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Hommes de droite aux mains vides

Louis Even le jeudi, 23 janvier 1964. Dans Une lumière sur mon chemin

Devant l'évidence, pourquoi encore des yeux fermés, des esprits préjugés ?

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Hommes de droite

Louis EvenDans cette émission, je vais m’adresser non pas à des adversaires, mais à ceux que, par opposition aux hommes de gauche, l’on appelle hommes de droite. Vers Demain se situe lui-même dans le camp de droite. Mais, combien d’hommes de droite dédaignent encore l’enseignement de Vers Demain qui leur serait pourtant d’un grand secours.

Hommes de droite, vous êtes, n’est-ce pas, ceux qui refusent le communisme et tout ce qui y conduit.

Vous êtes ceux qui ne reconnaissent pas d’alliance possible entre l’hérésie communiste et la vérité chrétienne.

Vous refusez le communisme, certainement parce qu’il nie Dieu et veut éteindre toute croyance religieuse. Mais, quand bien même il laisserait enseigner et pratiquer la religion, vous ne pourriez encore l’accepter, à cause de sa négation des droits de la personne, à cause de son abolition de la liberté de choix, à cause de son despotisme de l’État, à cause de son matérialisme de l’histoire.

Vous condamnez toute forme de régime collectiviste, tout socialisme d’État. Vous ne voulez pas de technocrates autorisés à planifier la vie et les activités des citoyens. Vous repoussez le règne de la bureaucratie et du «nez» du gouvernement partout.

Vous ne reconnaissez pas au gouvernement le droit de se substituer aux familles, aux associations libres, aux corps intermédiaires.

Vous abhorrez la centralisation politique croissante, qui éloigne les administrateurs des administrés; une centralisation qui ôte des pouvoirs et des moyens aux corps publics locaux pour les transférer à des organisations régionales, ou des régionales à des gouvernements plus élevés et plus lointains, où la voix des puissances financières est mieux écoutée que la voix des personnes et des familles.

Hommes de droite, vous déplorez aussi la concentration économique accélérée, qui place le contrôle des richesses et de la main d’œuvre entre quelques mains; concentration qui crée des entreprises monstres, dans lesquelles des centaines, des milliers de travailleurs n’ont qu’à exécuter aveuglément des ordres reçus, quelles que soient la nature et la destination du produit.

Vous déclarez hautement votre adhésion au régime économique de la propriété privée, propriété du sol, du logement, des moyens de production; propriété que vous désirez vivement être accessible à tous.

Aussi, est-ce avec peine que vous voyez les villes se peupler de locataires, des ruraux déserter un sol écrasé de taxes et de dettes et aller grossir le prolétariat de nos cités; avec peine, que vous constatez la disparition d’entreprises à taille d’homme, acculées à la faillite ou absorbées par des monopoles industriels ou commerciaux.

Hommes de droite, vous êtes sûrement inquiets devant l’esprit de révolte qui gagne de plus en plus nos jeunes, devant leur dégoût du foyer et la perte d’autorité des parents, devant les fruits malsains d’influences extérieures à la famille.

Inquiets aussi, n’est-ce pas, devant la marée montante du matérialisme, du laïcisme, de l’indifférence en matière de religion allant jusqu’à la perte de la foi. Vous êtes irrités de l’importance accordée aux voix et aux vœux d’une poignée d’agnostiques, admis à occuper des chaires d’enseignement dans nos universités catholiques et à utiliser les locaux de ces universités pour fonder leur mouvement de laïcisation. Vous êtes désolés de l’étatisation de l’enseignement et de l’expulsion des Évêques des organismes directeurs de l’éducation de nos enfants.

… aux mains vides

Très bien, mais, hommes de droite, vous devez bien savoir que ce ne sont pas vos gémissements ni vos discours qui arrêteront ce flot de la centralisation politique, de la concentration économique, du socialisme d’État, de son aboutissement au communisme.

Vous ne l’arrêterez pas, non plus, avec des mains vides. Or, n’est-ce pas avec des mains vides que vous le dénoncez ? N’avez-vous rien à lui opposer que le capitalisme vicié actuel, qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres, qui fait perdre aux petits possédants, le peu qui leur reste encore ?

Ah! Vous répétez bien vos condamnations de ce capitalisme-là. Les hommes de gauche aussi le condamnent. Mais eux ont quelque chose à présenter pour le remplacer, même si ce quelque chose signifie le sacrifice, brusque ou graduel, de la liberté de la personne. L’affamé, le dépouillé, le sans toit est avide d’autre chose que des mots de liberté, liberté d’ailleurs déjà perdue pour lui.

Vous, hommes de droite, qu’avez-vous à présenter à l’affamé, au dépouillé, au sans toit  ?

Avec quoi voulez-vous arrêter les ingérences croissantes de l’État dans des domaines qui relèvent des individus, des familles, des corps publics locaux  ?

Ne voyez-vous pas que toutes ces interventions d’État se disent nécessaires, motivées par l’incapacité financière des individus et des familles à payer les services municipaux, scolaires, hospitaliers ?

Vous la constatez bien, vous aussi, cette incapacité financière. Mais que proposez-vous pour y remédier  ? Quelle solution présentez-vous, autre que vos discours, dans lesquels vous êtes trop souvent prompts à attribuer la cause de cette insuffisance financière à ceux qui en souffrent  ?

Qu’avez-vous à présenter contre l’étatisation  ?

Qu’avez-vous à présenter ? Rien ? Rien, et alors vous n’arrêterez ni les nationalisations, ni les plans d’État, ni les collectivisations, ni les technocrates, ni les bureaucrates, ni les spoliations, ni l’enrégimentation, ni l’État-tout, ni le communisme déclaré ou déguisé sous un autre terme.

Votre cœur se fend à voir les ruraux délaisser leur sol pour l’asphalte des villes. Mais qu’avez-vous à présenter pour empêcher les taxes et les dettes de ruiner les cultivateurs  ? Rien  ? Rien. Alors, ne soyez pas surpris s’ils décident d’abandonner une terre qui doit nourrir l’État et les financiers avant de nourrir leur famille.

Puis, ne vous étonnez pas, après cela, de voir le gouvernement intervenir, planifier son aménagement rural, prendre deux ou trois fermes pour en agrandir une autre en l’endettant, mettre en friche ou en forêt ici, en pâturages communautaires ailleurs, collectiviser, placer ses favoris, et vous taxer pour payer les frais et les gâchis de cette expérience d’un gouvernement fermier.

Hommes de droite, le problème des jeunes vous tourmente. Avec raison. Mais qu’avez-vous à présenter pour que ces jeunes soient moins soustraits au climat de la famille  ? Pour qu’ils n’en soient pas de plus en plus distants, depuis l’âge de six ans jusqu’à la fin d’une scolarité qui s’allonge toujours  ? Pour que leurs journées ne s’additionnent pas d’une heure ou deux de promiscuité dans un autobus bondé de garçons et de filles, où les plus dessalés sont les plus aptes à donner le ton  ? Qu’avez-vous à proposer pour que les parents puissent offrir à leurs jeunes un foyer plus agréable, plus «retenant», moins méprisé par les jeunes, après leur journée dans le palais qu’est l’école d’aujourd’hui   ?

Rien à la famille. Tout au collectif

Tout va au collectif. À la famille, rien. Qu’avez-vous à présenter pour corriger cette anomalie, vous, hommes de droite, qui vous dites opposés au collectivisme et qui voulez réhabiliter la famille dans ses droits et les parents dans leur autorité ? Rien ? Encore les mains vides. Alors, vous n’empêcherez pas la fuite du foyer ni les influences externes malsaines, dont vous vous plaignez à bon droit. Pas même par vos centres de loisirs, qui, après tout, ne rattachent aucunement le jeune à son foyer. Le foyer restera le coin pauvre et rebuté, où l’on ne rentre que pour dormir et pas toujours de bonne heure.

Et qu’avez-vous à proposer pour que le progrès, la mécanisation de la production, l’automation, fassent des hommes libérés, au lieu de chômeurs totaux ou partiels, condamnés à vivre de demi-revenus extraits des enveloppes de paie de ceux que le progrès n’a pas encore déplacés  ? Que proposez-vous  ? Rien  ?

Parce que vous avez les mains vides, parce que vous n’avez rien de vraiment neuf à présenter, vous êtes réduits à vous taire, ou bien réduits à battre le même tambour que les hommes de gauche, à formuler les mêmes mesures conduisant aux mêmes fins.

Communistes des pays soviétisés ou tenants du capitalisme du monde libre, hommes de gauche ou hommes de droite de chez nous, tous ne clament-ils pas la même politique devant le chômage, politique de plein emploi, l’embauchage intégral.

Et comme le progrès dans les techniques de production demande de moins en moins de labeur humain pour répondre aux besoins normaux des hommes, on cherche une solution dans la promotion de nouveaux besoins matériels pour tenir la production en marche. Ce n’est plus la limitation des besoins qui conviendrait à des chrétiens, mais la création activée de nouveaux besoins qui enlise dans le matérialisme, dans ce matérialisme dont la montée vous fait peur, hommes de droite. Vous y contribuez, parce que vous ne savez pas ou ne voulez pas préconiser une distribution des produits dissociée de la condition de l’emploi.

Ignorance ou refus

Le mal, ne le voyez-vous pas, hommes de droite, le mal est dans la soumission à un système financier dont les règlements conduisent à toutes les conditions que vous déplorez.

Toute notre vie économique est réglée par l’argent. L’argent est souverain. C’est la grande hérésie économique, et plus qu’économique, que les chrétiens sont trop aveugles pour voir, ou trop attachés pour dénoncer, ou trop lâches pour renverser.

Tout est axé sur l’argent. Si l’argent est là, on a le droit de produire ce que les besoins attendent. Si l’argent n’est pas là, on doit se croiser les bras, ou s’endetter pour avoir à les croiser davantage plus tard, lorsqu’il faudra payer des dettes amoncelées, avant d’avoir accès à du crédit pour continuer de mobiliser la capacité de produire.

Si l’argent est là, du côté du consommateur, la personne, la famille peut se procurer les biens dont elle a besoin, les produits qui sont là, qui l’attendent, dans tous les magasins et dépôts du pays. Mais si l’argent n’est pas là, c’est la privation dans les maisons, c’est l’accumulation des produits devant les besoins béants, c’est le chômage, à moins de produire pour la destruction ou pour le gaspillage.

Et vous acceptez cette dictature de l’argent, hommes de droite  ? Vous attaquez tout, excepté celle-ci.

Comme si l’argent était un dieu échappant à la volonté des hommes. Comme si les règlements établis en fonction de l’argent ne pouvaient pas être changés par des règlements en fonction des besoins normaux des hommes et en fonction des possibilités existantes de les satisfaire.

Vous êtes les mains vides devant des désordres de toute description, dans tous les domaines, hommes de droite, parce que vous refusez de corriger ce désordre majeur, le désordre de l’argent souverain.

J’ose employer le mot «refuser», parce que, il me semble, vous ne pouvez plus ignorer ce qui est présenté au monde depuis 46 ans (en 2013, depuis 78 ans), au Canada français, et avec un zèle infatigable depuis 30 ans (62 ans en 2013), sous le nom de Crédit Social.

Ah! Je sais bien que les grands moyens de diffusion ont tout fait pour taire ou dénaturer les propositions du Crédit Social authentique. Je sais bien que la formation d’un parti politique sous ce nom a contribué à assimiler une doctrine de vérité à une course au pouvoir, faisant du Crédit Social un clan d’hommes à combattre ou des discours de politiciens à ridiculiser.

Mais des hommes de droite devraient avoir appris, depuis longtemps, à chercher la vérité ailleurs que dans une presse, une radio ou une télévision infestées de gauchistes, de menteurs, de corrupteurs, ou dans le blabla de politiciens. Puis, les préjugés, si vous en avez, doivent être mis au rancart: ils n’ont pas de place dans la recherche sincère d’une solution aux maux graves que vous savez reconnaître et dénoncer.

Louis Even

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