Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Au XVIII siècle, il y a eu un réveil catholique après la proclamation du Dogme de l'Immaculée Conception. En 2004, nous fêtons le 150e anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception. Demandons à l'Immaculée, la Médiatrice de toutes les grâces, le triomphe et la liberté de l'Église catholique romaine si persécutée de nos jours. Voici des extraits d'un article rédigé par Carlo Balic, O.F.M. sur « Les effets de la Proclamation du Dogme de l'Immaculée Conception », tirés de la Revue « Marie » de Nicolet, de novembre-décembre 1953 :
On sait que le XVIII siècle jeta l'Europe dans un grand chaos. En France on assiste à la destruction des cathédrales, des églises et des couvents. Partout, écrit Châteaubriand, on peut apercevoir les ruines des églises et des couvents ; les hommes, d'une certaine manière, se divertissaient à se promener sur de telles ruines. Tout l'épiscopat, ajoute Montalembert, se trouve en persécution, les prêtres sont envoyés à la guillotine ou exilés, les fidèles sont déjà depuis longtemps condamnés à choisir entre la mort ou l'apostasie apparente.
Dans les autres états la situation n'en est pas moins défavorable. En Autriche Joseph II fait fermer 200 couvents, envoie en exil 20,000 religieux, revendique pour soi le droit d'expliquer les encycliques pontificales, de critiquer les lettres et les ordonnances des évêques pour ce qui concerne le culte liturgique, etc. En Espagne, Charles III en une seule fois envoie en exil 6,000 Jésuites, "pour de motifs que sa Majesté tient cachés dans son auguste coeur". Les catholiques et tous les autres approuvent de telles décisions. — En Allemagne, en Italie, les petits princes se font un honneur de suivre ces grands, et eux aussi défendent à leurs propres sujets tout lien avec Rome.
Bref, le déisme et l'athéisme cherchent à convaincre les hommes que la religion est une folie, une erreur, qui se base sur l'ignorance et sur la superstition. La foi diminue et les bonnes mœurs s'en vont.
Le règne de l'Antéchrist du XVIII siècle mûrissait déjà depuis longtemps, tandis que les hommes pressentaient qu'un tel règne serait anéanti par l'Immaculée Vierge... (Ils) commencèrent à soulever de plus en plus leurs regards vers l'Auxiliatrice de tous les chrétiens. L'épilogue de semblables événements il faut le chercher dans la vie du grand Pape exilé Pie IX.
La maçonnerie avait finalement réussi à chasser le Pape de la Ville Éternelle, siège séculaire du Vicaire du Christ. Le 24 novembre 1848, portant le Très Saint Sacrement sur son cœur, Pie IX fuyait de Rome pour sauver sa vie dans l'exil et ne pas priver l'Église de son Chef. À Rome la révolution chantait victoire : on proclama la république, le gouvernement fut confié à un triumvirat. "Le peuple est l'unique maître", hurlait la foule devenue féroce. La rapine, le meurtre, la malhonnêteté — telles sont les notes caractéristiques de ces jours.
Tandis que le Pape exilé observait de la forteresse de Gaète cette terrible situation, le Cardinal Lambruschini se présenta à lui en disant : "Saint-Père, Votre sainteté n'assainira de nouveau le monde qu'en déclarant l'Immaculée Conception de Marie dogme de foi. Cette définition doctrinale rétablira le sens des vérités chrétiennes et retirera les esprits des déviations naturalistes dans lesquelles ils se sont acheminés". Ces idées étaient depuis longtemps dans le coeur du Saint-Père. Et le 2 février 1849, de Gaète il adresse aux évêques catholiques la lettre encyclique « Ubi Primum », dans laquelle il ordonne que partout on élève de ferventes prières et que l'on prépare ce qui est nécessaire pour la solennelle définition de l'Immaculée Conception de Marie.
Ce qui suivit est connu de tous. Plus de 500 évêques, cardinaux, patriarches répondirent au Saint-Père qu'ils attendaient avec anxiété le jour de la définition dogmatique de l'Immaculée. L'épiscopat répondit : "Parle, oh ! Pierre, par la bouche de Dieu, et nous écouterons humblement". Où est le Pape là est l'Église et la forteresse de Gaète devint une nouvelle Rome chrétienne, et la voix qui en était partie se propagea partout avec la rapidité de la foudre. Des millions de coeurs s'unirent en prière et s'adressèrent à l'Immaculée pour sauver le Pape exilé, pour anéantir les phalanges des ennemis de l'Église.
Le 12 avril 1850 Pie IX retourna à Rome. Aux salves s'unissait la jubilation de la population qui criait ses vivats. Le Capitole, la Coupole de Saint Pierre et toute la ville était plongée dans une mer de lumière. Les citoyens s'étaient bientôt aperçus qu'avec le Pape, tout principe d'autorité s'était éloigné de Rome, tout ce qu'il y a de beau et de bon, et que sans le Pape il n'y a pas de vie ; par la suite ils répudièrent les voies de la révolution et retournèrent sous la protection de l'autorité. Dans les autres états européens également disparurent les insurrections et les révolutions. Ce changement subit Pie IX l'attribua à Celle qu'il avait appelée en aide dans la forteresse de Gaète ; et se convainquit que le dogme de l'Immaculée Conception était ce remède que Dieu avait ordonné pour notre époque.
Et finalement le 8 décembre 1854, en la présence de 200 évêques, lui-même, dans la basilique Saint-Pierre, posait sur le chef de Marie la couronne sans tache, définissait le dogme catholique "ad exaltationem fidei catholicae, et christianae religionis augmentum" (Ineffabilis Deus"). En cette Bulle le Pape exprime son espérance qu'avec la toute puissante intercession de la bienheureuse Vierge, la Sainte Mère l'Église triomphe de toutes les difficultés, de toutes les erreurs, qu'elle devienne de jour en jour plus forte et qu'elle croisse constamment parmi tous les peuples et en tous les lieux. Et ainsi le chef de la chrétienté synthétise et commente définitivement ces espérances traditionnelles et déclare qu'elles se réaliseront.
L'Église a reconnu à plusieurs reprises que les prévisions, les espérances de Pie IX et des pieux fidèles au sujet d'une rénovation de la société humaine par l'intercession de la Vierge Immaculée, ont été réalisées au moins en partie...
Le rationalisme théologique, philosophique, politique et social est la créature du protestantisme. La déification de l'intellect humain est le principe fondamental du rationalisme. La négation du péché originel, du dogme de la Rédemption et de la vie éternelle sont les conséquences logiques de ce système terrible, et celles-ci depuis le XVI siècle sont utilisées par les sectes modernes dans la lutte contre l'Église. On devait condamner à tout prix ces hérésies pernicieuses. L'état d'âme de toute l'humanité était si enfiévré, l'affaiblissement de la charité chrétienne était si universel, qu'il aurait été presque inutile de répéter les anciennes définitions sur le péché originel et sur la rédemption divine. Il fallait un remède adapté à l'attiédissement général des esprits de cette époque, on sentait le besoin d'un remède qui puisse non seulement illuminer l'intelligence, mais aussi réchauffer le cœur et le pousser à la vie spirituelle.
L'Église ne pouvait pas choisir un moyen plus efficace pour obtenir ce but désiré, si ce n'est qu'en proposant aux fidèles l'objet du culte dogmatique de la Vierge Immaculée ; l'objet qui plaît tant à leur dévotion, et qui est tout à la fois une expression officielle des vérités catholiques qui s'opposent directement aux hérésies et aux erreurs du rationalisme et du semi-rationalisme.
Et de fait, qui ne voit les conséquences logiques et sublimes du dogme de l'Immaculée Conception ? Si Marie a été préservée en vertu d'un privilège particulier, il faut reconnaître que la descendance d'Adam n'est ni pure ni sainte dans son origine ; l'humanité est pécheresse et a besoin d'un sauveur ; si la Bienheureuse Vierge fut préservée du péché originel seulement parce qu'elle devait être la Mère de Dieu, alors son Fils n'est pas un simple philosophe humanitaire : il est une personnalité historique. Si Marie fut préservée du péché originel par l'œuvre du Rédempteur de l'humanité déchue, alors la mission de Jésus ne fut pas terrestre, ne fut pas seulement sociale, mais fut une mission surnaturelle, céleste, c'est-à-dire la libération de l'homme du péché, de la mort spirituelle, de l'esclavage du diable.
La grâce du Christ n'est pas seulement une illumination ou une culture, mais une religion, une vie surnaturelle, une filiation divine. Si le genre humain avec le péché d'Adam, dont seule Marie fut préservée, a perdu la justice originelle, alors toutes les actions qui en dérivent pour supprimer en nous la concupiscence et pour réformer les passions rebelles, c'est-à-dire la prière, la pénitence, le jeûne, tout cela n'est pas une folie médiévale, n'est pas un hypermysticisme ; tout cela est bon, est sain, puisque avec de tels moyens nous devons atteindre le but de notre vie... Finalement si l'homme a péché, il n'est pas indépendant par nature : il doit obéir à quelque loi supérieure, et c'est pourquoi l'affirmation de la liberté absolue, de la souveraineté de l'homme, de l'indépendance de la pensée et de l'action est fausse.
...Nous considérons que ces vérités se trouvent dans le dogme de l'Immaculée Conception non seulement sous une forme abstraite, mais qu'elles sont aussi concrétisées dans le culte, qu'elles s'identifient avec la dévotion des fidèles...
...Le 8 décembre 1854 prépara le 18 juillet 1870. Après le dogme de l'Immaculée Conception, devait venir le dogme de l'infaillibilité du Pape. Et ainsi l'Immaculée anéantit l'hérésie de ceux qui ne reconnaissent pas une telle infaillibilité ; elle fit en sorte que le Prisonnier du Vatican devint le centre autour duquel gravitât le monde ; et fut le promoteur principal du réveil catholique.
"Quoique la tempête fasse rage comme s'exclame saint Pie X – et que le ciel soit couvert d'une dense obscurité, que personne ne chancelle dans son cœur. À la vue de Marie, Dieu s'apaisera et accordera le pardon." (Lettre encyclique "Ad diem illum")
(Traduction de l'italien par P. Gérard Asselin, C.F.S.)