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Crédit Social et commerce international

Le Grand Reset, réalité ou théorie du complot ?

Livres sur le Crédit Social

La démocratie économique

La démocratie économique expliquées en différentes leçons pour avoir une pleine connaissance de tout ce que le Crédit Social implique. Ce sont les propositions financières de l’ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas, connues tout d’abord sous le nom de démocratie économique (d’après le titre de son premier livre), et connues par la suite sous le nom de crédit social.

Sous le Signe de l'Abondance

Sous le signe de l’abondance — exprime assez bien qu’il s’agit d’une économie d’abondance, de l’accès rendu facile aux immenses possibilités de la production moderne.

Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.

Du régime de dettes à la prospérité

"Du régime de dettes à la prospérité" est à l’origine de la fondation de l’Œuvre des Pèlerins de saint Michel. C'est le livre qui fit s'écrier Louis Even; "Une lumière sur mon chemin!".

"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."

Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège

Une lumière sur mon chemin

«Une lumière sur mon chemin. Il faut que tout le monde connaisse cela!» c'est écrié Louis Even en 1934 lorsqu'il découvrit le Crédit Social. Ce livre est un recueil des conférences données à la radio et télévision de 1958 à 1964.  

Dernières circulaires

Témoignages Sessions d'Étude

Deux fois par année, nous invitons des évêques, prêtres et laïcs, surtout d’Afrique, à nos semaines d’étude sur le Crédit Social à notre maison-mère de Rougemont au Canada. Voici les commentaires de quelques-uns de ces évêques, prêtres et laïcs.

Qui sont les vrais maîtres du monde ?

Le système bancaire actuel est pur banditisme, quiconque s’est donné la peine d’étudier la question, (la création de crédit-monnaie-dette par les banques et le contrôle absolu de l’intermédiaire d’échange par les banques), n’en peut douter. Mais c’est un banditisme légalisé c’est-à-dire qu’en conduisant ce racket au profit d’une petite clique d’individus sur le dos du public, les banques restent dans les limites de leur charte, c’est la «patente» accordée par le gouvernement souverain à une machine qui saigne et tue l’humanité.

Un nouveau système financier efficace

Le système financier efficace dont il va être question dans cette brochure, c’est le système financier connu généralement sous le nom de Crédit Social (ou Démocratie Économique), encore appliqué nulle part, mais dont les principes furent établis par l’ingénieur économiste écossais, Clifford Hugh Douglas, publiés par lui pour la première fois en 1918, propagés depuis par toute une école dans maints pays.

Le Dividende Social

Qu’est-ce que vous dites-là? Que le Dividende Social respecterait la planète et que la société de consommation est destructrice de la planète?

Oui! Avec la technologie, avec le progrès, le travail humain est de moins en moins nécessaire pour la production. La pénurie actuelle de main-d’œuvre dans certaines régions est un problème temporaire, un problème démographique.

Sainte Marguerite d’Youville

le samedi, 01 mai 2021. Dans Saints & Bienheureux

Mère de la charité universelle

Sainte Marguerite d’Youville
Père Éternel

Les fondateurs de Vers Demain ont toujours eu une dévotion spéciale envers sainte Marguerite d'Youville (1701-1771), fondatrice des Sœurs de la charité de Montréal, communément appelées Sœurs Grises. Une peinture de sainte Marguerite d'Youville (photo de gauche) est affiché dans la salle à dîner de la Maison Saint-Michel, tout à côté de l'image du Père Éternel, reproduction d'une peinture faite en 1741 par l'artiste français Challe, à la demande de sainte Marguerite d'Youville. De plus, encore aujourd'hui, à la maison-mère de Vers Demain à Rougemont, nous récitons tous les jours la prière suivante :

« Père éternel, daignez nous accorder la grâce de votre protection sur nos maisons ; nous vous le demandons avec foi, confiance et amour, par l'intercession de sainte Marguerite d'Youville, votre fidèle servante dont la vie fut un hommage de filial abandon à votre Providence. Sainte Marguerite d'Youville, priez pour nous. »

Tout comme il a veillé sur l'œuvre de sainte Marguerite d'Youville, le Père Éternel, dans sa divine Providence, continue de veiller sur l'œuvre de Vers Demain. Il nous fait donc plaisir de reproduire la lettre de juillet 2001 de l'Abbaye Saint-Joseph de Clairval, qui relate la vie de cette grande sainte.


par Dom Antoine Marie, osb

Lors de la canonisation de Marguerite d'Youville, le 9 décembre 1990, le Pape saint Jean-Paul II remarquait que « la fondatrice des "Sœurs grises" nous donne un grand exemple : elle a su maîtriser ses déceptions, accepter la souffrance comme la croix du Christ. Abandonnée aux mains de la Providence, elle a poursuivi sa route dans l'espérance. La confiance ne la quittait pas... Elle a entièrement remis sa vie entre les mains du Créateur ».

Cette attitude était véritablement sage, car « reconnaître la dépendance complète de la créature par rapport au Créateur est source de sagesse et de liberté, de joie et de confiance » (Catéchisme de l'Église Catholique, CEC, 301). En effet, après avoir créé, Dieu n'abandonne pas sa créature à elle-même, mais « il la maintient à chaque instant dans l'être, lui donne d'agir et la porte à son terme » (ibid.). La vie de notre sainte en donne un vivant témoignage.

Marie-Marguerite Dufrost de Lagemmerais est venue au monde le 15 octobre 1701, à Varennes, près de Montréal en « Nouvelle-France » (appelée « Canada » depuis 1763). Son père, gentilhomme breton installé en Nouvelle France depuis 1687, est un officier. La mère de Marguerite, Marie-Renée de Varennes est la fille d'un officier, René Gauthier de Varennes, chevalier de Saint-Louis.

Marie-Marguerite (l'usage prévaudra de l'appeler « Marguerite ») est l'aînée d'une famille de six enfants. Orpheline de père dès l'âge de sept ans, Marguerite entre toute jeune à l'école de la misère. Son père n'a jamais eu, pour faire vivre sa famille, que sa maigre solde d'officier ; c'est-à-dire tout juste de quoi ne pas mourir de faim. À sa mort, sa veuve et ses six enfants sont acculés à la mendicité. Six ans d'attente pénible s'écoulent avant qu'une pension dérisoire soit versée à Madame Dufrost pour élever sa famille. Grâce au soutien de personnes charitables, Marguerite est mise en pension durant deux années chez les Ursulines de Québec. Elle y puise une forte éducation religieuse, bien en harmonie avec la formation reçue dans sa famille. À douze ans, elle rentre au foyer pour aider sa mère dans les tâches domestiques et l'éducation de ses frères et sœurs.

Marie-Marguerite épouse François d'YouvilleLe 12 août 1722, elle épouse François d'Youville : c'est un beau cavalier mais aussi un aventurier aux mœurs douteuses, fils d'un trafiquant de fourrures et d'alcool, et trafiquant lui-même. En quelques années, il dévore son bien et détruit sa santé et le bonheur de sa femme. Il meurt en 1730, à vingt-huit ans, après huit années d'un mariage malheureux. Il lègue à sa veuve des dettes, la laissant mère de deux enfants en bas âge et enceinte d'un troisième – quatre autres sont morts dès le berceau.

Marguerite accepte toutes ces épreuves avec courage, en esprit de foi. Elle sait que la sollicitude de la divine Providence est concrète et immédiate, qu'elle prend soin de tout, depuis les plus petites choses jusqu'aux grands événements du monde et de l'histoire. Jésus, en effet, demande un abandon filial à la Providence du Père céleste qui subvient aux moindres besoins de ses enfants : Ne vous inquiétez donc pas en disant : qu'allons-nous manger ? qu'allons-nous boire ?... Votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6, 31-33).

« Consolez-vous, Madame... »

Les épreuves vont porter des fruits de sanctification dans la vie de Marguerite, qui semble avoir si mal commencé. M. de Lescöat, confesseur de la jeune veuve, lui annonce, au lendemain de son deuil : « Consolez-vous, Madame, Dieu vous destine à une grande œuvre, et vous relèverez une maison sur son déclin ». Dans la ville de Montréal, en effet, un hôpital, fondé en 1692 et appelé, du nom de son fondateur, l'hôpital Charon, est en décadence. Deux prêtres Sulpiciens, MM. de Lescöat et Normant, successivement curés de la paroisse Notre-Dame, souhaitent ressaisir et sauver cette institution indispensable aux pauvres de la ville. Au 18ième siècle, les hôpitaux ne sont pas, comme de nos jours, spécialisés dans les soins médicaux ; ce sont plutôt des lieux d'accueil pour toutes sortes de misères.

À la mort de M. de Lescöat, M. Normant devient directeur spirituel de Madame d'Youville. Il remarque la piété de la jeune femme qui pleure avec des larmes sincères le mari qui la méritait si peu. Il considère la mère se dépensant pour l'éducation de ses deux fils, François et Charles, futurs prêtres. Il voit cette femme visiter les pauvres, les malades, se rendre à l'hôpital général pour y raccommoder les hardes de quelques indigents délaissés et crasseux ; il constate l'ingéniosité de cette personne charitable et son merveilleux esprit d'initiative. Aux grandes qualités naturelles que Dieu lui a départies, celle-ci joint encore un amour intime de Dieu le Père ; elle entre dans l'esprit d'adoption des enfants, par lequel nous crions : Abba, Père ! (Rm 8, 15), avec une confiance presque téméraire en la Providence du Père qui ne manque jamais à ceux qui travaillent à la sanctification de son nom et à la venue de son règne.

Pour M. Normant, cette femme est capable de relever l'hôpital, et à cette fin Dieu fera peut-être d'elle la mère d'une famille religieuse. Pénétré de ces idées, il propose à Marguerite d'Youville de prendre chez elle quelques pauvres ; ce sera un noviciat approprié à la tâche à venir. Puis, le prêtre lui recrute une compagne. Bientôt deux autres jeunes personnes se joignent à elles : on s'installe dans une maison louée, avec cinq pauvres qui seront bientôt dix. Et voilà formé le noyau d'une nouvelle communauté ; nous sommes en 1737. Mais cette œuvre de Charité va être traversée par de lourdes épreuves.

Grisées par l'alcool ?

Certaines personnes voient d'un mauvais œil l'initiative des prêtres Sulpiciens. On les soupçonne de vouloir liquider totalement l'hôpital général afin de récupérer terrains et bâtiments, qui leur reviendraient alors en droit. D'ailleurs quelques vieux frères Hospitaliers y vivent ; pourquoi les remplacer par une communauté qui n'existe pas encore ? Ne serait-ce pas une dérogation flagrante aux intentions des fondateurs ? Une pétition signée des personnes les plus en vue à Montréal, et envoyée au Comte de Maurepas, Secrétaire d'État, demande que la dame d'Youville soit expulsée de la ville. En tête de ceux qui signent la pétition, se trouvent de proches parents de Madame d'Youville, pleins de ressentiments encore vifs contre François d'Youville et son père, qui, par leur trafic, ont ruiné tant d'honnêtes marchands, déshonorant ainsi la famille.

Le jour de la Toussaint, Marguerite et ses compagnes sortent de leur logement pour aller à la Messe. Aussitôt, la foule les invective par des vociférations et des hurlements : les humbles femmes sont poursuivies à coups de pierres. Les jours suivants, des scènes semblables se reproduisent. Toujours fertile en inventions, la calomnie va bon train : les prêtres Sulpiciens sont accusés de fournir à Madame d'Youville et ses aides de l'alcool qu'elles vendent en cachette aux Indiens, non sans en boire elles-mêmes. Aussi, les appelle-t-on, ironiquement, les « Sœurs grises », c'est-à-dire « grisées » par l'alcool.

Dans le même temps, une des compagnes les plus dévouées de Madame d'Youville meurt à la tâche ; M. Normant, presque seul soutien de la communauté naissante est frappé à son tour d'une maladie mortelle. Marguerite d'Youville elle-même est clouée sur une chaise par une douleur tenace au genou. Là-dessus, le 31 janvier 1745, un incendie chasse la petite communauté de sa maison, et jette tout ce monde à demi vêtu sur la neige. Les mauvaises langues ne manquent pas d'y voir un « juste châtiment du Ciel ». Par un dessein miséricordieux de la Providence divine, une dame charitable met sa maison à la disposition de Marguerite d'Youville pour continuer son œuvre.

Une question aussi pressante qu'inévitable

Les contradictions rencontrées par cette bonne œuvre peuvent faire naître la question suivante : si Dieu le Père Tout-Puissant, Créateur du monde ordonné et bon, prend soin de toutes ses créatures, pourquoi le mal existe-t-il ? À cette question aussi pressante qu'inévitable, aussi douloureuse que mystérieuse pour nous, aucune réponse rapide ne suffira. C'est l'ensemble du message chrétien qui constitue la réponse. « Dieu est infiniment bon et toutes ses œuvres sont bonnes. Cependant, personne n'échappe à l'expérience de la souffrance, des maux dans la nature – qui apparaissent comme liés aux limites propres des créatures –, et surtout à la question du mal moral... « Je cherchais d'où vient le mal et je ne trouvais pas de solution », dit saint Augustin, et sa propre quête douloureuse ne trouvera d'issue que dans sa conversion au Dieu vivant. Car le mystère de l'iniquité (2 Th 2, 7) ne s'éclaire qu'à la lumière du mystère de la piété (1 Tm 3, 16) » (CEC, 385).

Avec le temps, on peut découvrir que Dieu, dans sa Providence toute-puissante, peut tirer un bien des conséquences d'un mal, même moral, causé par ses créatures : Ce n'est pas vous, dit Joseph à ses frères, qui m'avez envoyé ici, c'est Dieu... Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l'a tourné en bien afin de sauver la vie d'un peuple nombreux (Gn 45, 8 ; 50, 20). « Le Dieu Tout-Puissant, écrit saint Augustin, puisqu'Il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres s'il n'était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même ».

Du mal moral le plus grand qui ait jamais été commis, le rejet et le meurtre du Fils de Dieu, causé par les péchés de tous les hommes, Dieu, par la surabondance de sa grâce, a tiré le plus grand des biens : la glorification du Christ et notre Rédemption. Le mal n'en devient pas pour autant un bien. « La révélation de l'amour divin dans le Christ a manifesté à la fois l'étendue du mal et la surabondance de la grâce (cf. Rm 5, 20). Nous devons donc considérer la question de l'origine du mal en fixant le regard de notre foi sur Celui qui, seul, en est le Vainqueur » (CEC, ibid. ; cf. 309-314). Par sa Passion et sa Mort, le Christ a donné à la souffrance et à la mort une valeur rédemptrice et en a fait des moyens de sanctification. Unies à la Sienne, les multiples croix des hommes conduisent à la Résurrection.

Une prise de possession peu enviable

C'est à la lumière du Christ que sainte Marguerite d'Youville envisage ses épreuves. En 1747, devant la ruine effective de l'hôpital, une décision inattendue et presque incroyable est prise par les autorités du pays : confier provisoirement l'administration de l'établissement à Madame d'Youville. La prise de possession s'effectue le samedi 7 octobre 1747, en la fête de Notre-Dame du Rosaire. La fondatrice, malade, doit s'y faire transporter en charrette sur un matelas. Suivent les cinq compagnes et neuf pauvres. L'édifice qu'on lui confie est dans un état pitoyable : les murs sont lézardés, les toitures sont percées de toutes parts ; 1226 carreaux manquent aux fenêtres... Deux frères Hospitaliers très âgés vivent là, au service de quatre pauvres malades. En annexe, une ferme, à peine défrichée, sans bétail, qui ne rapporte presque rien. Grâce à l'aide de plusieurs personnes, Marguerite et ses compagnes redressent peu à peu la situation. Cependant, celle-ci reste précaire.

L'idée de fusionner l'hôpital de Montréal avec celui de Québec se fait jour chez les dirigeants du Canada. Un beau matin de 1751, Madame d'Youville apprend par la voix d'un crieur public que le contrat de 1747 lui confiant l'administration de l'hôpital est abrogé et qu'elle doit céder la place aux religieuses de Québec. Mais Marguerite ne l'entend pas ainsi : avec une intrépide éloquence, elle plaide sa cause auprès des autorités civiles et religieuses. Elle peut désormais s'appuyer sur l'opinion publique : depuis quatre ans, on a pu observer à l'hôpital le travail accompli par ses compagnes ; on les a vues paisibles, bonnes, miséricordieuses à toutes les misères humaines. De plus, Marguerite, dans son intuition féminine, trouve le moyen de faire tomber les oppositions : elle s'offre à payer jusqu'au dernier sou toutes les dettes de l'État dans cette affaire, et ces dettes sont énormes. En 1753, elle peut enfin reprendre l'hôpital en mains. Deux ans après, l'évêque érige en communauté religieuse le petit groupe des compagnes de Marguerite. Par esprit d'humilité et de pardon pour les moqueries subies au début de la fondation, le nom choisi pour les Sœurs est celui de « Sœurs grises » et l'habit de celles-ci est effectivement de couleur grise. Il aura fallu seize ans de travaux, de luttes tenaces, d'épreuves de toutes sortes pour arriver à cette reconnaissance officielle.

Activité débordante

Madame d'Youville met tout en œuvre pour donner à l'hôpital son plein essor. Elle accueille des dames pensionnaires ; avec ses filles, elle s'active à toutes sortes de travaux d'aiguille : vêtements pour les troupes du roi, habillements pour les Indiens, ornements pour les chefs de tribus. On se lance dans la fabrication d'hosties et de bougies, la restauration d'une brasserie abandonnée, la vente de chaux, de pierre à bâtir, de sable... Tous les pauvres de l'hôpital qui peuvent rendre service sont occupés à quelque travail utile. À la ferme de la Pointe-Saint-Charles remise en état, des pâturages pour les animaux sont créés. Un bateau pour des voyages et excursions est mis en service en faveur du public, au profit de l'hôpital.

Toute cette activité finit par produire ses fruits. Les dettes des Frères sont entièrement payées, des épargnes sont faites pour assurer la sécurité des pauvres. Plusieurs bâtiments se construisent ; l'hôpital est agrandi, son église achevée. Ses portes s'ouvrent à toutes les misères, et à tous ceux dont on ne veut nulle part : les épileptiques, les lépreux, les femmes de mauvaise vie à réhabiliter, les prisonniers anglais blessés ou malades. En 1761, Mère d'Youville fonde une crèche pour les enfants trouvés : elle en recueille 328 en onze ans. Pour ces pauvres petits, on trouve et paye des nourrices.

Cependant, pour la fondatrice le cycle des épreuves n'est pas clos. En 1756, commence la guerre de Sept Ans, entre la France et l'Angleterre qui se disputent depuis longtemps déjà le Nouveau Monde. Elle se terminera par la victoire de l'Angleterre, sanctionnée par le Traité de Paris, en 1763. Les maux qui résultent de la guerre sont nombreux : famine, hausse des prix dans Montréal encombrée de réfugiés ; crainte pour l'avenir et pour la survivance des communautés religieuses ; exode vers la France de protecteurs, d'amis, de parents, d'où une baisse notable des recettes en dépit de la multiplication des misères à soulager ; dévaluation de la monnaie, etc. Marguerite d'Youville et ses Sœurs se dévouent au mieux de leurs possibilités.

« Soyez tranquilles... »

Mais une autre catastrophe les atteint : l'incendie du 18 mai 1765 qui, après avoir dévoré plus de cent maisons de la ville d'alors, court jusqu'à l'hôpital, l'anéantit et jette 118 personnes à la rue. Dans cette situation désespérante, Mère Marguerite d'Youville puise dans sa foi le courage de se remettre au travail le plus simplement du monde. Tout d'abord, elle réunit ses filles effarées et leur dit : « Mes enfants, nous allons remercier Dieu à genoux de la croix qu'il vient de nous envoyer, en récitant le Te Deum (prière d'action de grâces) ». Après cela, en se relevant, elle prononce ces paroles, inspirées du Ciel : « Soyez tranquilles, la maison ne brûlera plus ».

L'attitude de sainte Marguerite d'Youville devant ce désastre est un exemple héroïque de foi en la divine Providence à qui rien n'échappe. Sainte Catherine de Sienne dit à ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive : « Tout procède de l'amour, tout est ordonné au salut de l'homme, Dieu ne fait rien que dans ce but ». Et saint Thomas More, peu avant son martyre, console sa fille : « Rien ne peut arriver que Dieu ne l'ait voulu. Or, tout ce qu'Il veut, si mauvais que cela puisse nous paraître, est cependant ce qu'il y a de meilleur pour nous » (cf. CEC 313). Saint François de Sales écrit à l'une de ses correspondantes, affligée par des épreuves : « Il faut que vous vous jetiez, avec un total abandon de vous-même, entre les bras de la Providence, car c'est le temps désirable pour cela. Se confier à Dieu parmi la douceur et la paix des prospérités, chacun presque sait le faire ; mais se remettre à Lui entre les orages et tempêtes, c'est le propre de ses enfants ; je dis, se remettre à Lui avec un entier abandon ».

La confiance de Marguerite d'Youville va produire encore des fruits étonnants. Moins d'un mois après l'incendie, la reconstruction de l'hôpital a commencé. Quatre ans plus tard, en 1769, tout est à nouveau en place, et Mère Marguerite d'Youville n'a aucune dette. Plusieurs prodiges ont suivi le désastre, tels que la multiplication d'un vin nécessaire, dans une barrique retrouvée sous les décombres, et la présence inexpliquée de pièces de monnaie dans les poches de la fondatrice, réponses consolantes de la Providence à la soumission et à la confiance totale de la Mère. Toujours par souci des pauvres, pour leur ménager des ressources, celle-ci acquiert un vaste domaine et y édifie un moulin à eau ; pour l'actionner, elle fait construire dans les rapides un barrage de trois mètres de hauteur et un canal. À une heure difficile de l'histoire du Canada, alors que d'autres perdent cœur et foi, s'abandonnant au découragement, cette fondatrice démontre par ses œuvres les inépuisables réserves de l'énergie chrétienne.

À la veille de manquer de tout

Un an avant sa mort, Mère Marguerite d'Youville écrivait : « Nous sommes dix-huit Sœurs, toutes infirmes, qui conduisons une maison où il y a cent soixante-dix personnes à nourrir, et presque autant à entretenir... toujours à la veille de manquer de tout, nous ne manquons de rien, du moins quant au nécessaire. J'admire chaque jour la divine Providence qui veut bien se servir de ses pauvres sujets pour faire quelque petit bien ! »

À la fin de sa vie, la Mère dit à ses filles : « Mes chères Sœurs, restez constamment fidèles à l'état que vous avez embrassé : marchez toujours dans les voies de la régularité, de l'obéissance et de la mortification ; mais surtout faites que l'union la plus parfaite règne parmi vous ». Puis, elle ajoute : « Ah ! que je serais contente si je me voyais dans le Ciel avec toutes mes Sœurs ! »

Le 9 décembre 1771, elle est frappée d'apoplexie. Le 13 du même mois, elle a une seconde attaque. Elle expire le 23, à l'âge de soixante-dix ans. Le témoignage de plusieurs personnes dignes de foi rapporte qu'au moment où son âme se détacha de son corps pour entrer au Ciel, une vive lumière brilla, en forme de croix, au-dessus de l'hôpital. Ce que voyant, et ignorant la mort de la fondatrice, un docte et distingué personnage s'écria : « Ah ! quelle croix vont avoir les pauvres Sœurs Grises ? Que va-t-il leur arriver ? »

Enracinée dans la Croix

Il arriva que l'œuvre de la sainte fondatrice, profondément enracinée par les travaux de sa vie, fertilisée par ses mérites, reçut, par son intercession auprès de Dieu, l'abondance de la fécondité céleste. Elle s'étendit de l'Atlantique à l'Océan glacial arctique et du Canada à l'Afrique australe. Elle se poursuit aujourd'hui à travers les communautés religieuses issues de l'initiative de Mère Marguerite et formées à son esprit : les Sœurs de la Charité de l'Hôpital de Montréal (« Sœurs Grises », fondées en 1737 ; de nos jours environ 700 Sœurs), les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe (fondées en 1840 ; de nos jours environ 230 Sœurs), d'Ottawa (fondées en 1845 ; de nos jours environ 840 Sœurs), de Québec (fondées en 1849), de Nicolet (fondées en 1886 ; fusion avec Montréal en 1941), de Philadelphie (USA, fondées en 1921 ; de nos jours environ 180 Sœurs) et de Pembroke (fondées en 1926 ; de nos jours environ 180 Sœurs). Le Pape Léon XIII approuva solennellement la Congrégation des Sœurs Grises, le 30 juillet 1880.

Nous croyons fermement que Dieu est le Maître du monde et de l'histoire. Dans la vie éternelle, nous connaîtrons pleinement les voies admirables de la Providence. Ici-bas ces chemins nous sont souvent inconnus, mais la Parole de Dieu nous assure que tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu (Rm 8, 28). Que cette certitude éclaire notre route vers le Ciel, sous la protection de la très Sainte Vierge Marie, Mère du Perpétuel-Secours !

Reproduit avec la permission de l'Abbaye Saint-Joseph de Clairval, en France, qui publie chaque mois une lettre spirituelle sur la vie d'un saint. Adresse postale : Abbaye Saint-Joseph de Clairval, 21150 Flavigny sur Ozerain, France. Site internet : www.clairval.com.

Source des images : sanctuaireyouville.ca/marguerite-d-youville-femme-de-foi/sa-vie-et-ses-œuvres/

Deux fils de sainte Marguerite d'Youville, François et Charles Duforst, devinrent prêtres, et c'est de Charles, premier biographe de sa sainte mère, que provient l'expression « Mère de la charité universelle » qui sera reprise par le pape saint Jean XXIII lors de la béatification de Marguerite d'Youville le 3 mai 1959. Au Canada, la fête liturgique de sainte Marguerite d'Youville est célébrée le 16 octobre, et dans les autres pays, le 23 décembre.

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