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Un système d'argent vicieux

Gilberte Côté-Mercier le dimanche, 01 novembre 2015. Dans Sous le Signe de l'Abondance

Sous le signe de l'Abondance - Chapitre 30

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(Causerie prononcée à CKAC par Gilberte Côté, reproduite dans Vers Demain du 1er février 1944.)

Mettre l'argent à sa place

Lorsqu'un créditiste s'adresse à un auditoire qui entend parler de Crédit Social pour la première fois, la réflexion qui vient tout de suite aux lèvres des auditeurs est celle-ci : « C'est plein de bon sens ».

Oui, le Crédit Social est plein de bon sens parce qu'il veut mettre toutes les choses publiques à leur place.

Et comme c'est l'argent qui, dans notre société actuelle, est le moins à sa place, le Crédit Social commence par dompter l'argent.

Dompter l'argent, le mettre à sa place, faire l'argent remplir sa fonction, organiser le système financier pour que l'argent atteigne son but.

Le but de l'argent, la cause finale comme on dit en philosophie, ce pour quoi l'argent est fait, n'est autre chose que de faciliter l'écoulement des bons produits et des bons services.

Notre système d'argent est-il vicieux ?

Si l'argent entrave l'écoulement des produits le système d'argent est vicieux.

Si l'argent mène à la destruction des hommes et des choses, le système d'argent est vicieux.

Si l'argent est une arme d'exploitation, le système d'argent est vicieux.

Si l'argent fait la corruption des âmes, le système d'argent est vicieux.

Si l'argent est souverain, et commande une humanité servante, le système d'argent est vicieux.

Or, le système actuel d'argent entrave l'écoulement des produits, mène à la destruction, crée les exploiteurs, corrompt les âmes et met les hommes en servitude.

Entrave à l'écoulement des produits

Que l'argent soit une entrave à l'écoulement de la production, nul n'en a douté pendant la crise de dix ans que nous avons vécue. Des vitrines remplies de bonnes choses désirées par les consommateurs. Le seul obstacle à ce que ces bonnes choses passent dans les maisons était le manque d'argent.

Et l'argent manquait dans les porte-feuilles de plus en plus à mesure que l'industrie se développait. Car lorsqu'une industrie se développe, de l'argent vient au monde en même temps, mais avec la fonction de faire mourir de l'argent déjà existant.

L'industriel enregistre le développement de son industrie chez le gérant de la banque. Et le gérant de la banque met au monde de l'argent. Mais cet argent doit venir mourir à la banque au bout d'un certain temps, en emportant avec lui l'intérêt qu'il aura pris dans l'argent déjà en circulation.

Naissance de produits en perspective, de l'argent vient au monde.

Naissance de produits réalisée, ce même argent meurt et entraîne en même temps la disparition d'autre argent plus vieux.

Système vicieux qui au lieu de faciliter l'écoulement des produits, en entrave l'écoulement.

Un bon système serait celui qui mettrait plus d'argent en face de plus de produits, et moins d'argent en face de moins de produits.

Notre système d'argent fait exactement le contraire. Plus il vient de produits, moins il reste d'argent en face, en vertu de cette naissance vicieuse de l'argent qui porte la tache originelle de devoir mourir, et de mourir après avoir mangé d'autre argent, sans avoir lui-même grossi.

C'est ce qui explique que plus un pays est développé, plus il est endetté. Dettes privées et dettes publiques. Les déserts d'Afrique ne portent pas de dettes, parce qu'ils ne sont pas développés. Tandis que nos pays riches en toutes sortes de choses sont endettés au delà même de leur richesse, car leur richesse grandissant, leur dette grandit plus vite encore.

Le Crédit Social donc qui, en face des produits, fabriquera un argent exempt de la peine de mort et exempt de la mission de tuer d'autre argent, empêchera l'argent d'entraver l'écoulement des produits. Voilà une qualité du système d'argent créditiste.

Une cause de guerre

Notre système actuel d'argent mène à la guerre.

En temps de paix, ce sont les bonnes choses qu'on fabrique. Mais, l'argent n'est jamais suffisant pour acheter toutes les bonnes choses que veulent acheter les consommateurs. Il faut absolument qu'un jour vienne où l'industrie fabrique des choses mauvaises que les consommateurs ne veulent pas acheter, mais que les gouvernements achèteront. Ces choses mauvaises fabriquées feront venir l'argent dans les mains des consommateurs. Et les consommateurs, avec cet argent, achèteront les bonnes choses qui, en temps de paix, restaient sur les tablettes.

On comprend que les mauvaises choses sont les canons et tous les autres instruments de destruction. Mais, pour que les gouvernements achètent les canons, il faut qu'ils puissent se servir de ces canons. Il faut donc une guerre.

Les faits le démontrent

Les faits le démontrent. C'est depuis qu'il y a la guerre que les bons produits s'écoulent. Et les bons produits s'écoulent avec de l'argent venu par la fabrication des produits de destruction. Sans les industries de guerre, les industries de paix n'écoulent pas leurs produits.

Avec un argent rare en temps d'abondance et de paix, il faut bien en venir à une guerre de temps en temps pour permettre l'écoulement de tous les produits qui traînaient depuis longtemps.

La guerre n'est-elle pas aussi accueillie par plusieurs comme le meilleur remède au chômage ? Les chômeurs, victimes de l'argent rare, trouvent leur gagne-pain dans la solde du soldat. Sans une crise qui précède, il serait sans doute difficile de trouver des soldats pour la guerre.

Notre système d'argent rare mène donc à la guerre. Et le Crédit Social, qui mettra l'argent abondant pendant la paix, détruira une grande cause des guerres.

Engendre l'exploitation

Notre système d'argent crée des exploiteurs. On l'a vu. On le voit encore. Et on peut facilement l'expliquer.

Les chômeurs sont des exploités. Et le chômage est inévitable lorsque l'argent est rare, puisque les industries ferment leurs portes.

Les propriétaires de maisons, de fermes, de commerces, d'industries, qui se voient enlever leurs biens par le système d'argent rare, sont des exploités.

Les jeunes gens, à qui l'argent rare et la guerre refusent de se faire une vie, sont des exploités.

Les parents, que l'argent rare et la guerre empêchent d'avoir des enfants et de les bien élever, sont des exploités.

Les fonctionnaires, les professeurs, les politiciens, les députés, les ministres, à qui l'argent rare enlève la liberté, sont des exploités.

Les contribuables, payeurs d'intérêts aux banquiers pour une dette incommensurable, sont des exploités.

Toutes les grandes âmes, qui immolent leur idéal devant le salaire, pour un minimum de vie, sont des exploités.

Et tous ces exploités sont les victimes du système d'argent rare.

Notre système d'argent favorise donc l'exploitation sous toutes ses formes.

Corrompt les âmes

Et notre système d'argent corrompt les âmes.

Il y a toutes celles qui consentent à marcher sur leur conscience pour gagner leur vie. On en est rendu à assassiner son voisin avec un grand calme, en vertu de la nécessité de vivre, sous un système d'argent rare.

Combien d'hommes d'affaires ont volé leurs concurrents et d'autres parce qu'ils n'auraient pu tenir sans cela ! Combien de professionnels ont immolé leur science et leur art sur l'autel du confort et de la nécessité de vivre selon leur rang ! Combien d'hommes publics ont vendu leur pays pour s'acheter la sécurité économique pour eux ! Et tous ces gardiens des grands principes qui sont prêts à rapetisser l'absolu à la mesure de leur vie bourgeoise !

La corruption des âmes est tellement profonde à cause du système d'argent rare, que c'est devenu une loi morale, une philosophie de donner comme but à la vie humaine de gagner de l'argent :

Tu te feras instruire pour gagner plus d'argent. Tu choisiras telle profession parce qu'elle paye mieux. Tu quitteras ta femme et tes enfants pour aller gagner ta vie. Tu étudieras la technique de la vente afin de soutirer plus pour un service moins bon. Tu assassineras ton semblable parce qu'il faut bien que tu vives. Ne donnons pas d'argent pour rien, ça ferait des paresseux. L'argent doit être gagné péniblement, autrement les hommes n'aimeront pas le bon Dieu. Les affaires sont les affaires. Faites souffrir votre famille pour mettre de l'argent de côté. Il ne faut pas mêler la vie des affaires avec la vie privée : prétexte à toutes sortes de trahisons. Etc., etc., etc.

Tous ces faux préceptes parce que l'argent est rare !

C'est ainsi que notre système d'argent rare tient l'humanité en servitude.

La personne humaine est en adoration devant le veau d'or qu'elle a substitué à Dieu. L'objet de sa principale préoccupation est l'argent.

Détourné de sa fin

C'est que le système d'argent est organisé en vue de tout autre objectif que le sien.

Le système d'argent devrait avoir un objectif et un seul : faciliter l'écoulement des produits

C'est tout.

Et un système d'argent qui prétend atteindre d'autres objectifs est mauvais. Tout comme une automobile qui est faite pour transporter des voyageurs et qui essaierait de réchauffer une maison serait une mauvaise automobile et une mauvaise fournaise.

C'est l'automobile qui transporte. C'est la fournaise qui réchauffe. L'automobile qui est bien ajustée à son objectif : transporter, et qui transporte bien, est une bonne automobile. La fournaise qui est bien ajustée à son objectif : réchauffer, et qui réchauffe bien, est une bonne fournaise. Ne demandons rien de plus à l'une et à l'autre que de remplir sa fonction. Mais demandons à chacune de remplir sa propre fonction, et ajustons-la en conséquence.

Seul le Crédit Social dompte l'argent

Que proposent les réformes modernes pour remédier à ce mauvais système d'argent ?

Rien, rien, rien. En général, les réformateurs réforment tout excepté l'argent.

Et ceux des réformateurs qui suggèrent des réformes monétaires, se gardent bien de préciser ces réformes.

Seuls les créditistes préconisent un argent sain, basé sur la richesse, venant au monde sans dette et dans les mains des consommateurs.

Ainsi, l'argent facilitera l'écoulement des produits, ne mènera plus à la guerre, fera la production travailler pour les besoins des familles, détrônera les exploiteurs, libérera les hommes de leur esclavage, et par conséquent favorisera la pratique de la vertu puisque la vertu est l'affaire d'hommes libres.

Veau d'or des temps moderne
Gilberte Côté-Mercier

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