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La fausse compassion de l’euthanasie

le mardi, 01 mars 2016. Dans Euthanasie

«Envisagez-vous le suicide? Nous pouvons vous aider...»

les soins palliatifsLa seule solution morale: les soins palliatifs

 

Le gouvernement canadien doit légiférer d’ici juin 2016 sur la question de l’euthanasie et du suicide assisté, suite au jugement de la Cour suprême du Canada du 6 février 2015 qui décriminalisait le suicide assisté.

Le 25 février 2016, un comité de députés du parlement canadien déposait un rapport qui allait encore plus loin que ce que la Cour suprême suggère, soit d’étendre le droit à l’euthanasie à ceux qui ne sont pas en phase terminale, et même aux enfants.

Bien sûr, personne ne désire souffrir, mais tuer un malade, ce n’est pas le soigner. En tant que chrétiens, nous savons que l’unique réponse morale pour les soins en fin de vie, ce sont les soins palliatifs, qui soulagent le patient sans lui enlever la vie. Voici quelques textes qui peuvent nous aider dans notre réflexion sur ce sujet:

Le Pape François

Dans un discours aux membres de l’Association des médecins catholiques italiens, réunis au Vatican le 15 novembre 2014, le pape François rappelait que l’avortement et l’euthanasie, loin d’être des gestes de «compassion», demeurent des péchés graves contre le Créateur. Voici des extraits de ce discours:

La pensée dominante propose parfois une «fausse compassion»: celle qui considère que c’est aider une femme que de favoriser l’avortement, un acte de dignité de procurer l’euthanasie, une conquête scientifique de «produire» un enfant considéré comme un droit au lieu de l’accueillir comme un don; ou d’utiliser des vies humaines comme des cobayes de laboratoire en prétendant en sauver d’autres. En revanche, la compassion évangélique est celle qui accompagne au moment du besoin, c’est-à-dire celle du Bon Samaritain, qui «voit», qui «a compassion», qui s’approche et offre une aide concrète (cf. Lc 10, 33)....

Nous savons tous qu’avec autant de personnes âgées, dans cette culture du rebut, il existe cette euthanasie cachée. Mais il existe aussi l’autre. Et cela signifie dire à Dieu: «Non, la fin de la vie c’est moi qui la décide, comme je veux». Un péché contre Dieu créateur. Il faut bien penser à cela.

Déclaration des évêques canadiens

Le même jour où la Cour suprême rendait son jugement, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, et alors Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada écrivait:

«Aider une personne à se suicider n’est ni un acte de justice ou de miséricorde, ni un soin palliatif. La décision prise aujourd’hui par la Cour suprême du Canada ne change pas l’enseignement catholique. “Ainsi une action ou une omission qui, de soi ou dans l’intention, donne la mort afin de supprimer la douleur, constitue un meurtre gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur.” (Catéchisme de l’Église catholique, 2277)...

«Mes frères évêques et moi exhortons les gouvernements et les cours à interpréter la décision d’aujourd’hui au sens le plus strict du terme, à résister aux pressions d’aller plus loin en approuvant de prétendus actes d’«homicide par compassion» et d’euthanasie. Nous faisons de nouveau appel aux gouvernements provinciaux et territoriaux pour qu’ils assurent des soins palliatifs de qualité dans toutes leurs juridictions.»

Le 26 février 2016, Mgr Douglas Crosby, OMI, évêque de Hamilton et Président actuel de la Conférence des évêques catholiques du Canada, écrivait le texte suivant:

Le 25 février dernier, le Comité mixte spécial du gouvernement du Canada sur « l’aide médicale à mourir» a publié son rapport intitulé L’aide médicale à mourir: une approche centrée sur le patient. Le rapport recommande notamment:

– Que le suicide assisté soit accessible aux personnes atteintes d’une maladie psychiatrique;

– Que les souffrances psychologiques soient au nombre des critères ouvrant droit au suicide assisté;

– Que d’ici environ trois ans le suicide assisté soit accessible aux adolescents et peut-être également aux enfants qui pourraient être considérés comme des «personnes mineures matures»;

– Que tous les professionnels de la santé soient tenus à tout le moins d’«aiguiller correctement» les patients qui demandent le suicide assisté (Recommandation 10)

– Que tous les établissements de santé subventionnés par l’État au Canada offrent le suicide assisté;

Par ailleurs, le rapport n’indique pas comment les soins palliatifs et les soins à domicile peuvent offrir de véritables options aux personnes qui sont tentées par le suicide, et il ne demande pas de plan national pour prévenir les suicides...

L’enseignement de l’Église catholique et la position des évêques catholiques du Canada sont clairs. Le suicide n’est pas un soin de santé. Tuer les personnes souffrant de maladies physiques ou mentales, qu’elles soient jeunes ou âgées, est contraire à la sollicitude et à l’amour pour nos frères et sœurs. La dignité de la personne humaine et l’épanouissement de la communauté humaine exigent: 1) la protection et le respect de chaque vie humaine de la conception à la mort naturelle; et 2) la liberté de conscience et de religion pour chaque personne et pour chaque établissement. Le bien-être social, la sécurité personnelle et le bien commun – accompagnés de la foi religieuse – signifient protéger la vie de ceux et celles qui souffrent et non de la menacer.

Les recommandations qui précèdent et l’idée maîtresse du rapport ne sont absolument pas «centrées sur le patient»; elles ne soutiennent et n’aident en aucun point les mourants et les personnes vulnérables. Pour reprendre les mots du pape François, les recommandations du rapport suivent l’approche d’une société du «jetable». Elles ne révèlent pas le visage de la miséricorde de Dieu.

Avec mes frères évêques, catholiques et orthodoxes, et avec les dirigeants des communautés religieuses protestantes évangéliques, juives et musulmanes, et plusieurs autres croyants et non-croyants, je vous exhorte de faire savoir à vos représentants élus pourquoi l’euthanasie, le suicide assisté et les recommandations susmentionnées sont complètement inacceptables.

Déclaration du Cardinal Thomas Collins

Cardinal Thomas CollinsPlusieurs évêques canadiens ont pris fortement position contre l’euthanasie ou suicide assisté, et une des meilleures déclarations sur le sujet provient du Cardinal Thomas Collins de Toronto, qui a écrit, le 1er mars 2016, une lettre sur le sujet, qu’il a fait lire dans toutes les églises de son diocèse. En voici des extraits:

«Envisagez-vous le suicide? Nous pouvons vous aider!» Il fut un temps où une telle publicité pointait vers un centre de crise, où quelqu’un se tenait prêt pour vous conseiller et vous donner espoir pour supporter une situation de douleur intolérable. Nous vivons maintenant des temps très différents. Dans seulement quelques mois, le suicide assisté, sa sinistre réalité discrètement dissimulée derrière des termes trompeurs comme «l’aide médicale à mourir», sera déclaré et inscrit dans la loi comme une alternative acceptable dans notre pays. Alors que le gouvernement fédéral prépare la législation en vue de la mise en œuvre de la décision de la Cour Suprême, il est crucial de prendre conscience des conséquences de ce changement fondamental dans nos lois. (...)

On demandera bientôt aux médecins, à travers le pays, qui ont consacré leur vie à guérir leurs patients, de faire maintenant complètement le contraire. On ne leur demandera plus d’atténuer les souffrances de leurs patients en fournissant un traitement et des soins attentionnés, mais en les condamnant à mourir. En fait, tuer un patient ne sera plus considéré comme un crime, mais plutôt comme des services médicaux appuyés et réglementés par la législation.

Les services de soins palliatifs sont actuellement accessibles à seulement 30 % des Canadiens. Ceci est une tragédie, et est aussi inacceptable. Au lieu de déployer des moyens pour accélérer la mort, nous devrions nous assurer de pourvoir aux soins palliatifs de chaque Canadien, de fournir de meilleurs soins aux personnes atteintes de maladie mentale et de l’aide aux personnes qui ont tenté de se suicider.

Déclaration des évêques du Québec

Mgr Paul LortieLe 8 décembre 2015, Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, écrivait une lettre pastorale intitulée «Approcher de la mort avec le Christ», dont voici des extraits:

Aider les mourants, c’est d’abord en prendre soin. C’est les accompagner, les soulager, les consoler, les soutenir moralement et spirituellement, en leur offrant tous les soins médicalement et humainement possibles, y compris, le temps venu, les soins palliatifs, qui doivent absolument être accessibles à tous.

C’est aussi savoir renoncer à l’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire cesser des traitements inutiles, disproportionnés, périlleux ou trop pénibles qui sont une sorte de refus de la mort qui doit venir en son temps. Cet arrêt de traitement est une décision tout à fait légitime qu’il ne faut surtout pas confondre avec «l’aide médicale à mourir». Cesser un traitement qui ne sert à rien ou «débrancher» quelqu’un qui ne pourra jamais recouvrer la santé et qui est maintenu en vie artificiellement n’est pas de l’euthanasie; c’est tout simplement laisser mourir quand le temps est venu. Comme le dit le Catéchisme de l’Église catholique (n. 2278), «on ne veut pas ainsi donner la mort; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher.»

Aider les mourants, c’est également les aider à se préparer à la mort et au passage dans la vie éternelle, en particulier par la prière pour eux et, s’ils le souhaitent, par les sacrements et la prière avec eux.

Aider les mourants, c’est les aider à bien mourir, en prenant bien soin d’eux, et non pas les faire mourir.

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