par Lucille Quinlan
D'une conférence donnée à Melbourne, en Australie, par Mme Lucille Quinlan (en 1957) :
Il y en a parmi nous qui croient que le progrès est constant et inévitable dans tous les domaines. Et pour le prouver, ils donnent l'exemple de la femme moderne. A-t-elle jamais été plus libre, plus instruite, plus belle ? demandent-ils.
Ces gens-là se font illusion. La femme moderne est de plus en plus déféménisée, dépouillée de ses prérogatives de gardienne du foyer et éducatrice de ses enfants, forcée de sortir de sa maison sous la pression des circonstances, appauvrie spirituellement par une éducation matérialiste, affaiblie dans son corps jusqu'à être rarement capable d'allaiter ses propres enfants plus d'un mois ou deux.
La situation de la femme au cours de l'histoire a toujours été une indication sûre de la santé d'une société. Le statut de la femme s'est élevé ou abaissé selon le flux ou le reflux de chaque grande période.
Dès les premiers temps du christianisme, on tenait comme établi que l'éducation des femmes est aussi importante que celle des hommes. Saint Jérôme fonda même une école où l'on enseignait aux dames les langues classiques et la théologie... Tertullien écrivit tout un traité sur l'éducation de la femme.
Dans les grands âges de l'Angleterre, l'éducation des femmes n'était certainement pas négligée. Éducation étendue et variée. C'est seulement lorsque le roi Henri VIII fit fermer les écoles de couvents et de monastères que l'éducation des femmes cessa d'être générale et subit un recul pendant deux siècles...
Les prophètes de l'utopie socialiste, les promoteurs de l'embauchage intégral, des femmes comme des hommes, qualifient d'esclavage la vie de la femme au foyer, où, disent-ils, elle est condamnée à porter et élever des enfants, et à passer ses journées dans des corvées monotones qui étouffent son être. Et ils saluent l'ère nouvelle : l'ère des pouponnières et des "maternelles" où la mère dépose ses tout-petits, puis, attachant une clé de la maison au cou de ceux de sept à douze ans, s'en va, elle, exprimer sa personnalité derrière un comptoir, un clavigraphe ou une machine quelconque.
Pourtant, comme le remarque Chesterton, c'est encore la femme au foyer qui connaît le travail le plus varié et le plus profondément satisfaisant.
La plupart du temps, la femme "émancipée" est astreinte à répéter les mêmes mouvements, le même travail, heure après heure, jour après jour, semaine après semaine, pour une production dictée dont la destination est pour elle anonyme.
La femme au foyer, elle, sans être exempte de certaines répétitions, rencontre la variété dans ses diverses fonctions de cuisinière, d'infirmière à l'occasion, de jardinière, de couturière, de blanchisseuse, de décoratrice, etc., etc. Tout cela, soutenu par la chaleur de l'amour et la conscience de répondre à des besoins humains précis ; — avec la dignité d'une maîtresse dans son propre domaine, au lieu d'être une vague figure derrière un comptoir, une ombre derrière une machine, un numéro sur une liste de paye.
Quand la femme est absente du foyer la plus grande partie de la semaine, la vie de famille est tuée à sa source.
Malheureusement, hélas ! avec des contributions scolaires à payer, des factures de médecin, des versements périodiques à rencontrer sur des meubles achetés à crédit, des loyers ou des paiements mensuels sur la maison, etc., il arrive que bien des femmes qui préféreraient réellement demeurer à la maison sont obligées d'aller grossir la foule qui fait queue aux stations de transport suburbain, en attendant de s'engouffrer et se presser dans les autobus ou les trains à destination de la grande ville. Et ce mal atteint jusque dans des campagnes, car le manque de pouvoir d'achat n'épargne personne.
Bryan Monahan a pu écrire : "Que de femmes s'entassent dans le système de transport pour aller travailler pour gagner de l'argent pour payer des appareils domestiques qui leur permettent d'aller s'entasser dans le système de transport pour aller travailler pour aller gagner de l'argent, etc., etc, ad nauseam."
Allez vous asseoir à la station de la rue Spencer, au petit matin, et vous les verrez : de jeunes mariées, au doigt desquelles brille un anneau nuptial tout neuf, qui devraient être au logis, à savourer le bonheur de leur paradis nouvellement acquis et à amasser des forces en vue des tâches maternelles qui les attendent ; — de jeunes mères dans la vingtaine ou au début de la trentaine, qui ont laissé leurs enfants dans une pouponnière ou entre les mains de mercenaires annonçant leur métier, "gardeuses d'enfants pendant que la mère est à son emploi" ; — des femmes d'âge moyen, à la peau jaunie et aux yeux ternes, qui devraient être à des plates-bandes dans un jardin de banlieue, au grand air frais, au lieu de passer leurs journées, sur des pieds fatigués, autour de tables ou derrière le comptoir de cafétérias embués, ou au lavage de plats et d'assiettes huit heures par jour...
Tant que la femme reste au foyer, la maison est une forteresse où les enfants se sentent soignés et en toute sécurité. Tandis qu'avec la mère partie, les petits enfants ne sont plus qu'articles de nuisance, que paquets à laisser dans une crèche ou une pouponnière de jour. Et pour les enfants un peu plus grands, la maison sans la mère n'est qu'une place morte, un lieu ennuyeux à déserter en hâte pour la rue. Et là le désastre commence.
La maison où la femme demeure est une forteresse, ai-je dit. À la vérité, cette femme elle-même est une forteresse, à tous les points de vue. Les francs-maçons s'en réndent compte et l'avouent à leur façon, quand ils disent d'elle qu'elle est le dernier retranchement des forces "obscurantistes " (c'est ainsi qu'ils désignent la religion) barrant la voie de leur "progrès".
Une femme ancrée à demeurer à son foyer tiendra à y régner en maîtresse. Elle insistera pour prendre soin de ses enfants et les élever à sa propre manière. Elle résistera à l'ingérence de l'État en matière de santé et d'éducation. Elle développera chez elle et chez les siens l'indépendance et la confiance en soi. Elle rayonnera et enseignera les vérités morales.
Toutes ces choses sont évidemment un rempart contre ce que les francs-maçons et les collectivistes veulent imposer sous le faux nom de "p-r-o-g-r-è-s". On peut voir là l'explication de ce qu'ils veulent faire passer pour une tendance de la société actuelle, un attrait des femmes vers l'emploi dans l'industrie — quand c'est bien plutôt une poussée commandée des femmes dans l'industrie, rendue impérative par des circonstances créées artificiellement.
Dans la quatrième décennie du 19e siècle, un publiciste et homme politique français, Alexis de Tocqueville, visitait les États-Unis. La démocratie américaine était alors dans ses beaux jours. De Tocqueville, analysant les raisons du progrès remarquable de cette république, écrivait :
"Quant à moi, je n'hésite pas à déclarer que, si les femmes des États-Unis sont confinées au cercle étroit de leur vie domestique et si, sous certains aspects, elles sont dans un état de dépendance, je n'ai pourtant rencontré nulle part des femmes occupant une position plus élevée. Et si l'on me demandait à quoi il faut surtout attribuer la prospérité frappante et la force croissante du peuple américain, je répondrais : À la supériorité de ses femmes."
Il n'y a pas besoin de dire que si de Tocqueville revenait aujourd'hui, il aurait un tableau bien différent à dépeindre. Dettes, taxes, achats à paiement différés, supermarchés, frigorifiques, futiles clubs féminins, annonces à haute pression, journalisme corrompu — tout cela a contribué à user ou détruire les belles caractéristiques que l'observateur français admirait tant et qui lui semblaient solides comme roc...
Je ne voudrais pas terminer sur ces notes et laisser une impression de pessimisme. La situation n'est pas sans redressement possible. Le négatif peut faire place au positif. La vérité peut détrôner le mensonge.
L'introduction dans notre vie économique d'un système financier sain, conforme au réel, contribuerait immensément à ce redressement. Sans doute, le monde n'en deviendrait pas parfait pour autant, car les hommes seront toujours imparfaits. L'homme n'est pas simple ; mais un simple changement bien ordonné dans le mécanisme financier libérerait toutes sortes de complexes humains qui sont aujourd'hui frustrés et dont les possibilités sont sans limites.
Si chacun de nous pouvait financièrement organiser sa vie selon son goût personnel, y en aurait-il beaucoup à choisir de vivre parqués dans de grandes villes industrielles ? Est-ce que l'automation croissante et un revenu généreux ne nous permettraient pas de nous contenter de quelques heures par semaine en ville et de nous établir dans des communautés rurales ? Demeurer à la campagne, où l'artisanat et les arts pourraient fleurir ; — où les hommes pourraient produire pour leurs familles des aliments sains, non contaminés par toutes sortes d'ingrédients chimiques ; — où l'on pourrait reprendre avec le sol et avec la nature un contact qui semble indispensable à une vie véritablement bien équilibrée...
Lucille Quinlan
Seules les banques font des bénéfices en temps de récession. La Banque Nationale, durant les mois de mai-juin-juillet 1993, a fait un bénéfice de 47 millions $. La Banque Toronto Dominion, un bénéfice de 102 millions $. Et la Banque de la NouvelleEcosse, durant les années 1992-1993, a fait un bénéfice de 714 millions $.