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Il est impossible de rembourser les dettes des pays

Alain Pilote le jeudi, 01 janvier 2015. Dans Crédit Social

Puisque tout l’argent est créé par les banques sous forme de dettes

On voyait venir cette nouvelle depuis quelque temps : avec toutes les dépenses astronomiques faites par le gouvernement canadien pour venir en aide aux citoyens et entreprises frappés par la pandémie du coronavirus et l’arrêt de pratiquement toutes les activités économique, M. Yves Giroux, directeur du budget du parlement canadien, annonçait le 30 avril 2020 que le déficit budgétaire du gouvernement fédéral atteindrait un niveau record, passant de 24,9 milliards de dollars en 2019-2020 à 252,1 milliards de dollars en 2020-2021, soit dix fois plus.

Résultat : la dette accumulée du gouvernement fédéral, qui était de 685 milliards en 2018-2019, bondirait à 962 milliards. Et si ça peut vous consoler, tous les autres pays sont dans une même situation catastrophique. Ainsi, la dette des États-Unis, qui atteint 25 trillions (25 mille milliards) de dollars au début de mai 2020, pourrait atteindre les 30 trillions d’ici la fin de l’année.

Il faut remonter à la dernière guerre mondiale pour voir un déficit si élevé, en comparaison de l’économie du pays (PIB), mais justement, le Canada — et tous les autres pays du monde — sont en guerre contre un ennemi commun, qui s’appelle coronavirus. Aux journalistes qui lui demandaient quel était son plan pour revenir à des déficits moins élevés, le premier ministre Justin Trudeau a tout simplement répondu : « On n’est pas du tout en train de penser à cela maintenant. »

On n’y pense pas maintenant, mais les maux de tête vont venir quand il faudra rembourser toutes ces sommes avec les intérêts. Car toutes ces sommes versées par le gouvernement pour aider les gens, c’est de l’argent emprunté des banques, de l’argent créé sous forme de dette.

Il est important de comprendre ce point : la dette totale ne peut jamais être remboursée, car elle représente de l’argent qui n’existe pas. Louis Even l’a expliqué brillamment dans sa parabole de l’Île des Naufragés. Dans cette parabole, le banquier Martin prête l’argent à un taux de 8%, mais n’importe quel taux d’intérêt, même 1%, créerait une impossibilité mathématique de rembourser le prêt en entier, capital et intérêt.

Supposons que les cinq naufragés sur l’île décident d’emprunter du banquier Martin une somme totale de 100 dollars, à un taux d’intérêt de 6%. À la fin de l’année, les cinq naufragés doivent rembourser au banquier Martin l’intérêt de 6%, soit 6 $. 100 $ moins 6 $ = 94 $, il reste donc 94 $ en circulation sur l’île. Mais la dette de 100 $ demeure. Le prêt de 100 $ est donc re­nouvelé, et un autre 6 $ doit être payé à la fin de la deuxième année. 94 $ moins 6 $, il reste 88 $ en circulation. Si les cinq naufragés continuent ainsi de payer 6 $ d’intérêt à chaque année, au bout de 17 ans, il ne restera plus d’argent sur l’île. Mais la dette de 100$ demeurera, et le ban­quier Martin sera autorisé à saisir toutes les propriétés des habitants de l’île.

La production de l’île avait augmenté, mais pas l’argent. Ce ne sont pas des produits que le banquier exige, mais de l’argent. Les habi­tants de l’île fabriquaient des produits, mais pas d’argent. Quand bien même les cinq habi­tants de l’île travailleraient jour et nuit, cela ne fera pas apparaître un sou de plus en circula­tion. Seul le banquier a le droit de créer l’ar­gent. Il semblerait donc que pour la communauté, il n’est pas sage de payer l’intérêt annuellement.

Croissance d'une dette à 6% d'intérêt

Année
Capital original emprunté
Dette à la fin de l'année
Intérêt dû à la fin de l'année
Argent en circulation
1
100,00 $
106,00 $
6,00 $
100,00 $
2
100,00 $
112,36 $
6,36 $
100,00 $
3
100,00 $
119,10 $
6,74 $
100,00 $
4
100,00 $
126,25 $
7,15 $
100,00 $
5
100,00 $
133,82 $
7,57 $
100,00 $
10
100,00 $
179,08 $
10,14 $
100,00 $
20
100,00 $
320,71 $
18,15 $
100,00 $
30
100,00 $
574,35 $
32,51 $
100,00 $
40
100,00 $
1 028,57 $
58,22 $
100,00 $
50
100,00 $
1 842,02 $
104,27 $
100,00 $
60
100,00 $
3 298,77 $
186,72 $
100,00 $
70
100,00 $
5 907,59 $
334,39 $
100,00 $

Même emprunter l’intérêt ne règle pas le problème, mais ne fait que retarder la faillite finale. Voyez plutôt : reprenons donc notre exemple au début. À la fin de la première année, les cinq naufragés choisissent donc de ne pas payer l’intérêt, mais de l’em­prunter de la banque, augmentant ainsi le prêt à 106 $. (C’est ce que nos gouvernements font, puisqu’ils doivent emprunter pour payer seulement l’intérêt sur la dette.) « Pas de pro­blème, dit le banquier, cela ne représente que 36 ¢ de plus d’intérêt, c’est une goutte sur le prêt de 106$  ! » La dette à la fin de la deuxième année est donc : 106 $ plus l’intérêt à 6% de 106 $ — 6,36 $ — pour une dette totale de 112,36 $.

Au bout de 5 ans, la dette est de 133,82 $, et l’intérêt est de 7,57 $. « Pas si mal », se disent les cinq naufragés, l’intérêt n’a augmenté que de 1,57$ en cinq ans. » Mais qu’en est-il au bout de 50 ans ?

La dette augmente relativement peu les premières années, mais augmente ensuite très rapidement. A remarquer, la dette augmente à chaque année, mais le montant original emprunté (argent en circulation) demeure toujours le même : 100 $. En aucun temps la dette ne peut être payée, pas même à la fin de la première année : seulement 100 $ en circulation et une dette de 106 $. Et à la fin de la cinquantième année, tout l’argent en circulation (100 $), n’est même pas suffisant pour payer l’intérêt sur la dette : 104,26 $.

Tout l’argent en circulation est un prêt, et doit retourner à la banque grossi d’un intérêt. Le banquier crée l’argent et le prête, mais il se fait promettre de se faire rapporter tout cet argent, plus d’autre qu’il ne crée pas. Seul le banquier crée l’argent : il crée le capital, mais pas l’intérêt (Dans l’exemple plus haut, il crée 100 $, mais demande 106 $).

Le banquier demande de lui rapporter, en plus du capital qu’il a créé, l’intérêt qu’il n’a pas créé, et que personne n’a créé. Il est impossible de rembourser de l’argent qui n’existe pas, les dettes ne peuvent donc que s’accumuler. La dette publique est faite d’argent qui n’existe pas, qui n’a jamais été mis au monde, mais que le gouvernement s’est tout de même engagé à rembourser. C’est un contrat impossible, que les financiers repré­sentent comme un contrat sain à respec­ter, même si les humains dussent en crever.

graphique de la croissance de la dette à 6% d'intérêt

En mettant sur un graphique la dette cumulative des cinq habitants de l’île, où la ligne horizontale est graduée en années, et la ligne verticale graduée en dollars, et en joignant tous les points obtenus pour chaque année par une ligne, nous obtenons une courbe qui permet de mieux voir l’effet de l’intérêt composé et la croissance de la dette :

La pente de la courbe augmente peu durant les premières années, mais s’accentue rapidement après 30 ou 40 ans. Les dettes de tous les pays du monde suivent le même principe et augmentent de la même manière. Étudions par exemple la dette du Canada :

Lors de la formation du Canada en 1867 (l’union de quatre provinces : Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), la dette du pays était de 93 millions $. La première grande augmentation est survenue durant la Première Guerre mondiale (1914-1918), où la dette publique du Canada est passée de 483 millions $ en 1913 à 3 milliards $ en 1920. La seconde grande hausse est intervenue durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), où la dette est passée de 4 milliards $ en 1942 à 13 milliards $ en 1947. Ces deux hausses peuvent s’expliquer par le fait que le gouvernement dut emprunter de grandes sommes d’argent pour sa participation à ces deux guerres.

Dette publique du Canada 1940 à 2012

Mais comment expliquer la hausse phénoménale des années plus récentes, alors que la dette passait de 24 milliards $ en 1975 à 224 milliards $ en 1986, puis à 575 milliards $ en 1996, alors que le Canada était en temps de paix et n’a pas eu à emprunter pour la guerre ? C’est l’effet de l’intérêt composé, comme dans l’exemple de l’Île des Naufragés.

Si les dettes des gouvernements repré­sentent des sommes énormes, elles ne repré­sentent que la pointe de l’iceberg : en plus des dettes publiques, il existe aussi les dettes privées (individus et compagnies) ! Ain­si, aux États-Unis, en 1992, la dette publique était de 4000 milliards $, et la dette totale de 16 000 milliards, avec une masse monétaire de seulement 950 millions $. En 2014, la dette du gouvernement fédéral américain atteint les 17 000 milliards, et la dette totale (États, compagnies et individus) dépasse les 100 000 milliards !

Dans son rapport de novembre 1993, le vérificateur général du Canada disait que sur la dette nette de 423 milliards  $ accumulée par le gouvernement canadien de 1867 à 1992, seulement 37 milliards $ avaient été dé­pensés pour des biens et services, alors que le reste (386 milliards $, ou 91% de la dette) consistait en frais d’intérêt, ce qu’il a coûté au gouvernement pour emprunter ce 37 milliards $ (c’est comme si le gouvernement avait em­prunté ce 37 milliards $ à un taux de 1043% !). Le capital original emprunté repré­sente moins de 10% de la dette. En d’autres mots, la dette du Canada a déjà été payée dix fois. Ne pensez-vous pas que c’est suffisant  ? La vraie justice, c’est de rembourser le capital qu’une seule fois, et non pas cinq ou dix fois à cause des intérêts  !

Heureusement, de plus en plus de gens voient clair dans cette fraude des banquiers. Par exemple, M. Gilbert Vik, de l’État de Was­hington, aux États-Unis, a écrit, il a quelques années, la lettre suivante :

« Pour chaque personne dans notre pays, il existe 20 000 $ en argent. Cela paraît bien  ! Mais il existe en même temps 64 000 $ de dette pour chaque personne  ! Dépensez votre 20 000 $ pour payer la dette, et ce 20 000 $ cesse d’exister, vous laissant sans ar­gent et avec encore une dette de 44 000 $. Vous avez le choix entre perdre vos biens ou bien emprunter ce 44 000 $, mais cela ne fait que grossir la dette. Rembourser la dette est donc impossible  !

« Puisque la manière dont l’argent est créé (sous forme de dette) est elle-même la cause de la dette sans cesse croissante, il n’est pas possible de corriger le problème en utilisant une méthode qui s’occupe de l’ar­gent seulement après qu’il ait été créé. »

« Travailler plus fort ne réglera pas le pro­blème. Travailler plus longtemps ne réglera pas le problème. Donner un emploi à tous les membres de la famille ne réglera pas le problème. Augmenter ou diminuer les salaires ne réglera pas le problème, etc.

« La seule chose qui réglera le problème est d’en­lever aux compagnies privées (les banques) le pouvoir de créer l’argent sous forme de dette (en exigeant un intérêt), et d’adopter une méthode de création de l’argent où l’Office national de Crédit crée l’argent lui-même  ! Cette solution est d’une importance déterminante pour l’avenir finan­cier de notre pays et du monde entier  ! »

La seule chose qui manque, c’est l’éducation du peuple, pour lui démontrer la fausseté, l’absurdité et l’inju­stice du système financier actuel, et l’urgence pour le gouvernement de créer lui-même son argent, au lieu de l’emprunter des banques. Seul Vers Demain dénonce le système actuel et apporte la solution ; c’est donc Vers Demain que la population doit étudier. Et pour cela, il faut abonner tout le monde à Vers Demain !

Alain Pilote

Commentaires (1)

  • Darrentot

    Darrentot

    01 mai 2021 à 14:15 |
    "Everything is very open with a really clear description of the issues. It was truly informative. Your site is very useful. Thank you for sharing!"
    נערות ליווי בפתח תקווה
    gder4563

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