fois le prix d'un aqueduc qu'elles n'ont pas fini de consommer puisqu'il est encore là ?

Pourquoi ? À cause du système d'escroquerie qui préside à la naissance de l'argent, du crédit financier, et aux conditions imposées à sa mise en circulation.

Si une école de $150,000 est jugée devoir durer 15 ans, cela veut dire qu'elle sera consommée graduellement, pour le quinzième de sa valeur chaque année. La consommation, l'usage de cette école, doit donc être payée par la population qui s'en sert au rythme de $10,000 par année. Pas plus. Et lorsque les $150,000 ont été retirés au bout de 15 ans, si l'école est encore là, il n'y a plus à la payer un sou de plus. Elle ne peut être consommée plus qu'une fois.

Si ce rapport entre la production et les émissions de crédit pour la financer, et entre la consommation et le retrait de crédit par les paiements de ceux qui consomment si ce rapport-là était respecté, la finance serait ce qu'elle doit être, le reflet du réel. Non plus la falsification du réel.

Et comme on ne peut normalement consommer plus que ce qui est produit, l'endettement tel qu'on le connaît n'existerait pas. Il y aurait toujours entre les mains de la population de quoi payer ce qu'elle consomme, tant que la consommation ne dépasserait pas la production cas difficile à concevoir.

Un crédit financier provincial

Mais pourquoi faisons-nous ces réflexions à l'échelon de la province, en parlant de crédit financier provincial ? C'est parce que les richesses naturelles sont la propriété des provinces dans lesquelles elles se trouvent ; c'est parce que les questions de développements publics provinciaux relèvent des provinces ; c'est parce que les questions municipales et scolaires sont de juridiction provinciale. Et c'est parce qu'Ottawa n'a pas le droit de paralyser les possibilités physiques des provinces.

Les richesses, en choses et en hommes, sont dans les provinces : pourquoi la clef permettant de s'en servir serait-elle à Ottawa ? Elle n'a pas plus raison d'être là que dans les arcanes des brasseurs d'argent de Montréal, Toronto, Boston ou ailleurs.

Si les provinces continuent de se contenter de marchandages avec Ottawa, pour décider quelle portion des dépouilles des taxés ira à chaque gouvernement de taxeux, elles s'inclinent vachement devant un système d'escroquerie, de vol.

Aussi, réclamons-nous, et poussons-nous la population à réclamer l'institution d'un crédit financier provincial. D'un organisme de comptabilité, provincial, qui permette d'utiliser la capacité de production de la province sans avoir à en quémander la permission, ni à payer sottement cette permission, à des trafiquants d'argent. Pas plus à des trafiquants d'argent du pays, qu'à des trafiquants d'argent de New-York, ou de Londres, ou de Paris, ou de Bruxelles...

Un crédit provincial dans chaque province pour mettre les possibilités physiques des diverses provinces au service de leurs populations respectives.

Nous invitons tous ceux qui sont à bon droit irrités des hausses d'impôts, de taxes, scolaires, municipales, provinciales, fédérales, ou autres, à se révolter contre le système. Qu'ils le fassent savoir à leurs gouvernements respectifs. Qu'ils pressent leurs commissions scolaires, leurs conseils municipaux, de passer des résolutions pour demander au gouvernement provincial de remplacer par un organisme de crédit financier provincial le présent système de vol et d'endettement perpétuels.

Pas besoin de long préambule ni de multiples « attendus » à ces résolutions. Exprimer la demande carrément. Les gouvernements savent de quoi il s'agit, ou peuvent se renseigner. Ce qui leur manque, c'est la décision d'agir : elle ne viendra que sous la poussée forte, constante et réitérée d'un peuple lui-même décidé. La formule ci-contre n'est qu'un indicateur, qui peut être modifié à volonté.

Résolution

À la séance régulière du Conseil municipal

de........

tenue le..........

Il est proposé par le conseiller : ......................

secondé par le conseiller :          ............................

Que ce Conseil, à la demande exprimée par des contribuables, prie le gouvernement provincial, d'instituer un crédit financier provincial, pour financer automatiquement, à la grandeur de la province, la production et la distribution de tout ce que la province est physiquement capable de fournir en réponse aux besoins, publics et privés, de sa population.

Le promoteur local de la résolution voit à ce qu'une copie soit envoyée aux journaux (sans oublier Vers Demain).

Louis Even

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