Après comme avant, comme pendant

La campagne électorale est terminée.

La lutte s'est surtout faite entre des partis poli­tiques qui, vieux ou jeunes, se ressemblent par leurs méthodes comme par leur objectif.

Mais, dans onze des 91 comtés, le peuple lui-même est entré dans l'arène. Le peuple lui-même, non plus en spectateur pour assister à la joute des partis les uns contre les autres ; mais en gladiateur, pour lutter contre le système de partis.

Programme par le peuple lui-même

Dans onze comtés, l'Union Créditiste se jugeait assez fortement organisée pour crier à tous les partis politiques, anciens ou nouveaux :

"Nous en avons assez du système de partis. Il y a assez longtemps que nous, le peuple, portons un anneau dans le nez, et que nos privilèges démo­cratiques se réduisent à transférer d'un parti à l'autre la faveur de tenir la corde qui nous tire à droite, à gauche, sans plus nous consulter que le bouvier ne consulte les animaux qu'il exploite."

Tous les partis politiques viennent au peuple avec un programme fait pour régenter le peuple. L'Union Créditiste des Électeurs prétend qu'il est temps que le peuple fasse lui-même son pro­gramme et donne à ses représentants un mandat pour l'exécuter.

Or, si l'on passe d'une maison à l'autre, si l'on questionne, l'un après l'autre, nos chefs de familles, nos mères de familles, on trouve vite que tout le peuple a le même programme essentiel, aussi pro­fondément ancré dans tout être humain normal que les besoins fondamentaux et les aspirations communes de l'espèce humaine elle-même.

C'est ce programme, qui n'a pas encore été sa­tisfait dans ses points les plus urgents, que l'Union Créditiste des Électeurs veut imposer aux législa­teurs du pays, et qu'elle leur imposera dès que le peuple sera majoritairement éclairé et organisé dans ce sens.

L'Union Créditiste des Électeurs, dans onze comtés au moins, apportait une note nouvelle dans la campagne électorale. Et elle l'y apportait le plus naturellement du monde.

Le plus naturellement du monde, parce qu'elle ne faisait que continuer, à la face de tout un peuple agité par la fièvre de la politique, ce qu'elle faisait depuis des années, sans le tralala de la mise en scène électorale.

Hommes de passage et hommes de toujours

Avant la campagne électorale, au moins avant l'approche certaine d'un appel au peuple, que faisaient les partis politiques ? Où étaient ceux qui, pendant quatre semaines, ont roulé d'une tribune à l'autre, pour déverser les flots de leur éloquence, pour canoniser les leurs et invectiver les adver­saires ?

Où étaient-ils auparavant ? Et où sont-ils retour­nés une fois l'élection terminée ? Les verrez-vous encore et les entendrez-vous encore ?

Posez maintenant la même question au sujet des candidats, organisateurs et conférenciers de l'Union Créditiste des Électeurs. Où étaient-ils, et que faisaient-ils, avant la campagne électorale ?

Mais, ils étaient par toute la province, et ils fai­saient exactement ce qu'ils ont continué pendant la campagne électorale. Ils le faisaient six mois auparavant. Ils le faisaient deux ans auparavant, et, la campagne terminée, ils continuent de le faire avec la même ardeur.

Les orateurs et organisateurs créditistes que vous avez vu passer activement dans les onze comtés pendant quatre semaines, vous les trouviez sur tous les chemins de Nouvelle-France bien avant cette année. Et depuis cinq années, ils n'ont ni arrêté, ni changé une ligne à leur message.

La seule différence, c'est que, pendant ces semai­nes, ils ont concentré sur onze comtés les activités qu'ils déployaient dans plus de la moitié de la province au cours des dernières années. Vous con­tinuerez de les croiser sur toutes les routes de Nouvelle-France et de les entendre dans mille pa­roisses, plus souvent que ne le souhaiteraient les adversaires retournés à leur vie bourgeoise.

L'échec des candidats le jour du vote ne chan­ge rien au programme et n'enlève rien à l'ardeur des créditistes.

L'Union Créditiste des Électeurs ne cesse jamais son travail de propagande et d'organisation, parce que les électeurs, dont elle est faite tout entière, ne cessent jamais d'avoir une vie économique à orienter, une vie politique à assainir.

L'Union Créditiste des Électeurs porte le même message aujourd'hui qu'hier, et portera encore le même message demain, parce que, même en poli­tique et en économique, il existe telle chose que la vérité. Et ce qui était vrai hier l'est encore aujour­d'hui et le sera encore demain.