Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Socialisme condamné
Dictature bancaire condamnée
par Gilberte Côté-Mercier
Vous êtes catholique, bien sûr. Et puisque vous lisez Vers Demain, vous devez être anti-communiste. Aussi, sans doute, êtes-vous anti-socialiste.
Mais, dites-moi, voulez-vous garder le système économique actuel et le système politique actuel ?
Ah ! répondez-vous peut-être, je ne m'occupe pas de politique.
Vous ne vous mêlez pas de politique. Voulez-vous dire que vous ne lisez pas les articles de Vers Demain qui parlent de politique ou d'économique ? Vous passez par-dessus ces pages-là ?
― Oui, c'est ça. Je ne lis que ce qui regarde la religion, les écoles, les apparitions, mais pas les pages de politique et de Crédit Social. Surtout, pas le Crédit Social, car je n'y comprends rien, et je préférerais qu'il n'y ait pas de ces pages dans Vers Demain.
― Je comprends que si vous ne lisez rien sur le Crédit Social vous n'y comprenez rien. Savez-vous d'où vient l'argent ?
― Cela ne m'intéresse pas.
― Vous avez grand tort!
Cher ami de Vers Demain, mais d'un Vers Demain tronqué, vous me faites grand-peine. Ce n'est pas pour remplir des pages que Vers Demain présente à chaque édition des articles sur le Crédit Social, sur un système économique qui serait conforme aux faits et à la justice, et sur une politique en vue du bien commun.
Vers Demain veut être intégralement et efficacement catholique. Et Vers Demain sait qu'il ne sera pas catholique s'il n'est pas créditiste.
Le Pape Pie XI a dit dans Quadragesimo Anno :
"Socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des contradictions ; personne ne peut être en même temps bon catholique et vrai socialiste."
Dans la même encyclique, Pie XI condamne la dictature de l'argent, dans les termes suivants :
"Ce qui, à notre époque, frappe tout d'abord le regard, ce n'est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l'accumulation d'une énorme puissance, d'un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d'un petit nombre d'hommes qui d'ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu'ils administrent à leur gré.
"Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l'argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent, en quelque sorte, le sang à l'organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut plus respirer."
"...La libre concurrence s'est détruite elle-même ; à la liberté du marché a succédé une dictature économique. L'appétit du gain a fait place à une ambition effrénée de dominer. Toute la vie économique est devenue horriblement dure, implacable, cruelle."
N'est-ce pas la condamnation claire de la dictature économique actuelle, et la définition nette de cette dictature comme une dictature de contrôleurs de l'argent, « de ceux qui gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir » ?
Pie XI, dans Quadragesimo Anno, a donc condamné le socialisme et la dictature de l'argent. Dans la même encyclique.
Il faut donc comprendre qu'un catholique n'a pas le droit d'être socialiste et qu'un catholique n'a pas le droit d'accepter la dictature actuelle de l'argent, qui s'exerce en pays appelés capitalistes.
Mais, ici, attention ! La dictature de l'argent n'est pas synonyme de capitalisme. La dictature d'argent est une mauvaise chose, mais le capitalisme est une bonne chose. S'affranchir de la dictature de l'argent, cela ne veut pas dire combattre le capitalisme. Le socialisme veut détruire le capitalisme : il fait mal. Le socialisme conserve la dictature de l'argent : il fait mal.
Ce qu'il faut c'est libérer le capitalisme de la dictature de l'argent. Ce qu'il faut c'est un capitalisme accessible à tous :
"élever chacun au statut de capitaliste, dit Louis Even, et non pas abaisser tout le pays au niveau du socialisme." Faisons des capitalistes avec chacun. Et alors, on aura vaincu et la dictature de l'argent et le socialisme.
Et alors, on sera un vrai catholique, rejetant la dictature de l'argent et rejetant également le socialisme. Notre catholicisme sera efficace.
Catholiques, c'est votre devoir de combattre le socialisme. C'est aussi votre devoir de combattre la dictature de l'argent.
Un combat, c'est de l'action, ce sont des actes que l'on pose. Il ne suffit pas de déplorer pour accomplir un devoir, il faut agir. À plus forte raison ne faut-il pas se fermer les yeux et les oreilles. Alors, cela devient de la complicité avec l'ennemi. Les catholiques qui ne veulent pas entendre parler d'attaquer la dictature de l'argent, de même que les catholiques qui ne s'intéressent pas aux luttes contre le socialisme et le communisme, sont des catholiques à moitié, ou compromis. Les deux sont un péché.
Mais, qu'est-ce donc que le Crédit Social a à faire dans le combat contre la dictature de l'argent et contre le socialisme-communisme ?
Justement, le Crédit Social est la technique économique pour détruire la dictature sur chacun, la dictature de l'argent et élever chaque citoyen au statut de capitaliste.
Le Crédit Social nous montre que la dictature économique, la dictature de l'argent, la dictature du crédit, dénoncée par Quadragesimo Anno, c'est une dictature bancaire. C'est le système bancaire international, ce sont les banquiers internationaux qui sont "les détenteurs et maîtres absolus de l'argent, gouvernant le crédit et le dispensant selon leur bon plaisir", selon les mots de Pie XI.
Et le Crédit Social nous présente une technique parfaite pour détrôner les magnats de la banque et faire l'argent devenir serviteur au lieu de rester le maître. Cette technique peut s'exprimer en cinq propositions très simples :
1. que l'argent en circulation soit en proportion des produits offerts et désirés :
2. que chaque citoyen reçoive régulièrement de la société un minimum d'argent gratuit pour que le nécessaire lui soit assuré en un siècle d'abondance ;
3. que les producteurs compétents et honnêtes aient facilement accès aux avances d'argent nécessaire à leur entreprise, afin que l'argent ne soit pas un obstacle à la production ;
4. que les prix soient abaissés en proportion des facilités de production, par un escompte aux consommateurs, accordé non pas par les producteurs mais par la société ;
5. que les administrations et les travaux publics soient financés par des émissions nouvelles d'argent basées sur la capacité de production du pays non utilisée ; ainsi les taxes disparaîtraient de même que les inspecteurs et la bureaucratie très lourde qui augmentent leur fardeau.
Si le Crédit Social était appliqué, chacun des citoyens serait un capitaliste recevant un dividende social. Et chacun pourrait devenir producteur, puisque la finance serait à la disposition des compétences et des bonnes volontés.
C'est le contraire du socialisme, où les entreprises privées n'ont pas le droit de vivre et où chacun est esclave de l'État-tout.
Le Crédit Social est donc le moyen d'empêcher l'avènement du socialisme, un moyen sûr, l'unique moyen. C'est la seule façon de régler les problèmes d'argent qui sont l'entrave à la vie économique.
Si le Crédit Social est l'unique solution pour vaincre la dictature d'argent et le socialisme, tous deux condamnés par les papes, comment un vrai catholique peut-il se dispenser d'étudier le Crédit Social et d'en prendre les idées ?
Le journal Vers Demain est catholique. Il ne peut pas ne pas être créditiste. Les catholiques qui ne propagent pas le Crédit Social sont des hommes de droite aux mains vides, ou trop ignorants ou trop lâches pour combattre de front la dictature d'argent.
Lecteurs de Vers Demain, vous avez le devoir de lire nos articles sur le Crédit Social, et de vous en faire les apôtres.
Mais, comment donc le Crédit Social pourra-t-il devenir une réalité ? Par une législation qui en donnera l'ordre. Que ceux qui contrôlent l'argent et le crédit se voient enlever leurs pouvoirs d'usurpateurs par les gouvernements. Et que le contrôle de l'argent et du crédit soit fixé selon les objectifs du bien commun et par une comptabilité financière conforme aux faits.
La banque elle-même peut devenir un organisme de service au lieu de demeurer un service de contrôle. La banque ou un autre organisme institué à cette fin.
Et cela se fera par ordre de la loi, par l'application d'une législation créditiste. L'État ne doit pas prendre en mains lui-même le contrôle de l'argent, mais le soumettre à des bureaux de comptables qui émettront les chiffres en conformité avec les richesses du pays et en conformité avec le bien de chaque citoyen.
À remarquer que le Crédit Social ne donne absolument pas le contrôle de l'argent à l'État, car ce serait du socialisme très avancé. Le Crédit Social demande à l'État la législation seulement, et fait appliquer la loi par un organisme indépendant de la dictature de l'État. Ce qui est très important pour la liberté des habitants.
Ainsi le problème est un problème politique. Il faut obtenir le Crédit Social d'un gouvernement. C'est un gouvernement seulement qui peut prendre la décision de l'appliquer.
Peut-on espérer de nos gouvernements actuels qu'ils légifèrent en vue du Crédit Social ?
Encore dans Quadragesimo Anno, Pie XI dénonce la déchéance du pouvoir dans des termes sans équivoque :
"...la déchéance du pouvoir : lui qui devrait gouverner de haut, comme souverain et suprême arbitre, en toute impartialité et dans le seul intérêt du bien commun et de la justice, il est tombé dans le rang d'esclave et devenu le docile instrument de toutes les passions et de toutes les ambitions de l'intérêt."
Les pouvoirs civils sont des valets et non pas des rois. Ils sont les instruments des forces occultes de la franc-maçonnerie et du pouvoir bancaire.
Comment peut-on attendre d'eux le Crédit Social ? Ce serait folie d'entretenir le moindre espoir.
Mais, alors, les uns répondront qu'il faut former un parti politique du Crédit Social, afin que ce parti donne le Crédit Social, puisque les autres partis sont liés par la Franc-maçonnerie et la Banque.
Le parti nouveau que vous formeriez, sous l'étiquette du Crédit Social, même s'il enseignait les bons principes, serait lui aussi à la merci des mêmes puissances occultes. Ses députés ne seront pas élus s'ils ne se vendent pas eux-mêmes ou s'ils ne sont pas vendus par leur chef aux puissances occultes. Les partis politiques sont justement la machine qui sert à la perfection les buts des puissances occultes. Ce ne sont pas les députés qui conduisent le pays, mais les éminences grises derrière les députés.
L'inventeur du Crédit Social fut le Major C.H. Douglas. Ses premiers écrits parurent en 1918.
En 1936, il disait dans une conférence :
"Si vous élisez un parti du Crédit Social, en supposant que vous en soyez capables, je puis vous dire que je considérerais l'élection d'un parti créditiste au pouvoir en ce pays comme une des plus grandes catastrophes qui puisse arriver."
Non, il ne faut pas croire en la démocratie de la boîte électorale. Elle est le paravent de la dictature bancaire.
Dans les pays où le Crédit Social fut connu, les banquiers ont tout de suite compris que leur pouvoir était réellement menacé. Et ce fut une grande habileté de leur part d'organiser eux-mêmes des partis politiques du Crédit Social, qui sont la plus sûre barrière à l'avènement d'une loi créditiste appliquée.
"Les bras des hommes sont incapables de mettre ordre aux affaires publiques."
La Très Sainte Vierge a fait cette déclaration très nette, dans une apparition à Kérizinen, le 13 octobre 1958 :
"Priez beaucoup pour l'Église ; priez beaucoup pour la France qui reste guettée par certains pays ennemis qui voudraient en faire leur proie. Croyez en son salut miraculeux et en son sauveur prédestiné. Car les bras des hommes sont incapables de mettre ordre aux affaires publiques."
C'est le mot, il faut compter uniquement sur un salut "miraculeux", sur un sauveur prédestiné. Ce sera le cas pour la France, et aussi pour les autres pays.
Le Portugal n'a-t-il pas été miraculeusement sauvé d'un gouvernement maçonnique en 1928 par l'entrée de Salazar, après les prières du peuple écoutant la voix de Fatima ?
De même, en 1964, Jean Goulart, le chef du gouvernement du Brésil, a fui son pays à la veille d'instaurer le communisme, sous la pression des chapelets des femmes de ce pays.
C'est Dieu qui sauvera mon pays. Mais Dieu demande mon concours. Encore, à Kérizinen, la Sainte Vierge, dans le même Message, avait dit :
"Plus que jamais, il vous est nécessaire de prier, et aussi d'agir. Car si les hommes ont besoin du secours de Dieu, Dieu aussi demande le concours des hommes. Il a besoin de vous pour réaliser les desseins éternels de Sa Providence."
La conclusion de toutes ces considérations est facile à exprimer : Le catholique met toute sa confiance en Dieu, mais il n'a pas le droit de se désintéresser ni de rester inactif devant son devoir politique.