On se demande partout, de plus en plus, pourquoi le gouvernement, qui trouve tout l'argent voulu pour les projets de guerre, n'en trouve pas autant pour les projets de paix.
Les socialistes, comme les C.C.F., disent : C'est parce qu'en temps de guerre on a la régimentation, donc il faut la faire aussi en temps de paix. Sacrifions la liberté et on aura l'argent.
Les banquiers, eux, se fichent autant que les C.C.F. de la liberté des personnes, mais ils jugent que le meilleur moyen d'immoler la liberté, c'est de n'en point parler et de rationner les hommes à tel point qu'ils accepteront n'importe quoi.
Sacrifices, sacrifices à tous les coins, avec le banquier comme sacrificateur, et la presse soumise comme prédicateur.
À preuve ce passage d'un éditorial du Melbourne Sun (Australie) du 30 novembre :
"À la question si souvent répétée, pourquoi les vastes sommes levées pour la guerre ne peuvent pas être trouvées pour financer des projets de paix, M. H. D. Giddy, président (chairman) de la Banque Nationale (National Bank), répond succinctement qu'il n'y a aucune raison, pourvu que le public consente à faire les sacrifices voulus (et c'est une condition essentielle).
"Si nous sommes prêts à accepter le rationnement permanent des denrées, à nous passer de cent choses de la tondeuse à gazon au corset, des bas de soie aux poêles électriques, et si nous consentons à continuer de payer indéfiniment des taxes très lourdes et à nous laisser cajoler ou menacer pour souscrire à des emprunts, alors, et alors seulement, le gouvernement pourra dépenser en temps de paix comme il dépense en temps de guerre."
Le Crédit Social, évidemment, offre une autre perspective.
L'Hon. Winston Churchill, alors chancelier de l'Échiquier, parlant à la Chambre anglaise des Communes :
"Je déclare très sérieusement que cette convulsion monétaire a maintenant atteint un degré où je suis persuadé que la production de nouvelle richesse ne tolérera pas indéfiniment une oppression aussi hideuse."