Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Extraits du discours du Pape Jean-Paul Il aux responsables de gouvernement et hommes politiques, samedi, le 4 novembre 2000 :
Voilà pourquoi le chrétien qui fait de la politique — et qui veut le faire « en chrétien » doit agir avec désintéressement, cherchant non pas sa propre utilité ni celle de son groupe ou de son parti, mais le bien de tous et de chacun, et donc et avant tout le bien de ceux qui, dans la société, sont les plus désavantagés...
Telle doit être précisément la préoccupation essentielle de l'homme politique : la justice...
En réalité, c'est l'esprit de solidarité qui doit croître dans le monde, pour vaincre l'égoïsme des personnes et des nations. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra mettre un frein à la recherche de la puissance politique et de richesse économique en dehors de toute référence à d'autres valeurs. Dans un univers désormais mondialisé, où le marché... tend à se libérer de toute considération morale, retenant comme règle unique la loi du profit maximal, les chrétiens qui se sentent appelés par Dieu à la vie politique ont pour tâche – très difficile certes, mais nécessaire de soumettre les lois du marché « sauvage » aux lois de la justice et de la solidarité. C'est l'unique moyen d'assurer à notre monde un avenir pacifique, en détruisant à la racine les causes de conflits et de guerres : la paix est le fruit de la justice.
Je voudrais maintenant dire un mot particulier à ceux d'entre vous qui ont la tâche d'élaborer et d'approuver les lois ; c'est une tâche qui rapproche l'homme de Dieu, Législateur suprême : dans sa Loi éternelle toute loi puise, en dernière analyse, sa valeur et sa force contraignante... Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des « majorités » d'opinions provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d'une loi morale objective qui, en tant que « loi naturelle » inscrite dans le cœur de l'homme est une référence normative pour la loi civile elle-même (n.70).
Cela veut dire que les lois, quels que soient les domaines dans lesquels le législateur intervient ou est obligé d'intervenir, doivent toujours respecter et promouvoir - dans la variété de leurs exigences spirituelles et matérielles, personnelles, familiales et sociales – les personnes humaines. C'est pourquoi une loi qui ne respecterait pas le droit à la vie – de la conception à la mort naturelle — de l'être humain, quelles que soient les conditions dans laquelle il se trouve – qu'il soit sain ou malade, encore à l'état embryonnaire, âgé ou en phase terminale – n'est pas une loi conforme au dessein divin, aussi un législateur chrétien ne peut-il ni contribuer à la formuler ni l'approuver en séance parlementaire... Il faut en dire autant de toute loi qui nuirait à la famille et porterait atteinte à sa santé et à son indissolubilité, ou bien qui conférerait une valeur légale à des unions entre personnes, y compris de même sexe, qui prétendraient se substituer avec les mêmes droits à la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme.
Il n'y a pas de doute que, dans l'actuelle société pluraliste, le législateur chrétien se trouve face à des conceptions de la vie, à des lois et à des demandes de législation qui sont contraires à sa conscience. C'est alors la prudence chrétienne, vertu propre à l'homme politique chrétien, qui lui indiquera comment se comporter pour ne pas manquer, d'une part, à l'appel de sa conscience correctement formée, ni d'autre part à sa tâche de législateur. Il ne s'agit pas, pour le chrétien de sortir du monde ou l'appel de Dieu l'a placé, mais de donner un témoignage de sa foi et d'être logique avec ses principes, dans les circonstances difficiles et toujours nouvelles qui caractérisent la sphère de la politique.
Pour un acte de foi sincère et convaincante, renouvelez votre adhésion à Jésus-Christ, Sauveur du monde, et faites de son Évangile le guide de votre pensée et de votre vie. Vous serez alors, dans la société d'aujourd'hui, le ferment de vie nouvelle dont l'humanité a besoin pour bâtir un avenir plus juste et plus solidaire, un avenir ouvert à la civilisation de l'amour.