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L’éloquence de nos 65

le mardi, 01 avril 1941. Dans Autres

C'est sur les tréteaux, en temps d'élection, qu'ils sont éloquents, nos 65 et nos aspirants 65. Ils nous en donnent à digérer pour quatre ans, et eux-mêmes, en trois semaines, s'épuisent sans doute pour quatre années.

Il nous prit fantaisie l'autre jour, pendant que le train emportait notre matière vers Lac Mégantic, de promener notre esprit dans l'enceinte sacrée où l'on discute les grands problèmes canadiens : blé, taxes ; guerre, taxes ; budget, taxes ; etc., TAXES.

Sous les yeux, les débats de la Chambre des Communes de huit séances consécutives : 3, 4, 5, 6, 7, 10, 11 et 12 mars. Au total, 368 pages en deux colonnes.

Quelle place y occupent nos éloquents députés de la province de Québec ? Abstraction faite des ministres qui doivent subir, chacun leur tour, le feu des critiques et des interrogatoires ; abstraction faite des questions qui précèdent les débats ; abstraction faite aussi des quelques interruptions en quête d'esprit de M. Dupuy, par exemple, ou des courageux "Oh !... Drop... À l'ordre..." d'une soixantaine de rouges (s'ils sont là) lorsque l'unique bleu de la députation québécoise se permet de parler — nous n'avons au juste trouvé que deux interventions de députés de notre province : l'une justement de l'unique représentant conservateur, M. Roy, de Gaspé ; l'autre du député de Témiscouata, M. Jean-François Pouliot, qui n'est jamais embarrassé, même s'il n'a que des compliments ou des blâmes à distribuer à ses co-chambristes.

Le reste des 736 colonnes ? Les problèmes canadiens n'intéressent que les députés des autres provinces. Ou plutôt les nôtres ont le cerveau collectif du parti pour penser à leur place. 64 sur 65 sont du bon bord, qu'ils restent bien sages pour gagner leurs 4,000 dollars et garder l'espoir d'être appuyés aux prochaines élections.

★ ★ ★

Le correspondant de l'Action Catholique à Ottawa, M. Lorenzo Paré, remarque (18 mars) que, lors du débat sur l'entraînement militaire de quatre mois, qui était certainement d'intérêt pour la province de Québec, il n'y avait pas 5 de nos députés libéraux à la Chambre ; pas 5 sur 64 (le conservateur y était). Nombreux, ajoute le journaliste, sont ceux qui n'ont pas encore paru une seule fois en Chambre au cours de cette session.

Nos intérêts sont en bonnes mains... Pour quels services payons-nous donc ces phénomènes de nos comtés ?

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