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Distribution par le Crédit Social

Louis Even le samedi, 23 janvier 1971. Dans Economie

L'accès d'un individu aux produits et services offert est conditionné par le pouvoir d'achat dont il dispose

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Bien chers amis,

Louis EvenDans notre Canada, comme aux États-Unis, comme d'ailleurs dans tous les pays évolués, il n'existe plus aujourd'hui de réels problèmes de production pour répondre aux besoins normaux de toute leur population. Mais ils souffrent honteusement de problème de distribution, la chose pourtant la plus simple et la plus agréable à accomplir. Non pas qu'ils manquent de moyens de transport ou de livraison, mais parce que l'accès d'un individu aux produits offerts est conditionné par le pouvoir d'achat dont il dispose.

Or, ce pouvoir d'achat n'est point lié à la personne ou à ses besoins, il résulte de divers facteurs qui laissent des personnes, des familles, privées ou insuffisamment pourvues de moyen de paiement.

Il y a là un devoir incombant aux législateurs. La part nécessaire de chaque personne aux biens essentiels à la vie ne doit pas être laissée aux aléas des circonstances, aux accès de fièvre ou de dépression du mécanisme de crédit, aux maladies périodiques ou chroniques des unités monétaires, aux décisions des créateurs de vaches grasses et de vaches maigres, aux appétits, aux indigestion des fauves de la finance et de la grande industrie ni à l'humeur accueillante ou repoussante des prêteurs internationaux auxquels des gouvernements sots ou déchus vont chapeau bas demander la permission de mettre en œuvre les possibilités productives de leur pays.

Il serait inexact de dire que rien n'a été fait depuis la dernière guerre pour atténuer les effets révoltants d'un système économique qui sait produire en abondance mais ne sait pas distribuer.

Sous la pression justement d'une abondance accumulée, acculant au chômage et provocant à la révolte et aussi parce que l'enseignement lumineux du Crédit Social a fait plein jour sur le mystère de l 'argent et jeter aux orties le jargon des économistes,

les gouvernement ont procédé à certaines mesures pour permettre de distribuer un peu de pouvoir d'achat à des personnes qui n'en reçoivent pas d'un emploi dans la production. C'est pour elle un revenu dissocié de l'emploi. On a vu naître ainsi des allocations familiales demeurées trop minces devant des prix triplés et une production accrue des pensions d'invalidité, des allocations aux mères nécessiteuses, de l'assistance sociale, des pensions de vieillesse.

C'est mieux que le néant d'avant la 2ème guerre mondiale, mais c'est encore du rapiéçage pour réparer un peu les déficiences d'un revenu mal ordonné à sa source et pour empêcher l'effondrement total d'un système cahin-caha de distribution. Tout l'argent affecté à ces mesures dites de sécurité sociale provient d'ailleurs de revenus d'abord liés à l'emploi puis extraits par des taxes et redistribué aux pensionnaires et aux secourus. Mais taxer ainsi le revenu de A et de B pour passer à C ou à D, c'est puiser dans l'assiette des premiers pour mettre dans l'assiette vide des derniers alors que le garde -manger reste plein à craquer par le flot fourni de l'abondante production moderne.

cela ne paraît pas bien intelligent.

Ces défauts dans la distribution des biens répondant aux besoins proviennent de ce que la vie économique est viciée par sa soumission a un système financier complètement détourné de sa fin. Un système devenu dominateur quand il devrait être serviteur. Système aussi, qui fausse la vision des réalités économiques; ces réalité sont, d'une part, les besoins des hommes.Besoins privés ou besoins publics et d'autre part, les possibilités existantes de répondre à ces besoins. Demander par ex. au gouvernement de tripler les allocations familiales parce qu'elles n'ont point été accordées aux taux des hausses des prix, on vous fera répondre : ce serait bien désirable mais notre situation financière ne le permet pas. Objectez : mais si les familles qui élèvent des enfants se procuraient plus de lait, plus de fruits, plus d'autres utilités, croyez-vous que la capacité de production du pays est trop épuisée pour y répondre ? On vous répondra : la question n'est pas là. Le pays peut produire mais il ne peut pas payer et c'est final.

On ne passe pas outre.

La finance n'est donc pas en rapport avec le réel en matière de production or c'est la finance qui dicte la décision. Elle peut faire fi des besoins humains, elle est plus sacrée que les enfants, que les personnes, que les familles, elle est du moins considérée comme plus sacrée dans la pratique par tous les gouvernements et par tous leurs aviseurs diplômés du système. La grande capacité moderne de production, si elle était servie au lieu d'entraver par un système financier adapté, pourrait facilement répondre aux besoins d'une vie convenable pour toutes les familles du pays.

Et facilement aussi aux besoins publics dans l'ordre de leur priorité. Ce qui permettrait vraiment une organisme économique et sociale pour tout homme et pour tout l'homme. En même temps, les pouvoirs publics de tous les échelons cesserait d'être continuellement harcelés par des problèmes de finance. Leur fonction principale et presque unique aujourd'hui semble être de chercher de l'argent.

Les lecteurs habituels de Vers Demain ont pu remarquer qu'en matière économique le journal ne parle guère que du système financier. Et rien des méthodes de productions, rien des richesses naturelles, des pouvoirs d'eau, des mines, des moyens de transport, des grandes industries sauf pour critiquer leur gigantisme et la dépersonnalisation des masses qu'elles emploies et rien des méthodes d'agriculture, des métiers,de l'apprentissage, etc. Pourquoi ? Nous n' ignorons certainement pas l'importance de toutes ces autres questions mais nous constatons qu'elles sont très bien traités par d'autres auteurs et que d'ailleurs le flot de production de toutes sortes et bien entretenu et que s'il y a étranglement ou congestionnement quelque part, ce n'est point dû au système producteur lui -même mais au système financier qui est d'une toute autre origine. De même, nous laissons à d'autres les questions de sociologie, même si elle touche de près à la bonne orientation de la vie sociale sauf ici, encore, pour regretter que les sociologues examinent tout excepté le système financier qui pourtant affecte considérablement le comportement de la vie sociale comme de la vie économique.

Nous croyons que comme l'exprime le pape Benoit XV la question sociale se résume a une juste distribution de la richesse. Nous croyons de plus que cette juste distribution pourrait être réalisée par un système financier reflétant les réalités et comportant dans ses règlements la garanti d'un certain revenu a tous et à chacun des membres de la société. C'est ce que ferait l'application des principes du Crédit Social tels qu'énoncés par l'ingénieur économiste Clifford Douglas, d'où l'importance considérable que nous y attachions au Crédit Social authentique ce qui n'a rien à voir à ce que disent ou font des politiciens comme Caouette et son ralliement qui profane le nom de Crédit Social a en faisant la désignation d'un vulgaire parti politique.

Mais pour bien comprendre le Crédit Social authentique, les possibilités de son application, il ne faut pas en juger sous l'éclairage du système actuel, car du premier coup dès l'abord, le système actuel et le Crédit Social prennent vis a vis de la finance, deux attitudes opposées. Le système actuel soumet les possibilités physiques de production à la présence de l'argent, du crédit financier. Le Crédit Social, au contraire, soumet le système financier aux possibilités physiques de répondre aux besoins humains. C'est l'argent qui doit répondre au réel et non pas le réel qui doit être entravé par l'argent. Comment le Crédit Social peut-il obtenir ce renversement ? Parce que il considère qu'un système financier doit être assez souple pour s'adapter en tout temps aux réalités économiques qui sont elles même le résultat d'actes posés par des producteurs libres répondant à des besoins humains exprimés librement par des consommateurs libres. D'où le titre de Démocratie Économique que Douglas donna à son premier livre sur ce sujet.

C'est d'autant plus facile à réaliser, cet ajustement,que le système d'argent est déjà actuellement un système de comptabilité. Il n'est que d'en faire une comptabilité exacte au lieu de cette comptabilité fausse qui exprime un enrichissement réel effectué par la population du pays par une dette public à payer par la même population du pays. Et ses autres mauvais fruits sont multiples.

Le Crédit Social ajustant constamment la finance au réel, on ne verrait plus les prix monter à mesure que la production devient plus facile et plus abondante. Au contraire, les prix baisseraient dans la mesure ou les produits deviennent plus faciles grâce à la machine et au progrès. Au lieu de l' inflation, de la montée des prix qui va toujours en augmentant dans le système actuel, on verrait les prix ajustés avec la facilité de production. Un escompte général abaisserait les prix à payer par les consommateurs et une compensation de cette escompte au marchand ferait les producteurs quand même récupérer toutes leurs dépense. Une autre principe du Crédit Social qui doit être admis pour qu'on comprenne, parce qu'il correspond au réel, d'ailleurs, mais dont on ne trouve aucune application dans le système actuel, c'est que, l'abondante production moderne est bien plus le fruit d'inventions, de perfectionnements successifs, d'applications scientifiques, de découverte de puissantes sources d'énergie, en un mot, du progrès. Que du travail des hommes employés dans la production c'est là un héritage un immense capital réel, capital bien plus important que le capital argent qui n'est lui, après tout, qu'un capital- chiffre, la chose la plus facile à faire alors que le capital- progrès a pris des siècles à se former.

Cet héritage communautaire,grand facteur de production n'est la propriété exclusive d'aucun être vivant c'est un bien commun dont l'usufruit doit valoir un revenu social un dividende périodique à tous les co-héritiers, donc à tous les membres de la société au même degré sans pour cela supprimer la récompense a ceux qui mettent en œuvre ce capital qu'ils mettent en rendement.

Comme on voit, le Crédit Social envisage une conception du système financier et du mode de distribution de la richesse bien différente de celle du système rapace et anti- social d'aujourd'hui. Une économie créditiste pourrait fort bien se servir des mêmes canaux bancaires ou autres pour la mise en circulation du crédit et son retour mais avec un mode s'inspirant d'une toute autre philosophie. Philosophie parfaitement en rapport avec le service de tout homme et de tout l'homme, réclamé par les papes pour un organisme économique sain et authentiquement social.

Un cours de Crédit Social ne peut pas se donner en un quart d'heure mais en suivant les articles de Vers Demain sur le sujet, on peut se familiariser et cette étude en vaut certainement la peine à cause des grandes lumières qu'elle répand.

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