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"Personne ne veut de nous"

le lundi, 01 juillet 1940. Dans Autres

Nous soumettons à la méditation de nos lecteurs la lettre suivante d'un jeune de Québec :

8, rue Couillard, Québec, 12 juin 1940.

Monsieur,

C'est avec plaisir que je voudrais m'enrôler effectivement dans les rangs de l'I. A. P. Je viens de terminer ma deuxième année d'étude à l'École des Sciences Sociales et Politiques. J'ai bien réussi et je suis content. C'est un bonheur relatif, car je ne travaille pas, personne ne veut de nous autres. Il y a même des heures où c'est révoltant.

Le monde nous offre le spectacle de la plus belle anarchie que nous ayons encore vue.

Je suis heureux de constater que la doctrine du Crédit Social frappe juste au point d'où viennent tous nos malheurs.

Je serais très heureux de pouvoir faire quelque chose pour vous en argent ; mais dans le moment, je n'ai pas un traître sou et mon père voudrait à tout prix que je travaille.

Si je pouvais vous être utile de quelque manière que ce fût, ce serait avec plaisir que je vous aiderais dans la grande œuvre que vous avez entreprise.

Bien à vous,

Lucien CLOUTIER, E. S. Sc.

★ ★ ★

Et vous entendrez encore de beaux rhéteurs crier à la paresse des sans-emploi. Des orateurs et des écrivains se pâment sur les souffrances des Européens pendant que le capital humain, la fleur du capital humain de leur pays dépérit sous leurs yeux.

La génération en charge devrait avoir honte de laisser à ses descendants un monde pire que celui qu'elle a reçu de ses pères.

Quant aux jeunes, nous souhaitons que nombreux soient ceux qui, comme ce correspondant, sortent des nuages où on les a trop souvent emmenés, reconnaissent où est le mal et, comme lui, s'enrôlent pour nettoyer le milieu temporel où ils doivent évoluer.

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