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Principes fondamentaux du Crédit Social

Louis Even le lundi, 16 mars 1964. Dans Une lumière sur mon chemin

Un paquet de questions - Une poignée de principes et de notions

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Les questions

Louis EvenLorsque les politiciens parlent de Crédit Social, ils parlent de n’importe quoi. Lorsque les journaux parlent de Crédit Social, ils mélangent parti et doctrine, ne comprennent rien à celle-ci, et la plupart du temps, ils s’appliquent surtout à ridiculiser les demandes des créditistes. Lorsque Vers Demain, lui, parle de Crédit Social, c’est de la doctrine de Douglas, du Crédit Social authentique qu’il traite.

Bien que le Crédit Social ait été propagé par Vers Demain pendant un quart de siècle déjà, il y a encore des personnes qui posent des questions, qui demandent par exemple:

— Vous, créditistes, vous parlez de diminuer et même d’abolir les taxes. Mais avec quoi donc les gouvernements et les autres corps publics vont-ils pouvoir administrer ?

— Vous réclamez par dessus le marché, un dividende périodique pour chaque citoyen. S’il n’y a pas de taxes, d’où viendra l’argent pour verser ces dividendes ?

— Et si tout le monde reçoit un dividende périodique, qui est-ce qui va vouloir continuer à travailler ?

— Et si c’est de l’argent nouveau qui doit financer les travaux publics et les dividendes, est-ce que tout cet argent ne va pas vite faire un montant énorme d’argent en circulation, et donc de l’inflation. Et alors, l’argent va perdre sa valeur. Que vaudront alors les épargnes et les pensions ? Etc.

Toutes ces questions et bien d’autres encore ont été cent fois posées, cent fois répondues. Mais elles se posent encore. Soit par des gens qui abordent le sujet pour la première fois, soit par d’autres que les réponses n’ont pas éclairés parce qu’ils les interprètent dans l’optique du système actuel.

Or, le Crédit Social est incompatible avec le système actuel. Le système actuel subordonne les possibilités de production à la finance. Le Crédit Social, lui, subordonne la finance aux possibilités physiques de production et à l’appel des besoins humains.

La finance selon la production

Un exemple concret: voici une place qui a besoin d’une école.

Le système actuel pose la question: Est-on capable de trouver l’argent pour payer la construction de l’école ? Si oui, très bien; si non, on devra se priver de cette école même si on en a besoin.

Le Crédit Social, lui, voit la chose autrement. Il pose la question: A-t-on les moyens physiques de construire l’école ? Si on ne les a pas, il faut bien s’en passer, évidemment. Mais si on a les moyens physiques, on construit. Et la finance, elle, pour payer ? La finance naîtra de la construction au lieu de l’empêcher. À mesure que la construction se fera, la finance naîtra pour payer les producteurs.

Et pour la distribution des biens, le Crédit Social raisonne de la même manière et le système financier actuel aussi. Il y a par exemple, des produits d’une part et des besoins en face. Le système financier actuel demande: Ceux qui ont des besoins sont-ils capables de payer les produits ? Si oui, ils vont avoir les produits; sinon, les produits vont rester là, en face de besoins non satisfaits.

De l’argent aux consommateurs

Le Crédit Social, lui, pose la question: Puisque les biens sont faits pour les besoins et que les gens qui sont là ont des besoins, vont-ils avoir les produits ? Oui, puisque les produits sont faits pour eux. Mais les moyens de paiement ? Les moyens de paiement naîtront, entre les mains de ceux qui ont des besoins, pour payer les produits.

Comme on voit, la finance actuelle a la position de commande. La finance, sous le Crédit Social, occuperait la position de servante. C’est absolument incompatible l’un avec l’autre.

Lesquels ont raison: les défenseurs du système actuel qui raisonnent et décident en fonction des possibilités financières seulement ? Ou bien les promoteurs du Crédit Social qui raisonnent et veulent décider en fonction des possibilités de produire les choses dont les gens ont besoin ?

Lesquels respectent le mieux les droits fondamentaux de tout être humain ? Car l’être humain a des droits fondamentaux, des droits qu’il tient de sa nature même d’homme. Tout le monde admet, par exemple, que chaque enfant qui naît a droit à la vie. Lesquels, des tenants du système actuel ou des promoteurs du Crédit Social, offrent mieux à chaque individu la facilité, la possibilité d’exercer son droit à la vie ? Le droit à la vie comporte indéniablement le droit aux choses nécessaires à la vie. Or, lesquels, des tenants du système actuel ou des promoteurs du Crédit Social, offrent le mieux à chaque individu le moyen d’obtenir ces choses ?

Quelques principes

Le Pape Pie XII a dit clairement dans son fameux radio-message de Pentecôte 1941:

«Les biens créés par Dieu l’ont été pour tous les hommes et doivent être à la disposition de tous. Tout homme en tant qu’être doué de raison, tient en fait de la nature même, le droit fondamental d’user des biens matériels de la terre.»

Maintenant, les individus vivent en société. Et pour arranger la chose, il faut certainement des règlements, des lois, des méthodes, des moyens. Or le Pape ajoute:

«Il est laissé à la volonté humaine et aux formes juridiques des peuples de régler plus en détail la réalisation pratique de ce droit.» Les formes juridiques des peuples, ce sont les règlements établis. Les formes juridiques actuelles facilitent-elles la réalisation pratique du droit de tous et de chacun à une part des biens terrestres ?

Les propositions du Crédit Social, en garantissant à chaque personne un revenu périodique, ne feraient-elles pas d’une manière bien plus directe cette réalisation pratique du droit de chacun, sans oublier personne quelque soit son statut vis-à-vis du système producteur ?

Le droit à tous aux biens matériels

Le droit de tous à une part des biens terrestres est un droit naturel, un droit individuel, qui ne vient pas de l’appartenance à un groupe. Nulle condition, nulle législation ne peut légitimement supprimer ce droit individuel. C’est encore Pie XII qui le rappelle dans le même message:

«Un tel droit individuel ne saurait en aucune manière être supprimé, pas même par l’exercice d’autres droits certains et reconnus sur des biens matériels.» De sorte que, même le droit de propriété que peuvent avoir ceux qui possèdent les moyens de production, ne doit pas contrevenir au droit individuel de chaque personne à une part des biens terrestres.

Le Crédit Social reconnaît la propriété privée. Il la consolide même. Mais il proclame aussi fermement la fonction sociale de cette propriété privée. D’ailleurs, un mécanisme créditiste de distribution, en faisant les produits atteindre les besoins, ne nuirait certainement pas aux producteurs puisque le problème majeur de la plupart des producteurs c’est de trouver à écouler leurs produits.

Ce droit individuel est aussi ancien que la création de l’homme. Les autorités civiles, les dictateurs de l’économie, les sociologues à l’esprit camisolé par des lois ou des règlements d’homme, ont pu l’oublier, le mettre de côté ou le minimiser mais ce droit a toujours été affirmé par les maîtres en théologie morale. Par exemple, dans La Loi du Christ, traité de théologie morale, par le Révérend Père Bernard Haring, l’auteur écrit: «Dieu a destiné les biens de ce monde à tous les hommes. Propriété du Père Céleste, Père de tous, ils sont le bien commun de toute la famille humaine.»

Dieu n’a exclu personne

Donc, ni les gouvernements, ni les banquiers, ni les économistes n’ont créé les biens de ce monde. Ils n’ont donc pas à établir, ni à approuver, ni à essayer de justifier des règlements qui méconnaissent ou contrarient cette destination universelle des biens créés par le Père Céleste.

C’est l’Auteur de cette Création qui Lui-même a établi cette destination des biens pour tout le monde. Père de tous les hommes, Dieu n’a exclu personne du droit à une part des biens terrestres.

Dans notre régime de vente et d’achat, les règlements qui conditionnent le pouvoir d’achat à l’emploi dans les activités de la production, excluent tous ceux qui ne tirent pas de revenus de leur emploi. Ces exclus constituent plus de la moitié des individus: enfants, femmes à la maison, malades, vieillards, chômeurs, etc.

Le même auteur dit: «Sous le rapports de l’usage, l’homme ne doit pas posséder les biens extérieurs comme propres mais comme communs.» Sous le rapport de l’usage. Sous le rapport de la propriété des moyens de production, c’est sa propriété. Mais sous le rapport de l’usage, les biens ont une destination commune. C’est là réaffirmer la fonction sociale de la propriété privée. C’est aussi rappeler aux propriétaires des moyens de production qu’ils ne doivent pas laisser ces moyens oisifs tant qu’il y a des besoins humains à satisfaire chez les autres.

Bossuet, qui ne fut pas seulement un grand orateur mais aussi un grand théologien, a écrit: «Dieu, le Père commun de tous les hommes, a donné dès le commencement, un droit égal à tous Ses enfants sur toutes les choses dont ils ont besoin pour la conservation de leur vie.»

Les choses nécessaires à la conservation de la vie constituent la portion des biens matériels à laquelle tous ont un droit égal.

Un dividende à chacun

C’est ce que le Crédit Social veut garantir sans enquête à tous et à chacun par un dividende. Un dividende qui en face de l’abondante production possible aujourd’hui, doit bien pouvoir obtenir au moins les choses nécessaires à la conservation de l’existence.

Les tâtonnements, les mesures dites de sécurité sociale, sont une admission tardive et boiteuse dans l’application du droit de tous aux nécessités de la vie. Mais le fait qu’il faille ainsi continuellement essayer d’apporter des correctifs à la répartition des droits aux produits, en prenant aux uns pour donner aux autres, est une preuve que la répartition telle qu’elle est issue des règlements économiques actuels est défectueuse.

Au lieu de correctifs qui corrigent mal et qui oublient une foule de cas, ne serait-il pas infiniment mieux d’établir une source de pouvoir d’achat qui fonctionne automatiquement pour assurer à tous et à chacun, dès l’origine, la part à laquelle chacun a droit. Ce que ne peut faire le système qui lie le revenu uniquement à l’emploi. Ce que ferait le Crédit Social qui lie un revenu premier, un revenu de base à la production présente devant les biens, devant les besoins.

L’auteur de La Loi du Christ ajoute: «Plus profondément, un régime économique qui ne reconnaît pas la dignité égale des fils de Dieu, mais qui en traite certains comme des enfants de second rang, au point de les empêcher d’avoir accès aux biens de la terre, un tel régime n’est pas juste.»

Peut-on appeler juste le présent régime économique ? Qu’on demande la réponse à tous ceux qui souffrent de privation en matière de nourriture, de vêtement, de logement convenable. Pas seulement dans les pays sous développés, dont on parle avec beaucoup de raison, mais dans notre propre pays.

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