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u autre mode de distribution de pouvoir d'achat: c'est L'argent, instrument social
une des raisons pour lesquelles le Crédit Social préco- L'argent constituant un titre aux biens et aux servi-
nise le dividende national, indépendamment de toute ces qui émanent de toutes les sources de production
participation personnelle à la production. du pays, communes ou privées – autrement dit, l'ar-
L'immense production moderne est beaucoup gent entre les mains d'un individu lui conférant un droit
plus le fait des ressources naturelles, de l'organisa- sur la production de tous les autres — l'argent doit être
tion sociale et de la science appliquée, que du travail considéré comme un instrument d'intérêt social. C'est
personnel. Ces ressources, cette organisation et cette donc normalement à la société elle-même, par son
science constituent un capital commun. Ce capital gouvernement, qu'il appartient de régir l'émission, le
commun, étant devenu très productif, doit rapporter volume et la mise en circulation de l'argent et du cré-
un dividende à chacun des copropriétaires, donc à dit. C'est pourquoi le Crédit Social confie le contrôle de
tous et à chacun des membres de la société. C'est une l'émission, du volume et de la mise en circulation de
des raisons pour lesquelles le Crédit Social préconise l'argent et du crédit à une Commission nationale, res-
un dividende à tous et à chacun, et c'est pourquoi aussi ponsable aux représentants de la Société, et chargée
le Crédit Social ne considère pas ce dividende comme d'adapter la finance aux faits mêmes de la production
un cadeau, mais comme un dû. Le Crédit Social recon- et de la consommation.
naît ainsi que «tout homme, en entrant dans le monde, Mais il ne convient pas à l’État de faire ce que les
doit pouvoir effectivement jouir, en quelque sorte, de individus ou les associations libres peuvent très bien
la condition d'héritier des générations précédentes» accomplir. L’État doit donc laisser à la production et
(Jacques Maritain, Humanisme intégral, page 296.) à la consommation la plus grande liberté compatible
Dans la mesure où la production requiert encore avec l'ordre social et avec la prospérité bien comprise.
le travail d'individus, elle doit offrir une récompense C'est pourquoi le Crédit Social repousse l'ingérence
au travail; c'est pourquoi le Crédit Social, tout en pré- du gouvernement dans les activités de production, de
conisant un dividende à tous, maintient le régime de transport, de vente, de livraison. La Commission de
récompense aux travailleurs manuels ou profession- régie de l'argent et du crédit préconisée par le Cré-
nels, par des salaires adéquats ou par la vente rému- dit Social ne dicte pas la production: elle l'enregistre
nératrice de leurs produits ou de leurs services. seulement; elle ne dicte pas la consommation: elle
Pour maintenir le stimulant à la production et pour l'enregistre seulement. Puis, de ces faits, résultant des
distribuer toute la production à ceux qui en ont be- actes libres des producteurs et des consommateurs,
soin, salaires et dividendes doivent donc aller de pair elle déduit le montant de l'argent à distribuer à tous les
et se compléter, dans la proportion la mieux ordon- membres de la communauté par le dividende national
née à un maximum de résultats. Cette proportion est à et par les subsides à l'ajustement des prix. Le Crédit
déterminer par l'expérience, mais devra toujours être Social fait ainsi de la finance la servante constante
calculée de façon à procurer à tous et à chacun des — et jamais la maîtresse — de la production et de la
membres de la société, employés lucrativement ou consommation.
non, une suffisance de biens pour garantir une hon- Le Crédit Social n'intervient pas dans l'usage que
nête subsistance. les individus font de leur argent. Ainsi, l'épargnant res-
Le travail, fin ou moyen? te libre d'épargner et de remettre à plus tard l'exercice
de son pouvoir d'achat. Mais sous un régime créditis-
Le but de l'agriculture, de l'industrie, de la pro- te, l'épargne ne peut plus avoir pour effet comme sous
duction en général, n'est pas de fournir de l'emploi, le régime actuel d'accumuler des produits invendus et
mais de fournir des produits. La production est même de provoquer du chômage. Au contraire, elle profite
d'autant plus parfaite qu'elle fournit le plus de biens alors à toute la communauté, puisque la production
avec le moins d'efforts, laissant ainsi à l'homme la non achetée par l'épargnant se trouve répartie entre
facilité de se livrer à des activités libres, pas néces- tous les autres par une augmentation du dividende ou
sairement lucratives et pas nécessairement productri- de l'escompte d'ajustement des prix.
ces de biens matériels. C'est pourquoi le Crédit Social
récuse la formule de l'embauchage intégral et recom- Ce sont les besoins des consommateurs qui doi-
mande plutôt le revenu intégral; et, dans la mesure vent guider la production; et ce ne sont pas les pro-
où la production élimine le travail individuel, le Crédit ducteurs qui, par des pressions de vente, doivent
Social dissocie l'idée de revenu de l'idée de travail. En essayer de provoquer des besoins factices chez les
d'autres termes, le travail n'est pas une fin, mais un consommateurs. Sous un régime créditiste, toute in-
moyen: le moyen de produire. Si la fin est atteinte, le jection d'argent nouveau se faisant directement à la
moyen devient superflu. D'autre part, le moyen de dis- consommation, c'est par les consommateurs eux-mê-
tribuer les produits, c'est le titre aux produits, l'argent. mes que cet argent donne ses premières commandes
Lorsque les produits existent et attendent seulement à la production.
distribution, ce n'est donc plus le travail, mais l'argent L'argent est ainsi graduellement ramené à sa fonc-
qu'il faut mettre en cause. tion: instrument pour servir, et non plus arme pour

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