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Commerce international et Crédit Social

Louis Even le dimanche, 01 janvier 1995. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Quelqu'un nous demande comment, sous le régime créditiste, le commerce international pourrait continuer ? Si le Canada adoptait les propositions du Crédit Social pour l'émission de sa monnaie, comment pourrait-il acheter et vendre à l'étranger ? La La réponse est très simple : Exactement comme aujourd'hui, avec des obstacles en moins.

C'est le produit qui compte

Que notre argent soit en or, en argent, en cuivre, en nickel, en papier, en comptes de banques, ou en une autre forme de comptabilité, le blé canadien, le papier canadien, l'amiante canadien, l'aluminium canadien, le nickel canadien continueront d'être aussi bons et aussi recherchés des étrangers.

De même, les oranges de Californie ou de Floride, les bananes des Antilles, le coton des États-Unis, le sucre de Cuba, le caoutchouc de la Malaisie, les soies du Japon, le café du Brésil, etc., continueront d'être aussi bons et aussi appréciés par les consommateurs canadiens.

Le changement de mécanisme dans l'émission de l'argent ne changera absolument rien à cela. Les étrangers continueront de vouloir nos produits excédentaires. Rien donc n'empêchera les échanges de continuer comme auparavant. Mieux qu'auparavant, parce qu'aujourd'hui, à cause du manque d'argent domestique pour acheter les produits domestiques ou importés, on essaie de vendre sans acheter. On vend pour avoir de l'argent qui manque. On pousse donc l'exportation et on place des barrières à l'importation. Comme l'étranger, pris dans la même disette d'argent, agit exactement de la même façon, il arrive que les barrières empêchent les échanges internationaux de bien fonctionner.

Sous un régime créditiste, le consommateur canadien ayant, automatiquement, grâce à son mécanisme monétaire amélioré, le pouvoir d'achat nécessaire pour prendre ce qu'il veut de la production tant importée que domestique, il ne songe nullement à barrer l'arrivée du produit étranger. Bien au contraire, il tient à recevoir de l'étranger autant de richesses qu'il en envoie à l'étranger.

Le mode de paiement

Mais comment se feront les paiements, si l'argent créditiste canadien ne peut circuler à l'étranger ?

Exactement comme aujourd'hui. Voit-on l'argent français, chinois, japonais, autrichien, italien, mexicain, bolivien, circuler en Canada ? Et voit-on l'argent canadien circuler en Suède, en Norvège, en Suisse, en Chine, etc. ?

L'argent ne circule bien que dans son pays d'origine, quelle que soit la matière ou la manière dont il est fait. Ce qui traverse dans un sens ou dans l'autre, c'est le produit.

Mais comment se fera le change pour le paiement ? Exactement comme aujourd'hui. Les paiements se font par lettres de change. Les lettres de change sont mises en vente pour exportateurs et importateurs dans les maisons de courtage ou dans les banques. L'écart entre les importations et les exportations détermine le cours de l'unité monétaire, c'est-à-dire la valeur de l'unité monétaire d'un pays par rapport à la valeur de l'unité monétaire de l'autre pays.

Variation du cours du change

Ainsi, lorsqu'un produit canadien est exporté en France, un ordre de payer, une lettre de change est tirée sur l'importateur français. Disons une lettre de change sur Paris.

De même lorsqu'un Canadien importe un produit français, l'exportateur français tire ou fait tirer une lettre de change sur le Canada, disons sur Montréal.

Si plus de produits sont exportés vers la France qu'importés de France, il y a plus de lettres de change tirées sur Paris que de lettres de change tirées sur Montréal.

Dans le commerce des lettres de change pour faciliter les paiements, comme dans tout autre commerce, le produit rare augmente de valeur et le produit abondant baisse de valeur. Dans le cas où les lettres de change sur Paris sont plus abondantes que les lettres de change sur Montréal, les premières ont moins de valeur que les dernières. Les lettres de change sur Paris se trouvent dépréciées par rapport aux lettres de change sur Montréal, ou les lettres de change sur Montréal se trouvent appréciées par rapport aux lettres de change sur Paris.

Les lettres de change sur Paris se soldant en francs et les lettres de change sur Montréal se soldant en dollars, il arrive alors que le franc est déprécié par rapport au dollar ; ou, si l'on aime mieux, que le dollar est survalorisé par rapport par rapport au franc. L'importateur français devra donner plus de francs, ou l'importateur canadien devra moins de piastres. Le cours du dollar sera haussé par rapport au cours du franc.

Une balance de commerce "favorable", plus d'exportations que d'importations, a donc pour effet de hausser le cours de l'unité monétaire du pays à exportations excédentaires.

L'effet normal de cette augmentation sera de diminuer les achats faits par les Français, qui devront mettre plus de francs qu'auparavant pour avoir le même nombre de dollars. D'autre par, le Canadien, bénéficiant d'un cours amélioré, obtenant plus de francs qu'auparavant avec son dollar, accentuera ses achats de produits français, ses importations. Il y aura donc tendance vers le renversement de la balance de commerce. Cette tendance diminuera l'écart entre importations et exportations et ramènera le cours des deux unités au pair l'une par rapport à l'autre.

C'est ainsi que, normalement, lorsqu'il n'y a pas d'entraves, ou d'interventions calculées, les importations tendent à équilibrer les exportations, et les cours à osciller autour du pair.

L'argent créditiste

Tout cela n'a rien à faire avec la nature de l'argent dans chaque pays. Si un dollar canadien achète un minot de blé canadien, le Français qui achète le blé ne s'occupe pas de savoir en quoi est fait le dollar canadien. C'est à l'intérieur même du pays que se détermine la valeur de l'unité monétaire par rapport aux produits de ce pays.

Sous ce rapport, un régime créditiste serait beaucoup plus scientifique que le régime monétaire anarchique d'aujourd'hui. Le volume de l'argent du pays demeurant, par définition même du Crédit Social, en parallèle avec la production du pays, le pouvoir d'achat de l'unité monétaire créditiste demeure à près constant. Et c'est un gros aléa d'enlevé aux échanges entre nations, alors que le règlement des factures peut n'avoir lieu que trois mois, six mois après le contrat de la vente.

Pour plusieurs raisons donc, sous un régime créditiste, le commerce international serait ce qu'il doit être un échange d'excédents. C'est dire qu'il aiderait les deux côtés et ne mettrait personne en pénitence. On ne connaîtrait plus, du moins dans le pays créditiste, l'absurdité actuelle d'avoir à expédier l'excellence à l'étranger pour permettre aux nationaux de manger les restes.

Louis Even

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