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Honte à l'Association des Banquiers !

le jeudi, 01 février 1945. Dans Banques

En 1942, un jeune employé de banque, au ris­que de sa vie, empêchait un malandrin de piller l'établissement. Le voleur fut arrêté, mais, ayant été blessé à mort par le commis, il ne put être condamné.

Or, l'Association des Banquiers Canadiens avait promis une récompense de $10,000 à qui ferait arrêter et condamner le voleur. Le jeune employé réclama sa récompense. Cet employé n'était payé que $11 par semaine par la banque. La récompense lui aurait certainement fait du bien.

Cependant, l'Association des Banquiers refusa, alléguant que, dans son offre, elle avait inséré une clause qui lui réservait le droit d'accorder ou de rejeter la demande.

Le cas fut porté en cour. L'Association des Banquiers vient d'avoir gain de cause, parce que, dit le Juge, je suis obligé de m'en tenir à la stricte interprétation de la loi. Mais, a-t-il ajouté, c'est un cas où l'équité est opposée à la loi. La clause insérée par les banquiers est arbitraire.

Les banquiers ont insisté pour une stricte in­terprétation de la loi. Donc, pour gagner sa cause, le jeune homme devait prouver que l'offre de ré­compense constituait un contrat liant l'Associa­tion qui l'avait faite. Mais la clause restrictive enlevait à l'offre son caractère de contrat et n'en faisait qu'une chose liée au bon vouloir des ban­quiers.

Or, on sait ce que valent le bon vouloir et le grand cœur des banquiers !

L'Association des Banquiers a aussi voulu faire valoir l'obligation pour le commis de défendre son patron contre tout vol. À ce sujet, le juge, Louis Loranger dit :

"Tenant compte de la misérable rémunération que le plaignant recevait $11 par semaine ou $44 par mois — la Cour demeure bouche bée d'é­tonnement. Doit-on attendre que, avec un tel salaire de famine, un employé de banque risque sa vie et celle de ses compagnons pour protéger la propriété d'un patron dénué de générosité ? Une telle suggestion se passe de commentaires... Les banques, en général, ne protègent pas suffisam­ment leurs employés contre les tentatives de vol. Et quand ces fidèles employés, dans un excès de zèle, tentent de prévenir le vol à main armée, que voyons-nous ? Nous voyons une association se réfugier derrière des points de droits pour justifier son refus de récompenser l'accomplissement d'un beau geste."

Voilà des remarques cinglantes : Les banques paient des salaires de famine. Elles sont dénuées de générosité. Elles voudraient quand même que leurs employés exposent leur vie pour elles. C'est un excès de zèle de la part des employés de ban­que de risquer leur peau pour de tels patrons... C'est le juge lui-même, qui prononce ces remar­ques bien méritées.

Suggestions aux employés de banque : Lors­qu'un cambrioleur vous menace du revolver, levez les bras en l'air sans hésiter. Il y a bien assez de fous qui se font mourir pour la piastre : n'ajoutez pas au nombre.

Suggestion aux cambrioleurs (s'ils lisent ces lignes) : Mettez un peu de chevalerie dans votre métier. Lorsque vous désirez piller une banque, commencez par prendre des dispositions, diplo­matiquement s'il le faut, pour que le grand prési­dent de la banque, membre de l'Association des Banquiers, soit sur les lieux lorsque vous entrez. Ayez un compagnon pour prendre soin du per­sonnel, mais braquez la plus grosse pièce sur le président et soyez décidés. Vous verrez s'il est prêt à donner sa propre vie pour sauver son coffre-fort. Faites-nous rapport de la scène, et nous publierons avec commentaires, sans frais.

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