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La messe

le samedi, 02 mai 1970. Dans Religieux

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Mes bien chers amis,

Louis EvenIl y a obligation pour tout catholique, sauf circonstances graves ou impossibilité, d'entendre la messe le dimanche. Quand les fidèles accomplissent en nombre ce devoir il y a dans leur église locale un rassemblement ou pour employer l'expression nouvelle courante une assemblée du peuple de Dieu.

Mais ce n'est pas cette assemblée qui fait de la cérémonie une messe. Il n'y a de messe que s'il y a un Sacrifice. C'est le Sacrifice non pas l'assistance qui fait la messe. Ce qu'on oublie trop aujourd'hui où tout le monde à la page s'applique à parler catholicisme en termes protestants. L'église on l'appelle une salle communautaire,la messe, une assemblée, le prêtre, un président d'assemblée. On en est rendu à prostestantiser des définitions pour les rendre officielles.

C'est ainsi que le Père Hannibal Bugnini, le bulldozer d'une liturgie qui a nourri les âmes pendant des siècles de christianisme vécu et fécond en pluie de sainteté, pour la remplacer par la messe bavarde qu'on nous impose aujourd'hui, a réussi à transplanter dans les instructions pour la nouvelle célébration une définition protestante de la messe. Il écrit en effet : "La Cène du Seigneur appelée aussi la Messe est la sainte assemblée ou le rassemblement du peuple de Dieu sous la présidence du prêtre afin de célébrer le mémorial du Seigneur." Cette définition peut convenir à l'office des protestants et à la fonction de leur Pasteur mais la messe catholique est bien autre chose et bien au dessus de tout cela

Et la fonction du prêtre catholique officiant est bien autre chose que celle d'un président d'assemblée. Justement parce que la messe catholique est essentiellement un sacrifice tandis que l'office protestant ne peut pas l'être puisqu'il n'a pas de victime à offrir. Les Protestants peuvent appeler leur office du nom qu'ils voudront : mémorial du Seigneur, Scène, Repas du Seigneur, etc... Lorsque prêtres et fidèles parlaient encore en catholiques, ils disaient couramment pour désigner la Messe, messe du dimanche ou bien messe de semaine, le Saint Sacrifice de la Messe. Le mot sacrifice est tabou aujourd'hui. Assemblée est tellement moins traumatisant pour un monde qui cherche confort sur confort et fuit la croix.

Pourtant, aujourd'hui comme hier, la messe est un sacrifice. Elle est LE Sacrifice par excellence. L'unique Sacrifice capable de rendre dignement à Dieu le culte d'adoration, de gratitude, de propitiation et d'impétration qui lui est dû. Sacrifice de quelle victime ? Le catéchisme, le vrai, pas la présente catéchèse détraquée, le catéchisme nous l'apprend : la victime c'est le Dieu-homme qui fut d'abord immolé sur le Calvaire Jésus-Christ Lui-même. Victime sur nos autels aussi réellement, aussi substantiellement que sur le Calvaire bien que sacramentellement et d'une manière non sanglante. Et C'est Lui même qui s'offre ainsi de nouveau en Victime pour les mêmes fins que sur le Calvaire.

Ce divin Sacrifice s'opère par les paroles des deux Consécrations séparées; la première, qui change la substance du pain en la substance du Corps de Notre-Seigneur. La deuxième, distincte de la première qui change la substance du vin en la substance du sang de Notre-Seigneur. Sur le Calvaire, le Sacrifice fut consommé lorsque tout le sang de Notre-Seigneur ayant été exprimé de son Corps au cours de près de 20 heures de traitements barbares et de souffrances atroces, Notre-Seigneur rendit l'esprit. Son âme laissant Son corps sans vie.

Sur l'autel, les paroles de Notre-Seigneur prononcées par la bouche du prêtre, paroles qui créent ce qu'elles expriment, ont appelé le Corps du Christ sur la patène, le Sang du Christ dans le calice; Corps et Sang séparés, Victime immolée, voilà le Sacrifice.

Il est vrai que à cause de l'état actuel de Notre-Seigneur, Son Corps ressuscité et glorieux ne pouvant plus mourir, Jésus est tout entier : corps, sang âme et divinité sous chacune des deux espèces consacrées. Mais c'est par concomitance qu'il en est ainsi. Non pas par le stricte sens des deux consécrations séparées, l'une n'appelant que le corps, l'autre n'appelant que le sang. Et l'offrande est la même sur l'autel que sur le Calvaire : l'offrande d'une Victime qui s'est livrée à la mort pour le salut du monde.

La Messe est donc plus qu'un simple mémorial de la Cène ou de la Croix. Elle est plus que la simple représentation du sacrifice du Christ. Elle en est le renouvellement. Renouvellement réel et substantiel bien que sous forme sacramentelle. Tout comme l'hostie consacrée que nous adorons est en réalité et en substance le même Jésus qui habita à Bethléem, prêcha en Palestine, souffrit Sa Passion, mourut, ressuscita, monta au Ciel et règne éternellement avec le Père et le Saint Esprit.

Le même bien que sous une forme sacramentelle sur nos autels et dans nos tabernacles. Oui, vraiment, il est grand le mystère de la foi.

C'est de cette théologie de la messe que devrait être alimenté et se nourrir les fidèles, qu'ils soient religieux ou laïcs. Ils y trouveraient plus de motifs à aimer et faire aimer la Messe que par la recherche de nouveautés qui la désacralisent, qui anémient une vie spirituelle déjà si alanguie chez une masse de catholiques. Chaque messe a une valeur infinie à cause de la Victime qui y est offerte en Sacrifice. Lors de la dédicace du temple dont la construction venait d'être terminée, le Roi Salomon fit offrir en sacrifice 22,000 bœufs et 120,000 brebis; c'était beaucoup en nombre et en valeur aussi à l'échelle de la comptabilité des hommes. Certainement ceux qui fournirent les bœufs et les brebis, qu'ils l'aient fait de bon cœur ou de mauvais cœur, accomplirent un sacrifice appréciable.

Mais si cette immolation pu être agréable, agréée de Dieu, ce fut surtout parce qu'elle préfigurait le futur sacrifice du Rédempteur promis à nos premiers parents après leur péché. Mais depuis le Calvaire, chaque messe dépasse infiniment les sacrifices de toutes les centaines et des centaines, des milliers de victimes de l'ancienne loi toutes additionnées ensemble.

Assemblée ou pas d'assemblée la Messe est un sacrifice de valeur infinie. C'est la victime offerte et non pas la grosseur de l'assistance qui fait cette valeur. On ne saurait trop le répéter à des contemporains férus de nombre, de majorité, de réjouissances bruyantes, d'ensembles, bels ensembles, de tout le dévergondage. Que l'assistance soit de cent, mille ou de dizaines de milles, s'il n'y a pas le Sacrifice, le Sacrifice lié aux deux Consécrations eucharistiques et distinctes du pain et du vin, il n'y a pas plus de messe que si cette foule était dans une salle publique ou dans un champ d'exposition.

De même, si les autres parties de la Messe, la liturgie de la Parole ou la liturgie de la Communion étaient allongées, doublées, triplées, s'il n'y a pas les deux Consécrations il n'y a pas de Sacrifice donc pas de messe.

Si d'autre part, l'assistance est petite, nulle même, alors que le prêtre célèbre la Sainte Messe intégralement, il y a Sacrifice et Sacrifice d'une valeur infinie.

Il n'y avait pas d'assemblées à l'Ermitage de Tamanrasset, où, en plein cœur du Sahara, le Père Charles de Foucauld offrait chaque jour tout seul la Sainte Messe. Pas d'assemblées non plus dans la cabane où le futur évêque Volant du Grand Nord n'était encore que le Père Brénat, missionnaire, offrant la Messe en grelottant de froid en plein hiver artique au pays des esquimaux. Pas d'assemblées non plus lorsque le premier missionnaire Gabon disait sa messe seul, mais conscient du culte rendu à Dieu, il vécu de ses ornements sacerdotaux comme s'ils étaient officiants, officiers dans une cathédrale À tel point que un Gabonais païen qui observait furtivement depuis quelques jours lui demanda : "Pourquoi donc te fais-tu si beau chaque matin ?" Ces messes là et beaucoup d'autres avaient-elles une valeur diminuée à cause de l'absence totale d'assistants ? Le prêtre ne prie d'ailleurs pas en son nom personnel quand il dit la messe.

C'est la prière officielle de l'Église. Il représente toute l'Église et c'est pour cela qu'on peut dire que partout où il se dit une messe l'Église est présente. L'Église est présente au Sahara du seul fait que le Père de Foucauld y célébrait la messe. Présente dans le Grand Nord Canadien du seul fait que le Père Brénat y disait la messe. Et de même aussi au Gabon alors que ce pays ne comptait pas encore un seul baptisé, l'Église y était plantée parce que un prêtre y disait la messe.

Il se dit chaque jour 400,000 messes dans l'univers catholique. Combien avec une petite assistance ou même sans aucune et pourtant chacune de ces messes est un Sacrifice d'une valeur infinie. Et sans ces 400,000 messes quotidiennes que ne pourrions-nous craindre pour notre pauvre monde de plus en plus matérialisé, pour nos populations longtemps chrétiennes apostasier pratiquement aujourd'hui à grande vitesse.

Souhaitons de bonnes assistances à la Sainte Messe. Surtout le dimanche, oui. Mais n'allons pas prendre le nombre des présences comme indication majeure du degré de température spirituelle attirant les grâces du Ciel.

Nous ne croyons pas nous tromper en pensant par exemple que les messes sans assistances d'un saint ermite comme le Père Foucauld ou celle d'un prêtre des grilles du silence dites en cachette dans un coin retiré d'un camp de concentration sont plus éloquentes auprès de la Sainte Trinité que les messes rythmées avec guitare, tambour, mini-jupes aux côtés de l'Officiant, embrassades danses de joie et tout le balancement qui attirent l'affluence à remplir les nefs de nos églises, de basiliques de lieux de pèlerinages et jusque de certaines cathédrales.

"Mais ça plaît puisque ça attire du monde" dira-ton, "ça plaît aux jeunes aussi et à d'autres aussi qui s'ennuient des messes sérieuses." Est-ce que le but de la messe est de plaire au monde ou bien de rendre à Dieu le culte qui Lui est dû ? Notre-Seigneur se laissait-Il crucifier sur le Calvaire pour amuser le monde ? La liturgie consiste-t-elle à nourrir des gradations, vulgarisations, la désacralisation au lieu d'éduquer, d'élever, de spiritualiser, sanctifier les fidèles, de cultiver chez-eux le sens de Dieu ?

Nous venons d'entendre la causerie hebdomadaire du Journal Vers Demain donnée par Mr Louis Even fondateur et directeur général.

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