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Pour les reptiles

le vendredi, 01 novembre 1940. Dans Autres

Doctrine de lumière et d'inspiration si humanitaire, le Crédit Social devait voir se liguer contre lui toutes les puissances d'argent, tout le ramassis de veinards politiques, de coulissiers professionnels, d'intérêts inavouables.

D'où conclure que la doctrine créditiste, comme toute doctrine destinée à opérer une transformation saine dans un monde détraqué, aura connu les pires ennuis, le déni de justice, l'abus de force, sinon la persécution, de la part d'adversaires peu scrupuleux, furieux de se voir dépister, puis devancés dans l'estime de l'opinion honnête, puis livrés à la vindicte publique.

Et en a-t-on vu de ces plumitifs, de ces ergoteurs, s'escrimant à démolir, à salir même, l'une des plus belles doctrines politico-sociales parues dans le monde, préparant l'ère d'une période de justice et de bien-être national, et des mieux appropriées donc aux besoins de notre temps. Et cela, en faisant parade de leur ignorance du système nouveau, feignant même de ne pas vouloir le connaître. Vraiment seraient-ils de la race de ceux qui fuient la lumière, haïssent la vérité ? C'est pourtant de ceux-là que Paul Bourget disait : "Quand on hait la vérité, on est capable de tous les crimes."

Par contre, s'est-il rencontré comme providentiellement, à la naissance même de la doctrine, des voix hautement autorisées dans le monde religieux, qui se hâtèrent de rassurer les esprits en attendant un jugement définitif. Se sont même rencontrées aussi des voix d'évêques conseillant de l'étudier. On ne conseille pas l'étude d'une mauvaise doctrine. Lorsque le grand archevêque de Montréal, de vénérée mémoire, disposait, moralement, de la doctrine C. C. F., il n'en conseilla pas l'étude.

Après ces encouragements isolés accordés aux pionniers par des prêtres sociologues instruits, vint le jugement attendu. Une commission de neuf théologiens réputés — des experts, dirait-on en langage usuel — était instituée pour examiner la doctrine créditiste, qu'ils auscultèrent, disséquèrent, l'approfondissant avant de rendre leur verdict : ni communisme, ni socialisme. Ils n'y trouvèrent rien de contraire ni à la foi, ni au dogme, ni à la morale. Bien plus, leur rapport fait des rapprochements intéressants entre les textes des encycliques et les propositions du Crédit Social.

Conclusion d'où la doctrine sortit grandie, auréolée, avec un prestige centuplé, lui conférant presque une toute-puissance.

C'en était trop pour l'ogre capitaliste, bondissant de rage, qui se rua à la recherche d'influences protectrices. Quel fut le succès obtenu, nous n'en avons encore que des conjectures probantes.

Il y eut même une presse asservie, s'évertuant, à force de les ignorer, à affaiblir, à saper les conclusions des interprètes autorisés de la casuistique catholique appliquée au cas de la doctrine créditiste avec les rassurants résultats que l'on sait.

N'avons-nous pas ici une perfide entreprise de l'esprit des ténèbres, de nature à jeter les âmes sur le chemin de l'apostasie mieux que les appels du protestantisme ou que les menées de la franc-maçonnerie ?

Ce n'est pas pour rien que saint Augustin nous avertit que "la confiance envers le clergé, envers les prêtres, est une des plus grandes forces de l'Église", qui conditionne sa puissance d'action, de progrès dans les âmes.

Or, est-ce inspirer la confiance au prêtre que de mépriser, ignorer au besoin, les décisions d'un corps auguste de neuf théologiens, interprètes compétents, croyons-nous, de la doctrine catholique en matière, toujours délicate, de cas de conscience ?

Des moyens académiques furent mis de l'avant contre la doctrine créditiste. Puis on chercha à la jeter dans l'ombre en faisant diversion, en mettant de l'avant, comme si elle s'y opposait alors qu'elle lui est parallèle dans un autre ordre de choses, la doctrine corporatiste. À l'occasion des dernières campagnes électorales, n'a-t-on pas vu des chefs de partis, comme insinuant qu'ils avaient trouvé leur chemin de Damas, en route pour l'idée corporatiste ! Ces hommes n'en continuent pas moins à prôner la doctrine libérale qu'ils professent à l'égal d'une religion.

"Diviser pour régner" — voilà le but. Et pour ce, on joue la comédie. Combien parlent de corporatisme, parce que c'est de bon ton et propre à gagner la confiance surtout du clergé ? Qu'importe aux comédiens, protecteurs attitrés de la finance, cette sévère réprimande de l'illustre et regretté Cardinal Mundelein : "Il est grand temps qu'on cesse de poser des actes propres à laisser croire que l'Église se fait le paravent des financiers."

On aura donc vu, conjuguées contre le Crédit Social, toutes les formes de calomnie, de duplicité, qui n'auront réussi qu'à prouver la fourberie, la petitesse de ses détracteurs, et à rendre hommage à l'efficacité contenue dans le seul mouvement qui fait se cabrer les puissances d'argent.

Et la "grande doctrine" vivra, en jetant de la lumière, toujours plus de lumière.

É.-P. A.

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