Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
C'est l'arbre de la dette publique.
À mesure que le pays se peuple, se développe, se défend, sa dette nationale grossit.
Le travail des colons qui ouvrent des terres nouvelles, des mineurs qui sortent les richesses des entrailles du sol ; les idéaux qui font surgir les écoles et les églises ; le sang des soldats qui se battent pour la démocratie et la civilisation (d'après ce qu'il faut croire au moins), tout cela fertilise l'arbre de la dette nationale.
Voyez sa croissance depuis trente ans :
1914 $ 544,391,369
1920 3,041,529,587
1943 11,302,000,000
Ajoutons que cet arbre qui grandit porte des fruits, savoureux pour les financiers, mais amers pour le peuple. Ces fruits s'appellent : intérêts sur la dette publique.
De 1919 à 1939, les intérêts sur la dette créée par la première guerre ont dépassé le capital lui-même, et tout le capital est encore dans la dette. Ainsi, jusqu'à 1936, d'après Maclean's Magazine, édition du 1er septembre 1936 :
Coût direct de la guerre No 1 $1,698,517,653
Intérêts payés sur cette dette : 1,953,464,614
Et pendant ces mêmes années, de 1919 à 1936, pendant que le Canada versait près de deux milliards en seuls intérêts à ceux qui continuaient de s'engraisser de la première grande guerre mondiale, il consentait moins de trois quarts de milliard en pension aux soldats qui l'avaient faite. Comparez
Intérêts aux engraissés...... $1,953,464,614
Pensions aux vétérans...... 684,706,564
C'est très encourageant pour ceux qui exposent aujourd'hui leurs membres et leur vie dans une autre croisade du même genre, financée exactement de la même manière !
Et le peuple, lui ? Le peuple qui a sué, saigné et souffert des privations et des deuils pour la cause de la "liberté" ? Quel degré de liberté, du côté financier, a-t-il retiré de tout cela ?
Pour l'évaluer, divisez la dette de 1914 par le chiffre de la population de 1914, vous trouverez 60.50. La dette nationale par tête était de $60 en 1914.
Puis, divisez le chiffre de la dette nationale actuelle par le chiffre de la population actuelle, vous trouverez 1,000. La dette nationale par tête est de plus de $1,000 en 1944.
Ainsi, après deux grandes guerres pour la liberté, la chaîne financière des Canadiens est au moins 16 fois plus solide qu'avant ces "croisades" sanglantes.