Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Le 31 janvier 2015, le Pape François recevait au Vatican les dirigeants de la Confédération nationale des cultivateurs italiens. Voici des extraits de son discours:
L’œuvre de ceux qui cultivent la terre, lui consacrant généreusement temps et énergie, se présente comme une vraie et particulière vocation. Elle mérite d'être reconnue et valorisée en conséquence, également dans les choix politiques et économiques concrets. Il s'agit d'éliminer les obstacles qui pénalisent une activité si précieuse et qui souvent la font apparaître peu attractive aux nouvelles générations... Dans le même temps il faut prêter attention à la soustraction déjà trop répandue des terres agricoles pour les consacrer à d'autres activités, peut-être plus rentables en apparence. Ici aussi domine le dieu argent! Comme ces personnes qui n'ont pas de sentiments, qui vendent leur famille, leur mère, ici la tentation est de vendre la terre mère.
De telles réflexions sur l'aspect central du travail agricole porte notre regard sur deux points critiques: la première est celle de la pauvreté et de la faim, qui concerne encore malheureusement une vaste partie de l'humanité. Le Concile Vatican II a rappelé la destination universelle des biens de la terre (cf. Gaudium et spes, 69), mais en réalité le système économique dominant en exclut de nombreux de leur juste bénéfice. L'absolutisation des règles du marché, une culture de l'exclusion et du gaspillage qui, dans le cas de la nourriture, a des proportions inacceptables, additionnée à d'autres facteurs, cause misère et souffrance pour tant de familles. Il faut donc repenser profondément le système de production et de distribution de la nourriture. Comme nous l'ont enseigné nos anciens, on ne plaisante pas avec le pain! Quand j'étais petit, je me souviens que quand du pain tombait par terre, on nous apprenait à le prendre, à l'embrasser et à le remettre sur la table. En quelque sorte, le pain participait à la sacralité de la vie humaine, et pour cela il ne pouvait pas être traité seulement comme une simple marchandise (cf. Exhortation apost. Evangilii gaudium, 52-60).
Mais – pour venir au second point critique – il est aussi important de rappeler que dans le livre de la Genèse, chapitre 2, verset 15, l'homme n'est pas seulement appelé à cultiver la terre, mais aussi à en prendre soin. Les deux aspects sont d'ailleurs étroitement liés: (...) Comment continuer à produire une bonne nourriture pour la vie de tous, quand la stabilité climatique est à risque, quand l'air, l'eau et le sol même, perdent leur pureté à cause de la pollution? (...)
Le défi est: comment réaliser une agriculture à faible impact environnemental? Comment faire de telle sorte que notre manière de cultiver la terre soit en même temps aussi une manière d'en prendre soin. En fait, c'est seulement ainsi que les futures générations pourront continuer à l'habiter et à la cultiver.