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La taxe foncière punit les propriétaires

Louis Even le lundi, 01 juin 1998. Dans Taxes

La taxe foncière

C’est de la taxe foncière que nous voulons traiter. Cela doit bien intéresser une foule de gens — ceux qui taxent, et encore plus ceux qui sont taxés. Donc, une multitude car, premièrement, tous ceux qui possèdent une propriété sont taxés, et deuxièmement, ceux qui ne sont que locataires en paient tout de même indirectement leur part, car elle est incluse dans le montant chargé pour le loyer.

Je possède une ferme. Elle peut produire des choses pour moi et ma famille; aussi pour le marché, car j’ai besoin de vendre pour pouvoir acheter des choses que ma ferme ne peut pas produire. Ou bien, pour une raison ou une autre, elle est laissée improductive. Production abondante, production faible, pas de production, peu importe, j’ai une taxe à payer du seul fait que je suis propriétaire. C’est même une taxe douée d’une vertu de croissance remarquable, tous les cultivateurs le savent bien.

Taxe sur un capital

La taxe foncière n’a rien à voir avec la production ni avec le revenu. Ce n’est pas un impôt sur le revenu, c’est une taxe sur la propriété. J’ai à la payer simplement parce que je suis proprié­taire. C’est une taxe sur le capital, parce que ma ferme est un capital. Or, taxer le capital est une chose absurde. Si vous avez une poule bonne pondeuse, vous pouvez taxer son produit, prendre et manger ses œufs. Mais si vous taxez la poule elle-même, si vous la prenez et la mangez, vous êtes un imbécile.

Ah ! les communistes sont bien pour cela, pour la taxe sur la propriété, pour la taxe sur le capital, parce qu’ils veulent supprimer les propriétaires; ils veulent un régime sous lequel personne ne possède rien en propre; un régime sous lequel tout le monde dépend du gouvernement, c’est-à-dire des dirigeants du parti communiste, pour l’enrôlement au travail et pour l’obtention des choses nécessaires à la vie. Il faut être détraqué pour raisonner comme les communistes quand on voit ce qui s’est fait et se fait encore dans les pays soumis à un pouvoir communiste. Mais, hélas ! dans nos pays non communistes, on voit bien des gens dépossédés de leur propriété, non pas au nom du communisme, mais par la taxe foncière. C’est par milliers que l’on compte ces victimes chez nous.

Nous, de l’école du Crédit Social authentique, n’avons de respect pour aucune forme de taxes. Nous soutenons qu’elles devraient toutes décroître rapide­ment au lieu d’augmenter comme cela se fait partout; nous ajoutons qu’elles pourraient même disparaître complète­ment par l’application intégrale d’une technique très simple modulant les mises en circulation et les retraits du flot monétaire au rythme de la produc­tion, tant publique que privée d’une part et de la consommation, tant publique que privée, d’autre part.

Mais dans un régime de taxes, comme c’est le cas actuellement dans tous les pays organisés, la taxe sur le revenu peut au moins offrir une certaine justification, mais la taxe foncière, la taxe ne reposant que sur la propriété, est totalement dénuée d’arguments vala­bles. Oh! on avance bien en sa faveur le caractère d’efficacité dans son prélèvement. Cela veut dire qu’elle est la plus facile à percevoir, à cause de la sanction attachée à son refus. Un revenu peut se voiler; une propriété, non. Toute acqui­sition ou transfert de propriété est dûment enregistré. De plus, la sanction est là: si vous refusez la taxe, vous jouez le sort de votre propriété.

Propriétaire dépossédé

Dans notre pays, trois années de retard à payer la taxe foncière vous dépossèdent de votre propriété: elle est «légalement» mise en vente aux enchères. Cela signifie que le refus d’une taxe annuelle, disons de $300, soit $900 de retard après trois ans, vous fera perdre une propriété qui vaut peut-être $15,000. Alors vous faites l’impossible pour trouver l’argent, et si vous ne pouvez pas, vous êtes simple­ment volé de votre bien. C’est efficace pour le percepteur, mais l’efficacité n’est pas un critère de justice, sauf en «morale» communiste.

Ma ferme, je peux bien ne l’avoir pas défrichée moi-même, ni héritée. Je puis l’avoir acquise en l’achetant, en la payant. Et payée avec de l’argent que j’avais gagné et économisé. C’est un placement, un «investissement» comme on dit aujourd’hui en baptisant cet anglicisme.

Depuis toujours, on recommande l’épargne. Et, aujourd’hui, nos gouvernements et nos sociologues nous prêchent l’investissement, le placement de fonds, pour aider au développement économique de notre pays. Demandez à notre premier ministre québécois s’il passe bien des semaines sans nous prêcher l’investissement. Peut-être pour avoir moins à trotter, car comme ses devan­ciers, quand l’argent lui manque pour son programme de développements et qu’il ne peut plus taxer des contri­buables mis à sec, il va s’agenouiller devant les financiers étrangers pour obtenir des permis: permis de mobiliser des ressources matérielles et humaines mais qui doivent rester immobilisées tant que l’argent n’est pas là.

Or, quand on taxe ma ferme, on taxe mon placement, on taxe mon épargne. On me punit pour avoir suivi les conseils d’épargner et d’investir.

Sur ma ferme, je bâtis une maison. C’est pour élever ma famille. Cette maison ne rapporte absolument pas un sou de revenu: m’en a plutôt englouti. Eh bien, on augmente ma taxe foncière parce que, me dit-on, ma propriété a une plus grande valeur.

Et si j’ai la malencontreuse idée d’agrandir cette maison quand ma famille a grossi, nouvelle hausse de taxe foncière. Fallait-il donc «ensardiner» mes enfants, comme on l’a fait en ville, parce qu’en ville, les taxes foncières sont encore plus fortes pour des logements même plus étroits?

Anti-familiale

La taxe foncière: voleuse de santé des enfants, ennemie de la famille. Et pourtant, qui n’a entendu les mêmes bouches prêcher le respect de la famille qui élève des enfants et le devoir de payer la taxe foncière?

C’est que, tant qu’il est question d’argent, bien des esprits sont complè­tement mêlés. Ce n’est pas surprenant, quand c’est la présence ou l’absence de l’argent qui doit déterminer les déci­sions, quand cette souveraineté de l’argent est acceptée comme si elle était d’origine divine, ou une loi de nature, même par des esprits qui ont fait des études philosophiques, voire théologi­ques, et alors que cette suprématie de l’argent pervertit l’ordre des fins et des moyens.

Famille expulsée par les taxes

Louis Even

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