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Pillage bancaire en Italie

le dimanche, 01 octobre 1944. Dans Histoire bancaire

Un éditorial du Hobard Voice (de Hobard, Australie), du 22 avril dernier, reproduit dans le New Times, également d'Australie, donne des commen­taires sur ce qu'il appelle le pillage organisé par des banquiers dans l'Italie conquise.

Ce sont les généraux et les soldats alliés qui ont conquis la péninsule, mais c'est la finance organi­sée qui la pille. Les banquiers ne vont pas au front ; ils entrent quand le danger est passé et qu'il n'y a plus qu'à rafler une grosse part du butin.

Selon la remarque du Mirror d'Auckland (Nou­velle-Zélande) :

"Les financiers se sont empressés de suivre les Alliés sur le sol italien, dès que nos vail­lants soldats, marins et aviateurs, eurent ren­du la voie sûre pour eux. La fraternité ban­caire, représentée dans l'Amgot, jugeait l'heu­re opportune pour faire la moisson."

Les banquiers sont spécialistes dans l'art de piller.

L'Amgot (Allied Military Government of Oc­cupied Territories) est l'organisme chargé par les Alliés de voir à l'administration des territoires con­quis, en attendant le rétablissement des conditions normales de gouvernement.

Les financiers de l'Amgot fixèrent, sans délai, le taux du change de la monnaie italienne à 480 lires à la livre sterling. La lire est l'unité monétaire ita­lienne, et la livre sterling est l'unité monétaire an­glaise. Le taux courant du change, en temps de paix, était de 92 lires à la livre sterling. Les ban­quiers de l'Amgot demandent donc aux Italiens cinq fois plus de lires pour chaque livre sterling.

Autrement dit, lorsqu'un Allié met sur le comp­toir l'équivalent d'une piastre, l'Italien doit y met­tre l'équivalent de cinq piastres. Lorsqu'un Allié fournit l'équivalent d'un pain, l'Italien doit fournir l'équivalent de cinq pains - en termes d'avant-guerre.

Évidemment, les conditions du change varient, et elles ont certainement varié en faveur de l'ar­gent du vainqueur ; mais les banquiers, si prompts à pousser le cri d'inflation excepté quand ils la pra­tiquent eux-mêmes, soufflent justement sur l'infla­tion en Italie et activent la dépréciation de la lire italienne.

*    *    *

Certains peuvent croire que c'est à l'avantage des Alliés, et que les Alliés ont bien mérité cet avantage.

D'abord, il n'est pas du tout prouvé que ce soit à l'avantage des Alliés d'aigrir la population ita­lienne en l'exploitant à ce degré. Puis, nombre de maisons d'affaires italiennes sont débitrices de prê­teurs américains, pour des emprunts faits bien avant la guerre. Plus de 400 millions, selon l'ancien premier-ministre Nitti réfugié à New-York. Si, pour payer leurs intérêts annuels, elles doivent fournir cinq fois plus de revenu, on devine la sui­te : ou les prêteurs américains devront renoncer au taux annuel convenu, ou les maisons italiennes devront faire banqueroute. Et la banqueroute n'a pas ordinairement la vertu de satisfaire le créan­cier plus que le débiteur.

Comme le remarque Ivor Thomas, membre de la Chambre des Communes de Londres : depuis l'époque de Wellington, on a toujours donné aux soldats anglais des instructions strictes pour éviter tout pillage des territoires conquis ; mais voici que le gouvernement anglais, par l'intermédiaire de l'Amgot, conduit réellement un pillage organisé de l'Italie.

M. Thomas ajoute :

"On dirait que l'objet de cette politique est de rendre le monde sûr pour les banquiers. À quoi servira-t-il de débarrasser les Italiens de la dicta­ture fasciste, si c'est pour abattre des verges bri­tanniques sur leurs dos ?

"L'un des membres de cette organisation (l'Am­got) est membre de la firme bancaire Morgan, Grenfell & ; Co., et a été associé avec la Banque d'Angleterre et avec la Banco Italo Britannico. Un autre membre de l'Amgot a été associé avec la Ban­co Italo Britannico et aussi avec Robert Benson & ; Co. et avec la Banque des Lloyds (Lloyd's Bank). Un troisième, qui détient une fonction importante dans l'Amgot, a aussi été associé avec la Banque d'Angleterre."

Le pillage de l'Amgot aura des conséquences graves sur les relations futures des Alliés avec tout gouvernement démocratique qui pourra venir au pouvoir en Italie, car il est impossible d'établir des relations saines sur une base financière fausse qui entraîne l'asservissement des couches pauvres en Italie (le contraire de la démocratie). Ce taux de la lire est un nouveau décret (le Mammon bien as­sis sur son trône.

"La démocratie, écrivait Lord Bryce, n'a pas de pire ennemi que la Puissance d'Argent. Cet enne­mi, est formidable, parce qu'il opère par persuasion ou par déception plutôt que par la force ; il prend l'homme sans le mettre en garde. C'est partout un obstacle au bon gouvernement."

Les communistes ont la partie belle pour faire de la propagande en Italie et y fomenter des dé­sordres qui les serviront toujours.

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