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L'argent n'est qu'un chiffre qui représente les biens et services

Mgr Mathieu Madega Lebouakehan le mercredi, 01 octobre 2014. Dans Témoignages

Pourquoi laisser des gens créer des chiffres à notre désavantage

Mgr Mathieu MadegaMgr Mathieu Madega montre fièrement la croix pectorale qu’il a reçu en cadeau du cardinal Lacroix de Québec, lorsqu’il a célébré la messe à la cathédrale Notre-Dame de Québec le dimanche 24 août 2014.

Comme c’est l’habitude depuis plusieurs années, notre congrès international à Rougemont de 2014 a été précédé d’une session d’étude du 19 au 28 août, portant sur la démocratie économique (ou crédit social), vue à la lumière de la doctrine sociale de l’Église, basée sur le livre d’Alain Pilote, « La démocratie économique expliquée en dix leçons ».

Plus de 50 prêtres et fidèles d’Afrique et d’autres pays ont participé à cette session, dont Mgr Mathieu Madega Lebouakehan, évêque de Mouila et président de la Conférence des évêques du Gabon, dont c’était la troisième participation à une telle session à Rougemont. (À noter que la prochaine session d’étude à Rougemont sur le crédit social aura lieu du 20 avril au 2 mai 2015, suivie de notre semaine d’adoration du 3 au 10 mai.)

Mgr Madega devenu un ardent propagandiste du crédit social, en parlant partout, même lors de ses passages à Rome (il a remis en mains propres au Pape François notre livre des dix leçons), et en parle aussi aux évêques qu’il rencontre aux synodes à Rome, y compris le tout récent synode sur la famille (voir page 17.) Voici ce que Mgr Madega nous a dit à la conclusion de notre session d’étude à Rougemont, le 28 août 2014 :


« Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite, je ferai de tes ennemis un marchepied de ton Trône”. » (Psaume 110, 1.)

Mademoiselle Thérèse Tardif, Directrice, chers Directeurs, chers Pèlerins de saint Michel, monsieur l’Abbé Secrétaire Général de l’ACERAC (Association des conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale), chers prêtres, chères religieuses, chers fidèles engagés dans la sainte Mère Église catholique, et d’une manière spéciale cher Alain Pilote et Monsieur François de Siebenthal ;

Nous sommes venus ici pour prendre part à cette session de formation, pour laquelle nous disons merci au Seigneur. Et pour essayer de méditer avec vous le trésor que je refais mien, Jésus nous dit dans l’Évangile selon saint Jean (19, 10) : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance ». Donc :

  1. Nous devons vivre.
  2. Pour vivre, nous devons satisfaire nos besoins vitaux et quelquefois annexes.
  3. Pour y arriver, nous devons travailler.
  4. Mais même en travaillant, nous ne pouvons pas nous procurer tous les biens dont nous avons besoin.
  5. Aussi avons-nous besoin d’échanger des produits avec d’autres.
  6. Quel est donc le moyen d’échange ?
Mathieu Madega

Posons nous cette question: nous voulons simplement échanger entre nous les biens et services afin de vivre. Pourquoi alors laisser d’autres personnes s’ingérer dans nos transactions, toujours à notre désavantage ?

On va échanger une quantité de produits A contre une autre quantité de produits B. Dans cet échange, la monnaie n’est rien d’autre qu’une unité de mesure, une façon d’obtenir une concordance avec les produits. Elle peut s’appeler roche, plume d’oiseau, feuille d’érable, etc. Actuellement, nous l’appelons argent, monnaie.

La monnaie, qui peut être une unité arbitraire de mesure de biens et de services, permet les échanges entre producteurs et consommateurs. Notons bien : ce ne sont pas ceux qui échangent les produits, les biens et les services, qui ont des moyens aujourd’hui, mais bien d’autres personnes. Or, ces moyens changent au gré et au profit de ces fameuses autres personnes qui décident de ces moyens.

Posons-nous cette question : nous voulons simplement échanger entre nous les biens et services afin de vivre. Pourquoi alors laisser ces fameux autres s’ingérer dans nos transactions, à notre désavantage, et toujours à notre désavantage ?

Viendraient-ils pour faciliter nos échanges et nous permettre de vivre en paix, que cela nous ferait plaisir. Mais comment comprendre que nous introduisons, dans le cadre de nos échanges, une personne qui vient plutôt nous embêter.

Asseyons-nous. Ensemble et individuellement, pourchassons le péché capital de la paresse. Que dit ce péché ? « Ces autres, quoique ne faisant pas notre bonheur, laissons-les quand même penser à notre place, laissons-les décider de notre sort ! Non, non et non ! Que faire alors ?

Avec Douglas, Louis Even et les Pèlerins de saint Michel, à la lumière de l’enseignement officiel de l’Église, décidons de penser ; décidons de penser pour agir, décidons d’agir pour vivre. Et pour vivre autant que la Providence nous le permettra, heureux et prospères. Vivre bien sûr par la volonté de Dieu notre Père. Vivre en paix avec Dieu, vivre de Dieu, et aussi en paix avec les autres et entre nous.

Qu’est-ce que nous devons penser ? Penser que l’argent est un chiffre, et que le chiffre n’est pas la chose. Ici, j’ai un papier sur lequel j’ai écrit les mots « neuf chaises ». Mais il y a bien une différence entre ce papier sur lequel il y a les mots « neuf chaises » et les neuf chaises qui sont là devant moi. Si je broie ce papier sur lequel est écrit « neuf chaises », les neuf chaises qui sont devant moi ne disparaissent pas pour autant. Pensons donc que le chiffre est un chiffre, et nous acceptons ce chiffre dans la mesure où il nous permet de vivre.

Mais accepter qu’un chiffre nous ôte la vie, ce n’est pas digne de personnes qui pensent. Avec ou sans le papier où j’ai écrit « neuf chaises », les chaises existent, il n’y a pas de lien de nécessité entre les deux. L’argent n’est pas la chose, mais une désignation de la réalité quantités de choses. Donc l’argent est le symbole, et le symbole n’est jamais une chose.

En page 125 du livre des 10 leçons sur le crédit social, on peut lire : « Il suffirait qu’un seul pays se libère de cette dictature et donne l’exemple de ce que pourrait être un système d’argent honnête, émis sans intérêts par un Office National de Crédit, qui représenterait la richesse réelle de la nation, pour que le système d’argent-dette des banquiers s’écroule dans le monde entier. »

J’aimerais simplement y ajouter un mot : il suffirait qu’un seul pays s’en libère efficacement. Donc, pas une libération de façade ou de peinture mise sur la surface. Non, ça doit se faire avec une conscience nationale, pour montrer à toute personne que c’est cela la voie de la libération, parce que comme on l’a rappelé ici, la nature n’a fait dette à personne. Qu’est-ce que le Bon Dieu vous a prêté ? Il vous a tout donné. Et pourquoi, si Dieu nous donne, doit-on voler ce que Dieu nous donne pour le prêter aux autres ? Est-ce que vous trouvez cela normal ?

Quel est le problème ? Le problème central est que qui couvre un crime, enfante un mensonge. Or la petite qui a parlé hier, nous a dit que s’il y avait du Crédit Social partout, il n’y aurait pas de bandits.

Allons plus loin : si le crédit nous rebranche à Dieu le Père, créateur du ciel et de la terre, et si Dieu le Père nous donne les biens, trouvez-vous normal que ce qu’Il nous donne soit donné à ses enfants avec un intérêt, rendant ses propres enfants esclaves ? C’est contraire à tout bon sens. C’est que nous nous débranchons souvent de Dieu, Dieu qui est Lumière, et inévitablement nous tombons dans les ténèbres.

Comme l’a dit notre professeur (Pilote), il faut aussi beaucoup de rationalité. Pour affronter le monde universitaire, il faut leur faire découvrir la vérité des faits. Mais pas seulement la rationalité, il faut aussi une foi ardente, une foi qui aime même les mauvais banquiers. C’est avec l’amour que nous pouvons vaincre la méchanceté.

Si vous respirez la bonté, même à l’endroit de ces gens, jamais vous n’allez tomber, vous allez vaincre. Voilà pourquoi je vous invite, mes amis, à vous armer d’amour. Vous connaissez le chapitre 13 de la lettre de saint Paul aux Corinthiens, où il parle de l’amour qui ne passera jamais. Ayez la charité envers vous-même et envers les pauvres, mais aussi envers ceux qui nous font du mal, et vous pourrez passer à travers les mailles de ces prédateurs.

Je me suis laissé convaincre (par le crédit social), et c’est maintenant la troisième fois que je viens ici (à Rougemont). Pour me convaincre, il faut deux choses :

  1. Parler en bien de mon Dieu et de mon Église. Dieu est mon Père et l’Église est ma Mère.
  2. Dire des choses rationnelles et logiques. Si ce n’est pas rationnel et logique, je ne marche pas.

Nous avons appris à définir ici, le Crédit Social, comme étant le christianisme appliqué. Alors j’aimerais laisser à votre réflexion une équation. (L’équation se lit comme suit :

Crédit social = christianisme appliqué, ou en d’autres mots, CS = CA. Pour ceux qui ont fait les mathématiques et de l’algèbre, C égale C, donc S égale A, « social » égale « appliqué ».

Maintenant, inversons l’ordre des mots. Christianisme social = crédit appliqué. Pourquoi parler de « christianisme social » ? C’est l’Évangile du Jugement dernier (Mathieu, 25). Le christianisme social, c’est : « J’avais faim, j’avais soif, j’étais pauvre, j’étais blessé, j’étais en prison, etc. » Mais attention, ce n’est pas seulement cela, il y a plus.

Nous avions dit au début que « crédit social » égale « christianisme appliqué », et que « crédit appliqué » égale « christianisme social ». Faisons maintenant un peu de théologie :

Nous avons dit que « crédit » signifie « confiance ». Le mot chrétien pour désigner la confiance, c’est la Foi. Et le fondement du christianisme, c’est aussi la foi en Jésus. Et pour notre foi, nous devons avoir de l’Espérance. Nous n’avons pas le droit de ne pas espérer. Donc nous ne pouvons pas dire que le crédit social, ou la confiance, ou la Foi, ne verra jamais le jour. Le dire, c’est renoncer à aller au ciel.

Mais avec la foi, il faut aussi la charité, il faut les œuvres. Si donc le Crédit Social est le christianisme appliqué, nous sommes en train de nager dans le domaine de notre foi, dans le domaine de notre espérance, dans le domaine de notre charité. Voilà pourquoi les Papes ont parlé de l’homme et des conditions économiques difficiles, voilà pourquoi nous pouvons être ici, prêtres, religieux et religieuses. Parce que le Crédit Social c’est foi, espérance et charité, c’est la foi chrétienne.

J’aimerais donc que vous reteniez que le Crédit Social est le christianisme appliqué, ou que le crédit appliqué est aussi un christianisme social. Cela veut dire qu’une seule personne qui peut nous remonter du fond, c’est le Christ qui est ressuscité. Voilà ce que je voulais laisser à votre réflexion.

Nous allons partir d’ici en restant unis dans la prière, unis dans la foi, l’espérance et la charité. Et dans l’apostolat, nous allons nous rappeler de ces milliers de femmes au Brésil en 1964 qui ont vaincu le communisme grâce à la récitation du chapelet, et la Vierge Marie va nous aider. Merci à tous,

Mgr Mathieu Madega Lebouakehan

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