L'assemblée d'action est l'arme nouvelle employée par les propagandistes du mouvement créditiste et de l'Union des Électeurs. C'est l'assemblée d'action qui a fait le succès de la journée de Drummond et qui doit faire le succès des journées de Québec, Montmorency et de Frontenac.
L'assemblée d'action dure trois heures. Elle s'ouvre à l'heure précise par la réunion de tous les voltigeurs et aspirants-voltigeurs, de tous ceux et celles qui veulent donner un coup de collier pour le Crédit Social.
C'est donc une assemblée de travailleurs ? Oui, puisque c'est une assemblée d'action. On n'y vient pas pour des discours, mais pour de l'action. On n'y vient pas pour s'asseoir et admirer, mais pour bouger. On n'y vient pas pour applaudir, mais pour conquérir.
C'est essentiellement une mobilisation de patriotes pour le combat. Aussi appelons-nous souvent ces trois heures : la guerre des Voltigeurs.
À l'heure marquée, l'officier en charge donne brièvement le mot d'ordre : visites dans les maisons, pour y porter une lumière, y stimuler une volonté, y lever un sacrifice.
Il donne alors à chacun sa feuille de route. Les voltigeurs partent deux à deux, chaque couple ayant une quinzaine ou une vingtaine d'adresses de familles à voir.
Cette première partie de l'assemblée d'action a pu durer un quart d'heure.
La deuxième partie, la plus longue, a tout l'air d'une dispersion. Mais ce n'est point une dispersion. Les rôles de tous sont coordonnés à un ensemble ; la même fin unit tous les combattants.
À mesure que les visites sont terminées, les groupes rentrent et font leurs rapports. C'est la troisième partie. La fraternité y règne ; la joie, l'enthousiasme y débordent.
L'heure marquée pour les derniers retours est arrivée. Les rapports sont complets. Le secrétaire proclame le résultat. L'officier en charge fait une courte allocution qui exalte l'effort, souligne les résultats (tant sur les visiteurs que sur les visites) et oriente les résolutions qui bouillonnent dans les cœurs de tous les croisés de l'après-midi.
Chaque place organisée doit tenir à faire son assemblée d'action une fois par semaine. L'heure n'est plus aux paroles, mais aux actes. L'action hebdomadaire peut couvrir tantôt un rang, tantôt un autre, ou une partie de la ville ou du village.
Mais le programme de cet automne comporte aussi des assemblées d'action sur une grande échelle, qui revêtent un caractère régional, tout en se faisant dans un ville déterminée.
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Ce numéro du journal en indique cinq. (Voir annonces en page 8) :
À Saint-Joseph d'Alma, le 10 octobre, tous les voltigeurs du Lac St-Jean se feront une gloire de prendre une part active à l'assemblée d'action qui s'ouvrira à deux heures, à la salle paroissiale, sous la direction de M. Edmond Major, commandant de Drummondville.
À Chicoutimi, le 17, tous les Voltigeurs du comté de Chicoutimi voudront en être. C'est encore M. Edmond Major qui pilotera cette assemblée ; elle s'ouvrira à deux heures, à la salle paroissiale, près de la cathédrale.
À Val d'Or, l'assemblée d'action du 10 octobre, sous la conduite du commandant (commissaire) Roland Corbeil, de Granby, compte sur le concours de tous les voltigeurs de l'est, et du sud de l'Abitibi, et même sur le contingent de Rouyn. La réunion se fera à deux heures chez M. Joseph Alfred Cloutier.
À Rouyn, le 17 octobre, c'est M. Louis Even lui-même qui présidera l'assemblée d'action. Il compte bien voir y participer tous les voltigeurs de l'ouest de l'Abitibi et de tout le Témiscamingue. Les contingents de Val d'Or et de Malartic n'y manqueront pas. L'appel est fixé à deux heures, à la salle de l'Hôtel Albert.
Hull, le 17 octobre, aura son assemblée d'action conduite par Mlle Gilberte Côté. Les voltigeurs de Hull, d'Ottawa, des comtés de Gatineau, Papineau, Argenteuil, Russel et Prescott ne doivent pas manquer au rendez-vous : à deux heures, à la salle de l'Hôtel Windsor.
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Toutes ces journées se terminent le soir par une assemblée publique régionale ; mais c'est l'assemblée d'action de l'après-midi qui reste le point capital : Patriotes créditistes, soyez-en. Dans chacune de ces cinq places, un grand drapeau du Crédit Social sera tiré entre les voltigeurs de la journée, chaque dollar apporté donnant droit à un billet.
Le 10 septembre, M. Roland Corbeil allait faire l'organisation à Fulford, petite localité du comté de Brôme. On avait écrit à M. J.-A. Langevin, connu de la direction par correspondance seulement, pour lui demander de trouver un local et de convoquer une assemblée.
Voici ce qu'écrit M. Corbeil, après sa visite :
"M. J.-A. Langevin est un vieillard de 74 ans, qui se déplace péniblement, avec une canne. À peine a-t-il reçu votre lettre qu'il attelle son vieux cheval, très maigre, et commence les invitations après avoir, de peine et de misère, obtenu une maison pour la réunion du 10.
"M. Langevin aurait bien aimé faire l'assemblée chez lui ; mais il demeure avec un de ses garçons âgé d'une quarantaine d'années. Leur logis est une ancienne école de campagne, divisée en deux pièces par un vieux rideau de cretonne. Pour tout ameublement : deux lits, quatre chaises, une table, un poêle, et un vieux meuble servant d'armoire.
"Si la fortune n'a pas élu domicile chez M. Langevin, l'idéal créditiste y fleurit ; et, comme la veuve de l'évangile, qui mérita les éloges du divin Maître, M. Langevin prend, non pas sur son superflu, mais sur son nécessaire, pour aider la cause dont il comprend la portée. Devant vivre de sa maigre pension de vieillesse, ce patriote de 74 ans a en effet donné $5.00 pour le mouvement créditiste."
Que vont faire les jeunes, les jeunes qui devraient être les plus personnellement intéressés à l'établissement d'un régime créditiste ?