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DOCAT, un nouveau catéchisme sur la doctrine sociale de l’Église

Alain Pilote le lundi, 01 août 2016. Dans Catéchismes

La doctrine sociale de l’Église est un sujet d’une grande importance, puisqu’elle expose les grands principes de justice sur lesquels toute société qui se veut respectueuse de l’homme doit être basée. Cet enseignement social – formé principalement des encycliques sociales des papes depuis Léon XIII – est un véritable trésor, car s’il était appliqué, la face du monde serait changée, on aurait un monde plus conforme au plan de Dieu pour l’être humain.

Cependant, comme l’ont déjà souligné plusieurs évêques, cette doctrine sociale est pratiquement l’un des «secrets les mieux gardés de l’Église», car ignorée non seulement par la société en général, mais même par la plupart des catholiques – et donc pas mise en pratique. Une des raisons de cette ignorance est le fait que justement, cet enseignement se retrouve dans plusieurs encycliques écrites sur une période de plus de 100 ans, et donc pas nécessairement facile d’accès pour tous.

Dans son exhortation apostolique sur l’Église en Amérique, signée en 1999, saint Jean-Paul II mentionnait qu’il «serait très utile d’avoir un compendium ou une synthèse approuvée de la doctrine sociale, y compris un catéchisme qui montrerait le lien entre la doctrine sociale et la nouvelle évangélisation.» Pour répondre à ce souhait du Pape Jean-Paul II, le Conseil Pontifical Justice et Paix publiait, en octobre 2004, le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église, un livre de 330 pages de texte plus un index de 200 pages, qui résumait les grands textes du Magistère sur l’enseignement social de l’Église.

D’avoir tout résumé en un seul livre était déjà un tour de force, mais avec plus de 300 pages, ça demeurait néanmoins une lecture difficile pour la plupart des gens. Toutefois, un catéchisme sur la doctrine sociale de l’Église, comme le souhaitait Jean-Paul II, restait encore à faire.

Le DocatEt bien! Cela est maintenant chose faite! Le 27 juillet 2016, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse tenues à Cracovie, en Pologne, un nouveau catéchisme pour les jeunes, sous forme de questions et réponses, et portant précisément sur la doctrine sociale de l’Église, était publié: le «DOCAT» (prononcez dou-catte, du verbe anglais to do, faire, et catéchisme), réalisé sous la direction de la Conférence des évêques catholiques d’Autriche – les mêmes éditeurs d’un autre catéchisme semblable pour les jeunes, le «YOUCAT», à couverture jaune, reprenant celui-là le gros Catéchisme de l’Église catholique, publié par le Vatican en 1992. C’est le Pape François lui-même qui a écrit la préface de ce nouveau catéchisme, qu’il vaut la peine de reproduire ici en entier:

«Chers jeunes! Mon prédécesseur, le pape Benoît XVI, vous avait remis le YOUCAT, le catéchisme pour les jeunes. Aujourd’hui, je souhaite vous offrir le DOCAT qui présente la Doctrine sociale de l’Église.

«Dans le titre, il y a le mot anglais «faire»: to do. Le DOCAT répond à la question: «que faire?» – un mode d’emploi en quelque sorte pour nous aider par le biais de l’Évangile à d’abord nous changer nous-mêmes, pour ensuite changer notre entourage immédiat, et au final changer le monde entier. Car, de par la force de l’Évangile, nous sommes capables de vraiment changer [e monde.

«Jésus a dit: «Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.» Beaucoup de saints ont été touchés au plus profond d’eux-mêmes par ce passage de l’Évangile. C’est la raison pour laquelle saint François d’Assise a complètement changé de vie. Mère Teresa s’est convertie à cause de cette parole. Et Charles de Foucauld témoigne: «Il n’y a pas, je crois, de parole de l’Évangile qui ait fait sur moi une plus profonde impression et transformé davantage ma vie que celle-ci: “Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites.” Si on songe que ces paroles sont celles de la bouche de Jésus, la parole éternelle de Dieu, et que cette même bouche a dit: “ceci est mon corps”, “ceci est mon sang”, avec quelle force on est porté à chercher et à aimer Jésus dans ces petits, ces pauvres.»

«Chers jeunes amis! Notre planète touchée par le terrorisme et la violence, ne peut devenir plus humaine que par la conversion du cœur, c’est-à-dire: patience, justice, sérénité, dialogue, incorruptibilité, solidarité avec les victimes, les pauvres et les plus pauvres, don de soi sans limite, un amour qui va même jusqu’à la mort pour l’autre. Une fois que vous avez compris cela, alors, chrétiennes et chrétiens engagés, vous pouvez changer le monde. Avec tout ce qui se passe dans notre monde actuellement, il faut que ça change. Quand aujourd’hui un chrétien ferme les yeux devant les nécessités des plus pauvres des pauvres, alors de fait, il n’est pas chrétien!

Jésus prêchant
«L’Esprit du Seigneur est sur moi... pour porter la bonne nouvelle aux pauvres.» (Luc 4, 18.)

«Ne pouvons-nous pas faire plus pour que cette révolution d’amour et de justice devienne réalité dans de nombreuses régions de notre monde si tourmenté? La doctrine sociale de l’Église peut aider tant de monde! Sous la direction avertie des cardinaux Christoph Schônborn et Reinhard Marx, une équipe s’est mise au travail pour apporter à la jeunesse du monde le message libérateur de la doctrine sociale catholique. Des spécialistes de renom y ont collaboré ainsi que des jeunes. De jeunes catholiques, filles et garçons du monde entier, ont envoyé leurs plus belles photos. D’autres jeunes se sont penchés sur les textes, ont apporté leurs questions et leurs remarques, pour être sûrs que le tout soit bien compréhensible.

«La doctrine sociale appelle ça «participation»: contribution! L’équipe a donc elle-même mis en pratique un principe important de la doctrine sociale. Le DOCAT est devenu un guide formidable pour l’agir chrétien. Ce qu’aujourd’hui on appelle la doctrine sociale catholique, a vu le jour au XIXe siècle. Avec l’industrialisation, un capitalisme brutal est apparu: un type d’économie qui détruit l’humain. De grands industriels sans scrupule imposaient à la population rurale appauvrie de trimer pour un salaire de misère dans des mines ou des usines sordides. Les enfants ne voyaient plus la lueur du jour. Ils étaient envoyés comme des esclaves sous terre pour tirer les wagons houillers.

«Au vu de cette situation dramatique, des chrétiens se sont engagés de toutes leurs forces, mais ils ont constaté que cela ne suffisait pas. Alors, ils ont développé des idées pour agir contre cette situation injuste, au niveau de la société et de la politique. Le véritable document fondateur de la doctrine sociale catholique est et demeure l’encyclique du pape Léon XIII, Rerum Novarum de 1891, sur les nouveaux problèmes sociaux. Le pape écrivait de manière claire et sans équivoque: «Ce serait un crime à crier vengeance au ciel, que de frustrer quelqu’un du prix de ses labeurs.» L’Église met toute son autorité en jeu pour lutter en faveur des droits des travailleurs.

«Au fil des années et selon les besoins du moment, la doctrine sociale catholique s’est encore enrichie et affinée. Beaucoup ont débattu autour de la communauté, de la justice, de la paix et du bien commun. Et on arriva aux principes de personnalité, solidarité et subsidiarité, que le DOCAT explique également. Mais au fond, la doctrine sociale ne vient pas de tel ou tel pape, ni de tel ou tel érudit. Elle vient du cœur de l’Évangile. Elle vient de Jésus lui-même. Jésus est la doctrine sociale de l’Église.

«Dans mon exhortation apostolique Evangelii Gaudium, j’écris: «une telle économie tue», car il existe aujourd’hui encore une «économie de l’exclusion et de la disparité sociale». Il y a des pays où 40 % à50 % des jeunes sont au chômage. Dans de nombreuses sociétés, les personnes âgées sont mises à l’écart, car elles n’ont apparemment aucune «valeur» et qu’elles ne sont p[us «productives». Des régions rurales entières sont dépeuplées parce que les pauvres cherchent refuge dans les bidonvilles des métropoles, en espérant y trouver encore de quoi survivre. La logique productiviste d’une économie globalisée a détruit les humbles structures économiques et agricoles de leurs régions d’origine. Environ 1% de la population mondiale possède aujourd’hui 40 % de la totalité de la fortune mondiale et 10 % de la population mondiale en possède 85 %. Par ailleurs, la moitié de la population mondiale n’en «possède» que tout juste 1%. 1,4 milliard d’êtres humains vivent avec un peu moins d’un euro par jour.

«Si aujourd’hui je vous invite tous à vous imprégner à fond de la doctrine sociale de l’Église, je ne rêve pas seulement de groupes assis sous les arbres et qui en discutent. C’est bien! Faites-le! Mais mon rêve va plus loin: je rêve d’un million de jeunes chrétiens, de préférence même toute une génération, qui soient pour leurs contemporains la «doctrine sociale à deux pattes». Rien ne pourra changer le monde que des personnes qui, avec Jésus, donnent leur vie pour ce monde, qui, avec Jésus, vont jusqu’aux périphéries – jusqu’au beau milieu de la crasse. Lancez-vous aussi en politique, luttez pour la justice et la dignité de l’homme, spécialement pour les plus pauvres. Vous êtes tous l’Église. Faites-en sorte que cette Église se transforme, qu’elle devienne vivante parce qu’elle se laisse interpeller par les cris des opprimés, par les supplications des nécessiteux et de tous les laissés-pour-compte.

«Et mettez-vous vous-même en mouvement. Si beaucoup s’y attellent ensemble alors le monde ira mieux, et les hommes sentiront que l’Esprit de Dieu agit à travers vous. Et peut-être serez-vous alors comme des torches qui leur éclairent le chemin vers Dieu.
«Je vous offre donc ce formidable recueil pour qu’il allume un feu en vous. Je prie pour vous tous les jours. Priez pour moi vous aussi!» (Fin de la préface.)

En lisant ces dernières lignes du Saint-Père, nous aussi nous nous mettons à rêver d’une multitude de jeunes qui se mettent non seulement à étudier le crédit social (ou démocratie économique), mais à devenir des «torches» pour le faire connaître aux autres. Louis Even a dit : «Le Crédit Social est une lumière sur mon chemin, il faut que tout le monde connaisse ça.» Et il a été jusqu’à quitter son emploi, et donner consacrer toute sa vie, justement parce que l’application du Crédit Social viendrait en aide aux pauvres.

Jeunes et moins jeunes, prenez le temps d’étudier le Crédit Social, de lire les articles et livres sur le sujet, et même de venir à une de nos sessions d’étude sur le sujet à Rougemont. Et vous aussi vous vous écrierez comme Louis Even: «Quelle lumière! Il faut que tout le monde connaisse ça!» C’est réellement une cause pour laquelle il vaut la peine de donner toute sa vie. Henry Ford disait un jour: «La jeunesse qui pourra résoudre la question monétaire fera plus pour le monde que toutes les armées de l’histoire.» Alors, jeunes et moins jeunes, c’est dans l’armée des Pèlerins de saint Michel de Vers Demain qu’il faut s’enrôler!

Voici maintenant quelques questions et réponses tirées du DOCAT, avec nos commentaires en italique, tirés de notre livre La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l’Église :

Q. 22: Pourquoi l’Église a-t-elle élaboré une doctrine sociale?

Au plus profond de lui-même, l’homme est un être social. Au ciel comme sur la terre, il est dépendant de la communauté. Dans l’Ancien Testament déjà, Dieu donne à son peuple des consignes pour vivre ensemble et des commandements pour mener une vie bonne et juste. Notre raison est capable de distinguer des structures justes ou injustes, nécessaires pour ériger un ordre social juste. Par sa vie, Jésus nous enseigne que la justice doit être d’abord empreinte d’amour. Notre idée moderne de solidarité est empreinte du concept chrétien de l’amour du prochain.

Q. 23: À quoi sert la doctrine sociale?

La doctrine sociale a deux tâches à remplir:

Mettre en évidence les prérequis pour tout agir social et juste, tels qu’ils apparaissent dans l’Évangile.

Pointer du doigt, au nom de la justice, les structures économiques, sociales ou politiques en contradiction avec le message de l’Évangile.

La foi chrétienne est très consciente de la dignité de l’être humain; elle en tire une série de principes, normes et valeurs qui permettent d’organiser un ordre social libre et juste. Les principes de la doctrine sociale sont certes très clairs, cependant ils doivent être repensés en permanence à la lumière des questions sociales qui se posent dans l’actualité. En mettant en oeuvre sa doctrine sociale, l’Église devient l’avocate de tous ceux qui – pour différentes raisons –ne sont pas capables d’élever leur propre voix, et qui souvent sont le plus directement concernés par des structures injustes.

Q. 24: Qui est-ce qui définit la doctrine sociale de l’Église?

Tous les membres de l’Église, en fonction de leur tâche et de leur charisme, participent à l’élaboration de la doctrine sociale. Ses principes ont été déclinés dans d’importants documents de l’Église. La doctrine sociale fait partie de l’enseignement officiel de l’Église. Le magistère de l’Église (c’est-à-dire le pape et les évêques en communion avec lui) n’a de cesse de rappeler à l’Église et à l’humanité quelles sont les caractéristiques d’une société sociale, juste et pacifique.

Q. 158: Qu’est-ce que l’économie?

Par économie, on comprend le secteur de notre réalité sociale où l’on peut satisfaire ses propres besoins matériels et ceux de ses proches. Dans l’économie, il est question de production, de distribution et de consommation de biens et/ou de prestations de services.

Q. 159: Quel est l’objectif de l’économie?

L’objectif de l’économie, c’est de fournir à tous ce dont ils ont matériellement besoin pour vivre. Les ressources (matières premières, machines, sol et terrain, main-d’œuvre, etc.) sont limitées. Nous devons donc créer des normes économiques ou organiser l’économie de telle manière que ces ressources limitées puissent être utilisées de la manière la plus efficace et la plus raisonnable. L’homme, libre, est l’auteur, le centre et le but de toute activité économique. Comme dans tout autre domaine de notre agir en société, la dignité de la personne humaine et le développement du bien commun sont des points centraux.

Note de Vers Demain: Dans la leçon 1 de «La Démocratie économique», le but de l’économie est défini ainsi: faire les biens joindre ceux qui en ont besoin, ce qui en pratique signifie que les gens doivent avoir un pouvoir d’achat suffisant pour se procurer au moins le nécessaire pour vivre.

Q. 168: Comment doit réagir le chrétien en situation de pauvreté?

Il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour se sortir lui-même et sa famille de la pauvreté, par un travail bien fait et durable. Souvent il faudra dépasser, en collaboration avec d’autres, des «mauvaises» structures et des forces injustes qui empêchent les pauvres d’accéder à la propriété, à l’autosuffisance et à une amélioration matérielle.

Q. 171: Le capitalisme est-il compatible avec la dignité humaine?

Au vu de l’échec de l’économie planifiée et centralisée du système soviétique, Jean-Paul II a écrit: «Si, sous le nom de “capitalisme” on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l’entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive, même s’il serait peut-être plus approprié de parler d’“économie d’“entreprise”, ou d’“économie de marché”, ou simplement d’“économie libre”. Mais si par “capitalisme” on entend un système où la liberté dans le domaine économique n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme qui la met au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière, dont l’axe est d’ordre éthique et religieux, alors la réponse est nettement négative (Centesimus annus, 42.)

Dans la leçon 13 de la Démocratie économique, on peut lire: «Ce que l’Église reproche au capitalisme actuel n’est donc pas la propriété privée ni la libre entreprise. Au contraire, loin de souhaiter la disparition de la propriété privée, l’Église souhaite plutôt sa diffusion la plus large possible pour tous, que tous soient propriétaires d’un capital, soient réellement “capitalistes”. Le Crédit Social, avec son dividende à chaque individu, reconnaîtrait chaque être humain comme étant un véritable capitaliste, propriétaire d’un capital, cohéritier des richesses naturelles et des inventions des générations précédentes.

Ce que l’Église reproche au système capitaliste, c’est que, précisément, tous et chacun des êtres humains vivant sur la planète n’ont pas accès à un minimum de biens matériels, permettant une vie décente. C’est le principe de la destination universelle des biens qui n’est pas atteint: la production existe en abondance, mais c’est la distribution qui est défectueuse.

Et dans le système actuel, l’instrument qui permet la distribution des biens et des services, le signe qui permet d’obtenir les produits, c’est l’argent. C’est donc le système d’argent, le système financier qui fait défaut dans le capitalisme... Le Pape Pie XI écrivait dans son encyclique Quadragesimo anno, en 1931: «Le capitalisme n’est pas à condamner en lui-même, ce n’est pas sa constitution qui est mauvaise, mais il a été vicié.»

Q. 172: Y a-t-il un «modèle économique chrétien»?

Non. L’Église est tenue d’annoncer l’Évangile, son rôle n’est pas de se lancer dans des surenchères sur divers modèles économiques et des solutions techniques. Cette exigence selon laquelle l’économie doit être au service de l’homme et du bien commun, s’adresse à toute raison qui s’oriente par rapport au postulat de la dignité humaine.

Dans la leçon 14 de «La Démocratie économique», on peut lire: «Les Papes n’approuveront jamais publiquement aucun système économique, telle n’est pas leur mission: ils ne donnent pas de solutions techniques, ils ne font qu’établir les principes sur lesquels doit être basé tout système économique véritablement au service de la personne humaine, et ils laissent aux fidèles le soin d’appliquer le système qui appliquerait le mieux ces principes.»

Un système sera bon ou non dans la mesure où il correspond à ces principes de l’Église. Les solutions peuvent varier, mais à notre connaissance, aucune autre solution n’appliquerait aussi parfaitement la doctrine sociale de l’Église que le Crédit Social, et c’est pour cela que Vers Demain a choisi de le diffuser. Mais le plus loin où l’Église pourra se prononcer au sujet du Crédit Social, c’est qu’il ne contient rien de contraire à l’enseignement de l’Église, et que tout catholique est libre d’y adhérer et de le propager. C’est exactement la conclusion à laquelle est parvenue une commission de neuf théologiens, nommés par les évêques du Québec pour étudier la question à savoir si le Crédit Social était entaché de communisme ou de socialisme.

Q. 175: L’argent est-il mauvais en soi?

Non. L’argent n’est ni bon ni mauvais. L’argent est un moyen d’échange, une référence; une réserve pour l’avenir; un moyen pour soutenir ce qui est bien, ou sauvegarder du mal. L’argent ne doit jamais devenir une fin en soi. Jésus dit clairement: «Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et Mammon» (Mt 6, 24). L’argent peut devenir une idole et une addiction. Celui qui court avec cupidité derrière l’argent, deviendra bientôt l’esclave de sa convoitise.

«Je rêve d’un million de jeunes chrétiens, de préférence même toute une génération, qui soient pour leurs contemporains la “doctrine sociale à deux pattes”. Rien ne pourra changer le monde que des personnes qui, avec Jésus, donnent leur vie pour ce monde...»
– Pape François

Dans la leçon 13 de «La Démocratie économique», on peut lire: «L’argent devrait être un instrument de service, mais les banquiers, en se réservant le contrôle de la création de l’argent, en ont fait un instrument de domination: Puisque le monde ne peut vivre sans argent, tous – gouvernements, compagnies, individus – doivent se soumettre aux conditions imposées par les banquiers pour obtenir de l’argent, qui est le droit de vivre dans notre société actuelle. Cela établit une véritable dictature sur la vie économique: Les banquiers sont devenus les maîtres de nos vies, tel que le rapportait très justement encore Pie XI dans Quadragesimo anno (n. 106):

«Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent et du crédit, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut plus respirer.»

Q. 188: Comment agir de manière juste dans le domaine économique?

Dans l’activité économique, on agit de manière juste en donnant aux autres ce qui leur est dû. Cela signifie en premier lieu de respecter les contrats et les accords, de livrer en temps et en heure des marchandises de bonne qualité, et de payer ses factures dans les délais impartis. Pour être juste, un contrat doit avoir été conclu librement, c’est-à-dire sans avoir recours à des stratagèmes, à la crainte ou à la force. Le partenaire commercial trop écrasant qui obligerait les autres à accepter ces conditions, agirait injustement.

C’est saint Thomas d’Aquin qui définit la justice comme étant de rendre à chacun ce qui lui est dû. Le Crédit Social enseigne que ce qui est dû à chacun, c’est un dividende mensuel, en tant que cohériter des richesses naturelles et du progrès.

Q. 190: Quels sont les «péchés» de l’économie?

Dans l’activité économique également, on assiste malheureusement trop souvent à des arrangements crapuleux, à des abus et à de la fraude. Tous ceux qui agissent de la sorte, détruisent le véritable capital de toute entreprise: la confiance. En effet, sans confiance, l’économie ne peut pas fonctionner: il faut pouvoir se fier à la parole donnée, au contrat signé. On acquiert la confiance en étant fiable, et on la gagne en faisant preuve d’un comportement vertueux. Dans le monde économique, il faut surtout craindre la cupidité, la corruption et toute forme d’injustice comme le vol, la fraude, l’usure, l’exploitation, etc.

Dans la leçon 1 de «La Démocratie économique», Geoffrey Dobbs définit les mots «crédit social» comme étant, avant même d’être une réforme monétaire ou économique, la confiance ou croyance mutuelle dans chaque autre membre de la société (par exemple, la confiance que tous observent les mêmes règlements de la route, la confiance que l’étiquette d’un produit indique bien son contenu, etc.) Dobbs fait remarquer à juste titre que ce crédit social, ou confiance en la vie en société, atteint son niveau maximum lorsque la religion chrétienne est pratiquée, et atteint son minimum lorsqu’on nie le christianisme ou qu’on s’en moque. (Donc ceux qui ne voient dans le Crédit Social qu’une simple réforme monétaire, et veulent mettre la religion de côté, n’ont absolument rien compris du crédit social, et sont dû pour une session d’étude!)

Le Pape François aux JMJ de Pologne

Alain Pilote

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