Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Saint Jean de Brébeuf et ses sept compagnons, patrons du Canada (avec saint Joseph) depuis 1940.
Les saints et les bienheureux sont donnés à l’Église comme exemples de vies courageuses à imiter et, pour la plus grande gloire de Dieu, un grand nombre d’hommes et de femmes ont, de façon particulière, marqué l’histoire de l’Église catholique au Canada. Certains ont donné leur vie pour s’assurer que la Bonne Nouvelle soit répandue en Amérique du Nord. D’autres, animés d’une foi et d’un amour profonds, ont consacré leur vie au service de leurs frères et sœurs, qui comptaient bien souvent parmi les plus démunis de la société. Déclarés saints, bienheureux ou vénérables au cours des années, ces personnes extraordinaires sont des phares sur notre chemin, et des exemples de sainteté et de charité que tous sont appelés à suivre.
L’Église au Canada compte officiellement 14 saints, 12 bienheureux et 12 vénérables. Combien d’entre eux pouvez-vous nommer? La grande majorité d’entre eux sont nés en France et morts au Canada, et ont participé à la fondation de l’Église canadienne. En voici la liste, et nous nous limiterons cette fois-ci à une courte biographie des vénérables, en remettant à un numéro suivant la biographie des saints et bienheureux. Le tout dernier ajout à cette liste: la bienheureuse Elisabeth Turgeon, fondatrice de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire, béatifiée à Rimouski le 26 avril 2015 (voir article en page 40).
Les premiers Canadiens à avoir été canonisés sont un groupe de huit missionnaires jésuites (six prêtres et deux «donnés»), martyrisés entre 1646 et 1649 par les Iroquois, connus depuis leur canonisation par Pie XI, le 29 juin1930, sous le nom de martyrs canadiens:
Saint Jean de Brébeuf (1593-1649)
Saint Noël Chabanel (1613-1649)
Saint Antoine Daniel (1601-1648)
Saint Charles Garnier (1605-1649)
Saint Isaac Jogues (1602-1646)
Saint Gabriel Lallemant (1610-1649)
Saint René Goupil (1607-1642)
Saint Jean de Lalande (????-1646)
Jusqu’en 1980, le Canada ne comptait que ces jésuites comme saints et trois autres bienheureux. C’est à partir des années ‘80 que le cardinal Edouard Gagnon (décédé en 2007), qui était alors président à Rome du Conseil Pontifical pour la Famille (il fut le premier cardinal canadien attaché à la Curie romaine), se fit le promoteur de la cause de plusieurs Canadiens qui devinrent saints et bienheureux par la suite.
Les autres saints canadiens sont:
Sainte Marguerite Bourgeoys (1620-1700) fondatrice des Sœurs enseignantes de la Congrégation Notre-Dame, canonisée le 31 octobre 1982;
Sainte Marguerite d’Youville (1701-1771), fondatrice des Sœurs de la Charité (surnommées Sœurs Grises), canonisée le 9 décembre 1990;
Saint André Bessette (1845-1937). frère de Sainte-Croix, et fondateur de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal à Montréal, canonisé le 17 octobrre 2010;
Sainte Kateri Tekakwitha (1656-1680), vierge iroquoise, canonisée le 21 octobre 2012;
Sainte Marie de l’Incarnation (1599-1672), fondatrice des Sœurs enseignantes Ursulines de Québec, canonisée le 3 avril 2014;
Saint François de Laval (1623-1708), premier évêque de Québec, canonisé le 3 avril 2014.
Le bienheureux André Grasset de Saint-Sauveur (né à Montréal en 1758, il retourne en France avec ses parents en 1763, où il est ordonné prêtre, et est martyrisé durant la Révolution française en 1792). Béatifié le 17 octobre 1926;
La bienheureuse Marie-Rose Durocher (1811- 1849), fondatrice des Sœurs enseignantes des Saints Noms de Jésus et de Marie, béatifiée le 23 mai 1982;
La bienheureuse Marie-Léonie Paradis (1840- 1912), fondatrice des Petites Sœurs de la Saint-Famille, béatifiée le 11 septembre 1984;
Le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau (1824-1901), quatrième évêque de Saint-Hyacinthe, béatifié le 10 mai 1987;
Le bienheureux Frédéric Janssoone (1838-1916), prêtre franciscain, béatifié le 25 septembre 1988;
La bienheureuse Marie-Catherine de Saint-Augustin (1632-1668), fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Québec, béatifiée le 23 avril 1989 (voir article page 42);
La bienheureuse Dina Bélanger (1897-1929), Sœur de Jésus-Marie, béatifiée le 20 mars 1993;
La bienheureuse Marie-Anne Blondin (1809-1890), fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne, béatifiée le 29 avril 2001;
Le bienheureux Vasyl Velychkovsky, évêque rédemptoriste et martyr (né en Ukraine en 1903 et décédé à Winnipeg au Canada en 1973), béatifié le 27 juin 2001;
Le bienheureux Nykyta Budka, évêque martyr (né en Pologne en 1877, mort dans un camp de concentration en Sibérie en 1949), fut le premier évêque des Ukrainiens catholiques du Canada à Winnipeg de 1912 à 1927, béatifié le 27 juin 2001;
La bienheureuse Émilie Tavernier-Gamelin (1800-1851), fondatrice des Sœurs de la Providence, béatifiée le 7 octobre 2001;
La bienheureuse Marie-Elisabeth Turgeon (1840-1881), fondatrice des Sœurs de Notre-Dame-du-Saint-Rosaire, béatifiée le 26 avril 2015 (voir article en page 42.)
Ce sont tous des bienheureux et bienheureuses que nous pouvons invoquer pour intercéder auprès de Dieu et obtenir ainsi des faveurs ou des guérisons miraculeuses, qui permettront leur canonisation éventuelle. Mais ce n’est pas tout! Il y a aussi les vénérables qui ont besoin que nous les prions, pour qu’eux aussi, si telle est la volonté de Dieu, soient déclarés un jour bienheureux. Et aussi d’autres serviteurs de Dieu dont les dossiers ont été emvoyés à Rome, et qui pourraient un jour devenir vénérables. (Dans le cas de la bienheureuse Elisabeth Turgeon, le miracle pour sa béatification avait eu lieu en 1990, alors qu’elle a été déclarée vénérable le 11 octobre 2013.)
Voici donc une courte biographie de chacun et chacune des vénérables canadiens:
Vital Grandin est né à Saint-Pierre-sur-Orthe en Mayenne (France) le 8 février 1829, neuvième d’une famille de treize enfants. Se sentant appelé à l’apostolat des missions, ils joint les Oblats de Marie Immaculée. Son désir était d’être le premier Oblat martyr. Il est ordonné prêtre le 23 avril 1864 par le fondateur de la communauté, Saint Eugène de Mazenod, qui l’envoie comme missionnaire dans l’Ouest canadien, où il passera les cinquante dernières années de sa vie. À 28 ans, il est nommé évêque coadjuteur de Saint-Boniface. Sa devise: «Infirma mundi elegit Deus» – Dieu choisit les faibles de ce monde. À travers les difficultés et les dangers (la faim, le froid, les moustiques, etc.), il parcourt les vastes territoires des Prairies, abat du bois, chasse, pêche, arpente les glaces, risque sa vie sur les lacs gelés, allant de village en village pour évangéliser les Amérindiens. On a calculé que dans ses voyages en raquette et en canot d’écorce, Mgr Grandin a parcouru une distance égale à sept fois au moins le tour du monde. Le 22 septembre 1871, il est nommé premier évêque du nouveau diocèse de Saint-Albert (maintenant appelé l’archidiocèse d’Edmonton), un diocèse ayant alors deux fois la superficie de la France. Malgré des maux d’oreilles, il est demeuré en poste comme évêque jusqu’à sa mort à Saint-Albert, le 3 juin 1902. Il a été déclaré vénérable le 15 décembre 1966.
Alfred Pampalon est né le 24 novembre 1867 à Lévis, au Québec. À l’âge de 17 ans, il est atteint d’une maladie pulmonaire. Sur la côte de Beaupré, existait un sanctuaire dédié à Sainte Anne. Tout l’entourage d’Alfred va y prier pour sa guérison, et celui-ci fait vœu de devenir prêtre rédemptoriste s’il guérit. Les Rédemptoristes n’ayant pas encore de maison au Québec, Alfred s’embarque pour la Belgique en 1886, et y est ordonné prêtre le 4 octobre 1892. Ses supérieurs l’envoient à Mons en Belgique où il exerce son ministère en enseignant le catéchisme, visitant les malades, parlant de l’Évangile, dans la plus grande douceur, avec la plus profonde charité, puisant ses forces dans l’Eucharistie et la récitation du chapelet. Il disait: «J’ai promis à ma Bonne Mère de devenir un saint! Et ma confiance en elle me le fait espérer!». Ne pouvant plus assumer sa charge en raison de la tuberculose, Alfred revient au Canada en 1895, et réintègre le monastère de Sainte-Anne de Beaupré, où il continue à exercer son ministère à la Basilique, malgré ses souffrances et son mal. Le 30 septembre 1896, après avoir entonné le Magnificat, il fixe les yeux au ciel, comme s’il avait une vision, et meurt, âgé de 28 ans, entouré de ses frères Rédemptoristes, un an exactement avant la mort de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Son tombeau est situé dans la crypte de la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Il a été déclaré vénérable le 14 mai 1991. On l’invoque spécialement pour les cas d’alcoolisme et de toxicomanie.
Née le 25 mai 1851 à La Présentation, près de Saint-Hyacinthe, elle est la quatrième d’une famille de onze enfants. Alors qu’elle a 14 ans, sa famille émigre aux États-Unis à la suite de la crise économique. Elle travaille dans une filature de coton, et se rend compte que ses amis ignorent à peu près tout de la religion. Elle les invite à la maison pour leur enseigner le catéchisme. Elle découvre un intérêt pour le catéchisme alors qu’elle travaille à refiler le coton. Revenue au pays en 1870, après avoir été refusée par trois communautés, elle soumet son désir de vie religieuse à l’évêque de Saint-Hyacinthe, le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau, qui lui demande de fonder une communauté enseignante pour les enfants des campagnes. Elle lui répond: «Si vous pensez que je puisse répondre à votre projet malgré mon ignorance et mes inaptitudes, je suis à votre disposition». Le 12 septembre 1877, entourée de trois compagnes, Elisabeth fonde officiellement les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, et prend le nom de Mère Saint-Joseph. Deux ans plus tard, Mgr Moreau nomme une nouvelle supérieure pour la jeune communauté. La fondatrice se plie à la volonté de son évêque et devient assistante générale, poste qu’elle occupera jusqu’en 1925. Elle décède le 29 avril 1936, et a été déclarée vénérable le 12 janvier 1996.
Née le 4 février 1865 (il y a donc 150 ans en 2015) à Marieville (paroisse voisine de Rougemont) au Québec, d’une famille de cultivateurs qui comptait déjà six enfants. À sa naissance, elle est accompagnée d’un frère jumeau, qui ne vivra que sept mois. Au décès de sa mère, Délia, âgée alors de deux ans et sept mois, est adoptée par son oncle parrain Jean Alix et sa tante Julie. Encore enfant, la lecture des Annales de la Propagation de la foi et de la Sainte-Enfance, dénichées au grenier de la maison, l’impressionne au point d’en rêver. «J’étais à genoux près de mon lit, et tout à coup, j’aperçus un champ de beaux blés mûrs qui s’étendait à perte de vue. À un moment donné, tous ces blés se changèrent en têtes d’enfants.» Délia elle-même restera toujours de santé délicate, et elle en souffrira particulièrement au temps de ses études. Pendant dix ans, Délia travaille à l’œuvre du Père Pichon, s.j., dans un quartier pauvre de Montréal, auprès des plus démunis. Visites aux malades, catéchèse aux marginaux, bénévolat sans salaire remplissent sa vie. En 1883, elle se sent appelée à fonder une congrégation pour servir les missions dans les terres étrangères. Elle fondera une première école de formation en 1902, qui deviendra les Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception, avec l’approbation du pape Pie X. Prenant en religion le nom de Marie du Saint-Esprit, elle lance aussi une revue appelée Le Précurseur. La maladie la terrasse en 1933. Paralysée durant huit ans, elle vit sa consécration religieuse «comme un holocauste de perpétuelle action de grâce». Elle meurt le 1er octobre 1941, et a été déclarée vénérable par le Pape Jean-Paul II le 18 décembre 1997. Sa congrégation compte plus de 550 religieuses dispersées dans 38 maisons de 8 pays différents, sur les cinq continents.
Bien qu’ayant toujours vécu en France, il est tout à fait juste de l’inclure dans cette liste de vénérables canadiens, car c’est lui qui conçut en 1630 le projet de la fondation de Ville-Marie (qui prendra plus tard le nom de Montréal), lui qui supporta la plus lourde part de responsabilités, qui organisa l’entreprise et la soutint jusqu’à sa mort de ses deniers et de son activité incessante. Né à La Flèche le 18 mars 1597, il fonde tout d’abord avec Marie de la Ferre les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph, qui devront s’occuper du premier hôpital (Hôtel-Dieu) de Montréal, ayant comme fonction non seulement de soigner les malades, mais de hâter l’épanouissement de la foi catholique dans cette nouvelle colonie. En 1641, deux navires quittent le port de La Rochelle, dirigés par Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve, et Jeanne Mance, qui s’occupera de l’hôpital. Ils passent l’hiver à Québec, et atteindront l’île de Montréal le 17 mai 1632. Usé par de douloureuses maladies et d’effrayantes austérités, M. de La Dauversière rend son âme à Dieu le 6 novembre 1659. Il a été déclaré vénérable par Benoît XVI le 6 juillet 2007.
Adolphe Chatillon est né à Nicolet, au Québec, le 31 octobre 1871. Deux de ses frères deviendront prêtres. Devenu orphelin à neuf ans, Adolphe est mis en pension à la Baie-du-Febvre puis à Yamachiche. À 13 ans, en 1884, il se présenta au Petit-Noviciat de Montréal pour y devenir Frère des écoles chrétiennes de saint Jean-Baptiste de La Salle. Le 26 juillet 1887, il entreprit son noviciat sous le nom de Frère Théophanius-Léo. Les talents et le dévouement du jeune professeur ne tardèrent pas à attirer l’attention de ses Supérieurs. Il s’ingéniait à rendre son enseignement le plus vivant possible. Il s’attardait davantage pour aider ceux qui avaient quelques difficultés. Il apportait un soin spécial à rendre captivant l’enseignement du catéchisme. Il avait pris comme devise: «Rendre heureux pour rendre meilleur». Après dix ans de professorat, il devient formateur des Frères novices de sa communauté. En 1923, il est appelé à visiter les maisons de formation de l’Amérique du Nord, un travail alourdi par la longueur des voyages et les atteintes sourdes de la maladie qui devait l’emporter. Atteint d’un cancer de l’intestin, il s’éteint paisiblement entouré des siens, le dimanche 28 avril 1929. Il a été déclaré vénérable le 2 avril 2011.
Marie-Josephte Fitzbach est née le 16 octobre 1806 à Saint-Vallier, au Québec. Elle est la septième des huit enfants de Charles Fitzbach, natif du Luxembourg, et de Geneviève Nadeau, native du village voisin, Saint-Michel. Quand son père meurt, sa mère se remarie avec un veuf de Saint-Charles-de-Bellechasse, où la famille déménage. À treize ans, Marie-Josephte entre au service d’une famille aisée de Québec. Trois ans plus tard, elle trouve un emploi dans la famille François-Xavier Roy, marchand. Tout en assumant l’intendance de la maison, le soin des deux enfants et l’aide au commerce, elle prend des cours de français, d’écriture et de comptabilité. Elle se sent appelée à la vie religieuse, mais elle essuie des refus des Augustines puis des Ursulines de Québec, qui craignent qu’elle n’ait pas la santé nécessaire. La mort prématurée de Madame Roy en 1827 change le cours de la vie de Marie-Josephte. Désemparé, monsieur Roy liquide son commerce et se retire à Cap-Santé avec ses enfants, et propose le mariage à Marie-Josephte, qui accepte. Elle a 21 ans. Devenue madame Roy, Marie accueille les pauvres, soulage les misères, enseigne le catéchisme aux enfants. La naissance de trois filles comble le foyer Roy. Hélas, cinq années ne sont pas écoulées que la mort lui ravit son époux. La famille Roy réclame la garde des deux enfants issus du premier mariage, avec la plus grande part de l’héritage paternel. Marie se retrouve seule, moins fortunée, avec ses trois filles âgées de quatre, trois et deux ans. Elle entre au service de l’abbé Dufresne, curé de Saint-Gervais, et place ses trois filles au pensionnat de la Congrégation de Notre-Dame à Pointe-aux-Trembles. Quelque temps après, le curé Dufresne se noie accidentellement.
À la nomination d’un nouveau pasteur, elle quitte les lieux. Marie a 37 ans. Ses filles, Séraphine et Célina poursuivent leurs études à Québec. Clorinde, la cadette, demeurée avec sa mère, est emportée par la maladie à l’âge de quatorze ans. Leurs études terminées, ses filles deviendront les deux premières Sœurs de la Charité de Québec, nouvelle congrégation fondée par la vénérable Marcelle Mallet. L’année suivante, à la demande de l’archevêque de Québec, Marie-Josephte accepte de s’occuper des détenues à leur sortie de prison. C’est ainsi que l’Asile Sainte-Madeleine ouvre ses portes en 1850. Six ans plus tard, Marie-Josephte devient mère Marie du Sacré-Cœur, fondatrice et première supérieure des Servantes du Cœur Immaculé de Marie dites Sœurs du Bon-Pasteur de Québec. Avant sa mort, elle résume sa vie aux sœurs de la communauté «J’ai toujours aimé le bon Dieu de tout mon cœur et mon plus grand désir fut de le faire aimer.» Avant d’expirer, elle dit: «Il ne me reste plus qu’à mourir! Que c’est beau le ciel! Oh! que le ciel est beau!» C’est le 1er septembre 1885. Marie a 78 ans. Elle a été déclarée vénérable le 18 juin 2012.
Antoine Kowalczyk naît à Dziersanow, en Pologne, le 4 juin 1866, dans une famille nombreuse et pauvre, mais très croyante. Il est baptisé au sanctuaire marial de Lutogniew; cette attention de Marie n’est que la première d’une série de grâces qu’elle lui prodiguera tout au long de sa vie. Intelligent et débrouillard, il doit commencer à travailler dès l’âge de 13 ans, pour aider sa famille, au détriment de ses études. À 16 ans, il devient apprenti forgeron. Maître en son métier, Antoine émigre à Hambourg, Allemagne, où, à 24 ans, il reçoit le sacrement de confirmation. Dans un grand établissement sidérurgique, il affronte les moqueries et les sarcasmes des ouvriers. Déménagé à Cologne, il prend pension chez une fervente catholique qui l’accompagne chaque matin à la messe de 5h30, et lui suggère de se joindre aux Oblats. Se croyant trop vieux à 24 ans pour étudier, il s’offre comme frère et est accepté. Il fait son noviciat à Saint-Gerlach, Hollande. Sa première obédience, en 1892, l’envoie au juniorat de Saint-Charles, Hollande, homme à tout faire. Il y passe quatre ans. À plusieurs reprises, Antoine se porte volontaire pour les missions. En 1895, il passe à un cheveu près de partir pour le Ceylan, mais à trois jours du départ, tout est annulé! L’année suivante, le père Cassien Augier, supérieur général, en partance pour le Canada l’emmène avec lui. Antoine s’en va à Lac-la-Biche, en Alberta, mécanicien d’un moulin à scie. Le 15 juillet 1897, le Frère Antoine est victime d’un accident: bras droit cassé, main déchiquetée. À son arrivée à l’hôpital général d’Edmonton, après un voyage ininterrompu de six jours, la gangrène avancée commande l’amputation immédiate. Après un stage de 14 ans (1897-1911) à Saint-Paul-des-Métis, où il est à la fois ingénieur-mécanicien, jardinier et dépanneur universel, il arrive à Edmonton où, durant 36 ans, il édifiera dans tous les sens du mot. Au juniorat Saint-Jean, sa responsabilité couvre tous les domaines de l’institution. Son attitude simple et joviale symbolise l’idéal surnaturel que les jeunes peuvent poursuivre. Pas question de vacances pour lui, ni de retour dans sa Pologne bien-aimée, par sacrifice. Il marche les yeux modestement baissés, le chapelet à la main. On le surnomme Frère Avé. Victime de paralysie, le Frère Antoine décède à Edmonton, le 10 juillet 1947, à l’âge de 81 ans. Il a été déclaré vénérable le 27 mars 2013.
Rosalie Cadron est née à Lavaltrie, au Québec, le 27 janvier 1794. À 17 ans, elle épouse Jean-Marie Jetté. Entre 1812 et 1832, ils auront onze enfants, dont cinq mourront en bas âge. Le 14 juin 1832, Jean-Marie Jetté meurt du choléra, laissant Rosalie veuve à 38 ans avec sept enfants. Dès 1840, Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, fait appel à Rosalie lorsque des mères célibataires se confient à lui. C’est ainsi qu’entre 1840 et 1845, Rosalie place plus de vingt-cinq femmes chez des personnes disposées à les recevoir dans le secret. Elle s’impliquera également dans le suivi de chacune de ces grossesses, naissances et rétablissements. Elle fait souvent appel à ses propres enfants, maintenant établis, pour prendre soin des futures maman et en reçoit même quelques-unes chez elle. Après chaque naissance, Rosalie Cadron-Jetté fait baptiser le nouveau-né à la basilique Notre-Dame de Montréal, et en devient la marraine. En 1845, Mgr Bourget lui demande de fonder une communauté qui s’occuperait des mères célibataires. Un hospice est fondé, et en 1848, à l’âge de 53 ans, Rosalie Cadron-Jetté et sept consœurs de travail de l’hospice prononcent leurs vœux de religion. Rosalie devient Mère de la Nativité; ensemble, les huit femmes de l’hospice forment l’Institut des Sœurs de Miséricorde. Rosalie Cadron-Jetté meurt le 5 avril 1864, et elle a été déclarée vénérable le 9 décembre 2013 par le Pape François.
Marcelle Mallet est née à la Côte-des-Neiges (Montréal), le 26 mars 1805. Après sa première communion, elle rejoint son unique frère, Narcisse, à Lachine, chez des parents adoptifs qui lui prodiguent tendresse et confort. En mai 1824, elle entre dans la congrégation des Sœurs de la Charité (surnommées Sœurs Grises) de Montréal, fondée par Marguerite d’Youville, à la spiritualité compatissante et active. En 1849, Mère Marcelle est désignée par les autorités de la Congrégation pour être la Supérieure fondatrice d’une maison à Québec. Ainsi débute l’Institut des Sœurs de la Charité de Québec. Avec quelques compagnes, Mère Mallet commence immédiatement son œuvre de charité: soin des malades à domicile, visite des pauvres, hébergement des orphelines, l’aide aux séminaristes, l’ouverture d’un dispensaire pour les pauvres. Mère Mallet décède le 9 avril 1871, dimanche de Pâques. Elle a été déclarée vénérable le 27 janvier 2014. Ses Sœurs sont maintenant actives au Québec, aux États-Unis, au Japon, au Paraguay, en Argentine et en Uruguay.
Joseph Staub est né à Kaysersberg, en Alsace (France), le 2 juillet 1876. À 14 ans, le jeune homme entre chez les Augustins de l’Assomption, congrégation fondée en 1850 par le Père Emmanuel d’Alzon. Le 6 septembre 1896, avec l’habit assomptionniste, il reçoit le nom de Frère Marie-Clément. Ordonné prêtre à Rome le 19 mars 1904. il décide de se faire l’apôtre du Sacré Cœur de Jésus. Ses supérieurs l’envoient aux États-Unis, au collège des Pères de l’Assomption à Worcester, Massachusetts. II se rend vite compte que le personnel affecté au service domestique des prêtres n’a pas toujours les qualités souhaitables de discrétion, d’attention et de disponibilité. Une ménagère de presbytère lui suggère alors d’offrir à Jeanne d’Arc des sœurs qui, regroupées en une congrégation religieuse, offriraient leur vie et leur travail pour les prêtres. C’est ainsi qu’à Noël 1914, à Worcester, le Père Clément-Marie devient le fondateur des Sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc. En 1917, à la demande du Père Marie-Clément, le cardinal Bégin de Québec accepte d’ouvrir son diocèse aux Pères Assomptionnistes et aux Sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc, autorisant en même temps le père à y fonder un centre canadien pour l’Archiconfrérie de prière et de pénitence, mieux connue aujourd’hui sous le nom de «Montmartre canadien». Pendant plus de vingt ans, il emploie ses talents à la formation de la nouvelle congrégation religieuse qu’il a fondée, tout en continuant à prêcher des retraites pour faire connaître l’amour du Cœur de Jésus. Il décède à la maison mère des Sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc à Sillery (Québec) le 16 mai 1936, à l’âge de 59 ans. Il a été déclaré vénérable le 3 avril 2014.
Jeanne Mance naquit à Langres en France (département de la Haute-Marne) le 12 novembre 1606. Deuxième d’une famille de douze enfants, elle doit très jeune remplacer sa mère morte prématurément et s’occuper de ses frères et sœurs. Très jeune aussi, elle voulut donner sa vie à Dieu et ressentit un appel missionnaire pour le Canada. «Je sais que Dieu me veut en Canada, mais je ne sais ni où, ni pour quelle mission, je m’abandonne entièrement à sa volonté.» Après discernement elle part avec Paul de Chomedey et une recrue d’hommes. Elle aborde l’île de Montréal le 17 mai 1642 pour y établir Ville-Marie: elle devient cofondatrice de cette colonie. Avec l’aide financière de Mme de Bullion, Jeanne Mance fonde l’Hôtel-Dieu et soigne les blessés et les malades, tant français qu’amérindiens. Elle prépare la venue des Hospitalières de Saint-Joseph. En 1659, connaissant les desseins du fondateur Jérôme Le Royer, Jeanne Mance revient de France avec les trois premières Hospitalières. Alors commence l’histoire de la grande collaboration entre les Hospitalières de Saint-Joseph et cette laïque, jusqu’à sa mort qui survient le 18 juin 1673. Elle a été déclarée vénérable le 8 novembre 2014. Sa dépouille repose dans la crypte de la chapelle de l’actuel Hôtel-Dieu de Montréal.
Remercions Dieu pour tous ces exemples de foi et de dévouement, et prions-les pour qu’ils intercèdent pour le peuple canadien!
Les trois étapes vers la saintetéTous les chrétiens aspirent à devenir saints, c’est-à-dire, des personnes maintenant rendues au paradis (qu’elles aient été officiellement canonisées ou non) qui ont vécu des vies de grande charité et de vertus héroïques. Selon les procédures officielles de l’Église catholique, il existe trois étapes pour parvenir au statut officiel de saint (comme les médailles de bronze, d’argent et d’or sur un podium): on devient vénérable, bienheureux, et puis saint. Tout dossier débute par une enquête au niveau diocésain. Ensuite, le dossier est transféré à Rome qui accorde le titre de vénérable à une personne décédée qui a vécu les vertus de foi, d’espérance et de charité à un degré héroïque. Pour être reconnu comme bienheureux, un miracle doit être reconnu par l’Église, obtenu par l’intercession de ce vénérable. Pour la troisième et dernière étape, un autre miracle, qui doit s’être produit après la béatification de la personne en question, doit aussi être reconnu par Rome. Le Pape peut exceptionnellement décider de canoniser un bienheureux sans qu’il y ait eu de second miracle. C’est ce que le Pape François a fait récemment en avril 2014 avec saint François de Laval et sainte Marie de l’Incarnation. Les saints sont vénérés dans l’Église universelle, et les bienheureux le sont dans l’Église locale (diocésaine). |
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Martine Renaud
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