Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Extraits du livre «Marie, Vierge et Mère» par l’abbé Paulin Giloteaux:
Marie a été aimée de toute éternité, non seulement par le Père, dont elle est la Fille et l’Associée dans l’œuvre de l’Incarnation, mais aussi par le Verbe, dont elle devait devenir la Mère. C'est là un titre de gloire, qui lui donnera droit à son respect, à son amour et même, sur la terre, à son obéissance et l'unira pour une part secondaire, mais réelle, à l'œuvre du salut des hommes, dans l'accomplissement du mystère de la Rédemption.
C'est pourquoi il faut considérer ici, en raison de ce titre de Mère, ce que le Verbe dut mettre de divines richesses, dans la création de celle qui occupa jadis le Conseil des trois Personnes divines, au moment de sa prédestination.
Tout le monde aime sa mère, telle qu'elle est, fut-elle parfois coupable. Le sentiment filial est à la fois si profond et si souverain, qu'il ne permet aucune rivalité s'établissant dans le cœur, au préjudice de celle qui nous donne le jour. On aime sa mère, comme l'arbre aime ses racines. D'autres mères peuvent avoir plus d'avantages, de qualités, de mérites, mais elles ne sont pas notre mère.
Or, si le sentiment filial a la puissance de couvrir ainsi d'un prestige sans égal, la créature à laquelle on est uni par la naissance, que ne ferait-on pour elle, dans le cas ou on lui serait antérieur? Les hommes ne choisissent pas leur mère et, malgré cela, ils l'estiment la meilleure. S'ils pouvaient la choisir, ils la choisiraient telle et la feraient telle qu'il serait en leur puissance de la faire.
Or, seul, le Verbe de Dieu a pu choisir sa mère, parce qu'Il lui était antérieur. C'est lui l'architecte du monde. C'est par lui que tout a été fait et c'est lui aussi qui a pu concevoir comment serait sa Mère. Quand le plan divin de la création s'est présente à sa pensée, il a discerné — avec quelle lumière et quel amour — cette créature unique qui, un jour, dans le temps, lui dirait la même parole que Dieu le Père: «Filius meus es tu! Vous êtes mon Fils!» Dès lors, à ce moment, c'est le sentiment filial, qui a inspiré sa puissance créatrice et il a agi en Fils, en décidant comment serait sa mère! Cette considération suffit à déconcerter tous les efforts qu'on pourrait faire, pour se représenter les trésors accumulés par le Verbe, dans l'âme de Marie.
D'ailleurs, cette pensée de l'existence future de sa Mère dirigeait la Sagesse et l'Action du Verbe, quand il créait l'univers, quand il semait les mondes dans l'espace avec la profusion d'une munificence infinie, quand il suspendait le soleil à la voûte du firmament, quand il jetait les fondements de la terre, quand il posait les montagnes sur les assises de granit, quand il creusait le lit des océans, quand il donnait à l'ensemble, son éclat, ses profondeurs et ses immensités, car il désirait ainsi préparer un royaume merveilleux à Marie. Les beaux cristaux, les arbres verts et les fleurs devenaient pour lui le symbole de ses vertus et de ses parfums. En outre, quand il échelonnait par des gradations savantes, les neuf chœurs des anges qui, partant des parvis du ciel, touchent au trône de Dieu, il esquissait la synthèse de ce qui serait l'âme de la Vierge-Mère. Dans ces conditions, on peut se représenter avec quelle intelligence et quel cœur le Fils de Dieu a dû concevoir la beauté idéale de celle qui, un jour, lui donnerait la vie comme homme et qui se dévouerait auprès de lui, avec un dévouement foncièrement maternel.
Mais ce n'est pas encore assez pour comprendre la place qu'a occupée Marie dans le Conseil éternel de la Trinité, car, après le Père et le Fils, est intervenu, lui aussi, le Saint Esprit, qui devait devenir l'Époux de la Vierge-Mère.
Dieu donne le nom d'épouses aux âmes qui lui sont unies par les liens de l'amour, parce qu'il n'en est pas de plus expressif, pour rendre l'idée d'une tendresse vive, familière et constante. Pour ce motif, Marie était prédestinée à devenir, à ce titre et à un degré souverain, son épouse au cours des siècles.
Toutefois, un jour, l'Esprit-Saint et Marie étaient appelés, à un degré plus supérieur encore, à se rencontrer, pour devenir effectivement Époux et épouse, puisqu'ils devaient opérer de concert, dans le prodige de l'Incarnation du Verbe. De toute éternité, le Saint-Esprit vit dans la Fille du Père et dans la Mère du Fils, sa future collaboratrice, celle dont le nom s'unira au sien, dans l'un des objets les plus importants de la Foi Catholique et qui sera exprimé en ces termes dans le symbole des Apôtres: «Je crois en Jésus-Christ, qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la Vierge Marie».
En effet, quand l' Archange Gabriel viendra annoncer de la part de Dieu à Marie, qu'elle a été choisie pour devenir la Mère du Messie, celle-ci hésitera, car elle entendra conserver sa Virginité. Gabriel la rassurera en lui disant: «L'Esprit-Saint surviendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu.»
À I'énoncé de ces paroles, Marie comprendra, qu'en devenant Mère, elle gardera sa virginité et que c'est le Saint-Esprit qui opérera en elle le prodige de l'Incarnation. Ainsi la Troisième Personne de la Sainte Trinité deviendra son Époux et lui accordera toutes les grâces nécessaires pour remplir sa mission. Étant déjà à cette époque, le temple vivant de cet Esprit, le sanctuaire privilégié de son amour, la créature idéale appelée à donner à la terre, par son acquiescement fidèle, le Rédempteur promis au monde, elle se fera docile à la voix de l'Ange et à l'action en elle du Saint-Esprit. C'est pourquoi elle répondra: «Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole!»
Dans ces conditions, on comprend de quel amour dut entourer l'illustre Vierge, le Saint-Esprit, à la perspective de cette union sublime. Si le sentiment filial, envisagé précédemment, a des délicatesses inexprimables, que dire du sentiment de l'Époux pour l'épouse? Dieu a voulu celui-ci libre et maître de sa destinée, tandis qu'il a fait le premier nécessaire parmi les hommes. En face de cette vérité, on peut comprendre l'action du Saint-Esprit traitant, dans le Conseil éternel de la Sainte Trinité, de Marie à créer. Comme un fiancé ferait de sa fiancée à parer, ainsi agit l'Esprit de la lumière et d'amour, à l'égard de la Vierge prédestinée.
Du reste, l'oeuvre du Saint-Esprit sur elle sera le don de tout lui-même dans une plénitude que l'Archange Gabriel affirmera, quand il dira à Marie à Nazareth: «Je vous salue Marie, pleine de grâce.» A l'audition de cette salutation, on se rend compte de l'immense amour, dont la Troisième Personne de la Sainte Trinité a entouré Marie, tout d'abord dans l'éternité, ensuite au moment de sa création dans le temps et, enfin, à l'heure de l'Incarnation du Verbe, alors que ce mystère allait s'accomplir. Marie étant prédestinée à devenir réellement l'Épouse du Saint-Esprit a dû recevoir de lui, à tout moment, des marques spéciales de tendresse et d'amour.