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Une journée historique

le samedi, 15 mars 1941. Dans Autres

Le 21 mars marquera l'anniversaire de l'élection provinciale d'Alberta. Nos lecteurs se souviennent-ils de ce Jeudi-Saint 1940 ?

Les créditistes de tout le Canada — ceux de la Province de Québec autant que les autres — attendaient fiévreusement le résultat de l'élection qui maintiendrait Aberhart au pouvoir ou qui serait acclamée par ses adversaires comme l'enterrement solennel de l'aventure albertaine.

D'habitude, dès le soir même du scrutin, au plus tard dès la mise en branle des ondes hertziennes le lendemain matin, les résultats d'une élection, générale ou partielle, sont connus de Halifax à Vancouver. Or, par une conspiration organisée, pour suivre une consigne imposée, ni les agences de presse ni la radio, d'habitude si promptes et si bavardes, n'avaient encore trouvé le moyen de renseigner le public sur l'élection albertaine du 21 mars lorsque vint l'élection fédérale du 26 mars.

On peut être sûr que, si Aberhart et son groupe avaient été battus aux bureaux de votation, le monde entier l'aurait su avant minuit. Et les politiciens s'en seraient servis pour influencer le vote fédéral du mardi suivant. Le Crédit Social ayant remporté une brillante victoire, il fallait faire le silence !

Et il y a encore des gens qui avalent comme vérité d'évangile tout ce qui paraît en gros caractères dans la presse judéo-financière et son acolyte la presse de partis.

Félicitons aussi Aberhart d'avoir choisi le 21 mars comme date de son élection. Tout le pays, a pu être témoin de la fumisterie gigantesque qu'on veut nous faire prendre au sérieux : la division du peuple en deux grands partis politiques pour décider, non pas de ce que le peuple veut, mais de qui aura l'honneur de servir Banco.

On eut en même temps campagne fédérale et campagne provinciale.

Dans le domaine fédéral : les rouges dénonçant les bleus et réclamant le maintien au pouvoir ; les bleus dénonçant les rouges et voulant se faire hisser au pouvoir. Les uns et les autres laissent Banco parfaitement indifférent. Il se réjouit même de voir les citoyens très occupés à boxer les uns contre les autres, ce qui lui permet de continuer son intéressant régime en toute sécurité.

Banco encourage les divisions politiques qui distraient le peuple

Dans le domaine provincial : les rouges s'unissant aux bleus, sous l'instigation de Banco, pour repousser ce damné Crédit Social, la seule force au monde qui fasse Banco sortir de son humeur traditionnelle.

Banco fait l'union des partis politiques contre le sauveur du peuple

Et il en est encore qui croient que se battre furieusement pour des partis bénis par Banco constitue la quintessence de la démocratie !

Les boxeurs de Banco, avec leurs forces réunies, ont tout de même mangé une râclée en règle. Cette fois, la cour de Banco ne peut se plaindre d'avoir été prise au dépourvu comme en 1935.

Le vote albertain du Jeudi-Saint 1940 fut une victoire écrasante de la logique d'un peuple renseigné, contre la plus formidable coalition politico-bancaire jamais formée dans l'histoire électorale du Canada,

Il y avait de quoi figer d'effroi les organes de la presse et de la radio au moins jusqu'au dimanche de Quasimodo !

Louis EVEN

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