Gaston Gauthier - Il s'entraîne au Manitoba

le mardi, 01 octobre 1946. Dans La vie créditiste

Ce jeune homme de Rouyn, s'est décidé à laisser une position lucrative pour se donner à la cause que toute sa famille sert si bien. Gaston Gauthier a eu de beaux résultats à son crédit. Au cours de l'année créditiste 1945-46, il a pris personnellement 142 abonnements au journal Vers Demain. Il est parti dès le surlendemain de l'élection de Pontiac, pour aller faire son noviciat de missionnaire créditiste au Manitoba, avec Paul-Eugène Drolet. Nous souhaitons à Gaston toute l'ardeur et le succès de son entraîneur. Il y a au Canada français ­un vaste champ d'action pour les jeunes patriot­es de ce calibre. Ils développent d'ailleurs dans ce travail une formation personnelle de premier ordre.

Voix de fermière d'Ontario

Mademoiselle Clémence Lefebvre, de Monetville, Ont., nous envoie, en même temps qu'un abon­nement, l'expression de son enthousiasme pour la cause :

"Je vous inclus un abonnement à Vers Demain. Je suis peinée de n'en avoir qu'un. Mais c'est que je demeure en pleine campagne, et je ne puis sortir qu'à l'été.

J'essaie de faire comprendre aux gens qui m'entourent qu'ils devraient faire comme moi : parler à leurs amis de Vers Demain et de la doctrine du Crédit Social. En répandant Vers Demain dans les rangs, on a conscience de travailler pour le bien de tous. 

Nous devrions le comprendre, nous surtout, fer­miers de l'Ontario. Notre vie est assez dure, et nos efforts ne nous apportent guère de fruits. Si notre sys­tème était ce qu'il doit être, nous ne serions pas obli­gés comme le sont plusieurs d'entre nous, de quitter le foyer et aller travailler ailleurs et user notre santé pour de bas salaires. La ferme devrait pouvoir, com­me autrefois, faire vivre toute la famille qui l'habite.

C'est le temps pour nous, filles de cœur, de nous lever. J'entends comme une cloche qui lance l'appel. Mettons-nous à l'œuvre, si nous voulons établir la vraie paix dans le monde, à commencer par chez nous, et garder la civilisation que nous a apportée le catholicisme.

Je continuerai de marcher avec fierté pour votre journal".

Une journée à Demers Centre

Demers Centre est une partie de la paroisse de Chapeau, ­dans le vieux Pontiac. Le Crédit Social y était quasiment inconnu avant la campagne électorale. Roland Corbeil et Louis-Philippe Bouchard y ont passé le 8 septembre. Plus de 150 personnes assistaient à l'assemblée organisée par M. Émile Vail­lancourt et M. et Mme. Zéphir Demers. Une trentaine d'abonnements furent levés sur place.

Comme M. Bouchard était depuis longtemps connu dans Demers Centre et comme il n'y avait pas été depuis une dizaine d'années, ses amis lui offrirent une soirée chez M. et Mme Demers. Une centaine de personnes se rassemblèrent dans la grande et hospitalière maison ; et nos deux conférenciers durent de nouveau y prendre la parole.

Demers Centre a donné un vote appréciable à Réal Caouette, et l'Union des Électeurs y est maintenant active. Les officiers locaux promettent de couvrir toute l'Île des Allumettes. C'est dans cette île, baignée des eaux de l'Outaouais, qu'est située la paroisse de Chapeau ; on y accède de Waltham si l'on vient du Québec, et de Pembroke si l'on vient d'Ontario.

Belles pages d'étude

Nous invitons nos lecteurs à étudier avec soin le discours de M. Grégoire, "l'économie de l'avenir" pages 4 et 5 du présent nu­méro.

L'économie distributive du Crédit Social y est clairement exposée, tout en restant surtout dans les grandes lignes pour conduire à l'objectif, sans entrer dans des techniques qui peuvent et doivent s'assouplir aux circonstances.    

On remarquera comment l'auteur sait faire la place, dans l'économie distributive de l'abondance, au sa­laire pour entretenir l'incitation au travail dans la mesure où le travail est nécessaire, et au dividende pour reconnaître le droit de tous aux fruits de la science et de l'organisation sociale.,

Le salaire aux travailleurs, le dividende à tout le monde. Les autres formules ne peuvent être que de la stupidité affamante ou du planisme encarcanant.

Le dividende doit aller à tout le monde, aux tra­vailleurs et aux riches aussi bien qu'aux non employés et aux pauvres. Un dividende conditionné, limité à certains groupes, n'est plus un dividende social, donc pas un dividende proprement dit, mais une simple allocation de sécurité sociale planifiée, à la manière du plan Beveridge.

Ce serait une caricature grossière du Crédit Social, par exemple, de décréter des dividendes seulement à ceux qui n'ont pas d'emploi, même si, pour financer ces dividendes, on recourait au monnayage créditiste de la richesse du pays. Le seul fait de ne verser des allocations qu'à ceux qui ne travaillent pas et de les refuser à ceux qui travaillent (comme le fameux se­cours direct) aurait pour effet de punir le travail, de le décourager, de diminuer la production, et dès lors de faire disparaître la base des allocations partielles.

Ce serait créer deux classes : une qui travaille pour l'autre, et la seconde qui vit du travail de la première. Les allocations ne fonctionneraient pas longtemps, à moins d'intervention dictatoriale de l'État pour for­cer les valides à accepter de l'emploi d'après le juge­ment de contrôleurs. Ce serait désastreux.

On ne peut amputer le Crédit Social sans tomber dans le dirigisme, le planisme. On peut encore pour­suivre la sécurité économique sociale, mais aux dé­pens de la liberté personnelle.

Ceux qui s'arrêtent à la simple question de mon­naie sans dette créée par l'État, et qui ne voient pas à ce que cette monnaie soit la propriété des consomma­teurs, et à ce que chaque citoyen touche son dividen­de social, ne sont pas des créditistes.

Il n'y a de Crédit Social que là où l'individu, cha­que individu peut librement tirer parti, à son goût, des avantages de l'association.

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Churchill, le 22 octobre 1945

"Le défaut inhérent du capitalisme moderne, c'est la répartition trop inégale des biens de ce monde".

Et les ministériels (socialistes) d'applaudir. Mais Churchill ajoutait immédiatement :

"Et le défaut inhérent au socialisme, c'est la répartition égale de la misère".

Cette fois, les socialistes n'applaudissaient pas.

L'étranger avant le Canadien

M. Probe, député fédéral de Regina, Sask :

"Le ministre des Finances (Mon. Ilsley) a affir­mé, au cours de son exposé budgétaire, qu'il fallait sacrifier le marché domestique au commerce d'ex­portation, qui doit venir en premier lieu. Selon lui, notre prospérité et notre embauchage en temps de paix dépendent des recettes produites par nos ven­tes à l'étranger.

"Je me reporte à la ferme sur laquelle j'ai gran­di, et je tente de me figurer un cultivateur en train de s'enrichir, selon le conseil du ministre des Fi­nances, en écoulant chez le voisin tout son foin et toute son avoine, pendant que ses propres animaux meurent de faim dans l'étable. Si un cultivateur agissait de la sorte, on le soupçonnerait de démen­ce. Mais lorsqu'un ministre responsable se pronon­ce ainsi, et avec sincérité (car nous ne doutons pas de sa bonne foi), la méthode est qualifiée d'excel­lente entreprise gouvernementale.

"Plus d'un an s'est écoulé depuis notre victoire en Europe, et nos chefs dans les domaines politi­ques et commercial privent les Canadiens de l'a­bondance promise pour l'après-guerre, expédient toutes les denrées disponibles, qu'elles soient ou non en excédent des exigences domestiques, en vue de s'approprier des marchés étrangers ; et l'on fi­nance ces débouchés dans une large mesure à l'ai­de de crédits canadiens, tandis que la population canadienne se passe des produits en question et attend patiemment."

(Hansard, 8 juillet 1946.)

Feu Napoléon Vézina

Nous avons été peinés d'apprendre récemment la mort d'un de nos plus anciens créditistes de la ville de Québec, Napoléon Vézina. Lorsque le mouvement était encore à ses débuts, c'est la famille Vézina qui donnait, sans compter, l'hospitalité à M. Even, cha­que fois que son travail d'apostolat l'obligeait à des séjours parfois prolongés dans la capitale de la Nou­velle-France. Le journal Vers Demain et l'Institut d'Action Politique, et son directeur en particulier, prient cette excellente famille, qui en est à son troisiè­me deuil en trois ans, d'agréer l'expression de leurs plus sincères sympathies. 

Vers Demain ! Vers Demain !

Vers Demain renseigne et organise les électeurs. Les électeurs renseignés et organisés font des dé­putés serviteurs du peuple.

Pontiac a repoussé les partis politiques, anciens et nouveaux, et s'est donné un homme des élec­teurs, parce que Pontiac compte 2,634 abonnés à Vers Demain.

Vers Demain a formé Caouette, et Vers Demain a formé les électeurs de Caouette.

Vers Demain forme des hommes. Les hommes formés à l'école de Vers Demain se chargent d'as­sainir la politique du pays.

Inutile de compter dégager votre comté de l'emprise des partis politiques, inutile de songer à y avoir un jour un véritable député des élec­teurs, si vous ne commencez pas par y faire cir­culer intensément un journal qui détache des partis politiques et apprend aux électeurs à con­trôler leurs représentants. Et il n'y a qu'un jour­nal qui fait cela — Vers Demain.

    • * *

Qu'un homme se lève dans une paroisse et dé­cide d'abonner majoritairement sa paroisse à Vers Demain, il soustraira sa paroisse à la dicta­ture des partis. Qu'un homme se lève dans un comté et décide d'y pousser activement l'abon­nement à Vers Demain, il gagnera son comté à la politique de l'Union des Électeurs, d'électeurs qui veulent l'argent et les institutions gouverne­mentales au service des citoyens.

Vous rêvez cela pour votre paroisse, pour vo­tre comté. Mais la seule perspective de la tâche à accomplir vous écrase. Faites au moins une pe­tite part. D'autres, stimulés par votre exemple, y ajouteront la leur.

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Votre part personnelle pour l'abonnement à Vers Demain, que va-t-elle être ? Combien déci­dez-vous de prendre d'abonnements dans l'an­née, d'ici le 1er septembre 1947 ? Un ? Deux ? Cinq ? Dix ? Cinquante ? À vous de répondre, mais que ce soit plus que zéro.

La formule de la Promesse d'Honneur, ci-des­sous, attend votre signature, si vous ne l'avez pas déjà remplie.

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Vous trouverez aussi, au dos de cette Promesse d'Honneur, en page 7, la Promesse du Voltigeur 1946-47. Elle est un supplément à la Promesse d'Honneur pour ceux qui n'ont pas peur des for­tes résolutions. Elle est aussi un moyen pour leur aider à atteindre leur objectif.

Le Voltigeur 1946-47 verra au moins quatre électeurs par mois, un par semaine. Ces électeurs lui seront désignés par la Direction. Ce seront surtout d'anciens abonnés à Vers Demain, qui connaissent déjà passablement de quoi il s'agit, s'ils ont tant soit peu lu leur journal. Le terrain est donc plus facile.

Le Voltigeur ira les voir, leur causer, renouve­ler leur abonnement et les joindre aux rangs de l'Union des Électeurs. Du coup, c'est 48 abonnements (à titre de renouvellement) qu'il aura la chance de prendre dans les douze mois. Si sa Pro­messe d'Honneur est de 50, il aura presque at­teint son objectif dans ces seules visites. Si sa Promesse d'Honneur est de 25, les quatre visites. par mois lui fourniront l'occasion de dépasser fa­cilement, de presque doubler son objectif.

Sans doute que les résolutions ne suffisent pas, que l'important est de les tenir. Mais d'autre part, ceux qui ne prennent jamais de résolutions, qui ne se tracent jamais d'objectif, ne vont à rien.

*    *    *

Faites donc hardiment votre promesse, selon votre degré d'attachement à la cause, et commen­cez votre action. La Direction provinciale fera tout son possible pour vous aider et vous encou­rager.

Envoyez les formules signées, avec votre nom et votre adresse écrits bien visiblement, à : Vers Demain, C. P. 17, Station Delorimier, Montréal, P. Q.

Voulez-vous le dividende ?

Cartes postales de pression

Voulez-vous un dividende mensuel, pour vous as­surer votre part de l'abondance rendue possible par le progrès ? Vous y avez droit, et c'est une chose très fa­cile à établir. Il y a tout ce qu'il faut dans la province pour garantir un minimum de biens à chaque citoyen de la province. Mais il faut une loi pour décréter ce régime de distribution, tout comme il a fallu une loi pour décréter la distribution d'allocations familiales. C'est au gouvernement de Québec à établir cette loi, au lieu d'attendre pour se plaindre lorsque le gouver­nement fédéral prend les devants.

Si vous voulez le dividende, réclamez-le, réclamez-le de votre député provincial : il existe pour faire vos commissions au gouvernement de Québec.

L'Institut d'Action Politique a fait imprimer des cartes postales exprès pour demander le dividende. L'électeur n'a qu'à les signer et les adresser à son dé­puté provincial, avec un sou de timbre. Ces cartes sont en vente au bureau de Vers Demain, C. P. 17, Station Delorimier, Montréal. Prix : 5 sous l'unité ; 25 pour un dollar.

L'assemblée mensuelle

Partout où l'Union des Électeurs est établi, il faut la faire fonctionner. Les membres isolés posent des actes isolés. Mais là où il y a des officiers en charge, ces officiers doivent voir à faire poser des actes collectifs par l'Union locale des Électeurs.

Le président doit convoquer une assemblée paroissiale par mois, autant que possible toujours le même jour — par exemple le dernier dimanche chaque mois — afin que les gens s'habituent à venir régulièrement.

À l'assemblée mensuelle, voir :

    1. À l'éducation ;

    2. À l'action politique par pression sur les représentants des électeurs ;

    3. À l'expansion, par l'abonnement à Vers Demain, qui signifie en même temps le recrutement de membres.

Pour l'éducation, attirer l'attention sur un article ou un passage de Vers Demain qui a particulièrement frappé. Il en répète ou en fait répéter les grandes lignes. Un échange d'idées et d'impressions est utile ; mais le président doit garder l'ordre, ne pas laisser des gens parler rien que pour se faire valoir.

Pour l'action politique, écrire des lettres aux députés ; leur envoyer des cartes postales ; prendre des résolutions et les faire envoyer par le secrétaire aux députés et aux journaux. Quoi dire aux députés ? Leur demander le dividende, à Québec ; et demander l'abolition des contrôles et la diminution des impôts, à Ottawa. Les "attendus" des résolutions adoptées au Congrès de Drummondville publiées dans Vers Demain du 15 septembre passé donnent les arguments à faire valoir. Il faut aussi à l'assemblée mensuelle, préparer la délégation qui ira à la prochaine séance du Conseil municipal pour demander au Conseil de voter une résolution pour appuyer les demandes de l'Union des Électeurs.

Pour l'expansion. — Le président proclame combien d'abonnements ont été levés dans la paroisse depuis la dernière assemblée mensuelle. Il rappelle à tous que l'expansion ne peut dépendre que de l'abonnement pris par ceux qui sont déjà abonnés et membres de l'Union des Électeurs. Il appelle l'attention sur la Promesse d'Honneur (voir 8 du présent numéro). Il distribue les réabonnements à prendre (ce n'est plus de l'expansion, mais le maintien des forces acquises, qu'il ne faut pas laisser entamer). Il essaie de mettre de l'émulation parmi les membres, à qui prendra le plus d'abonnements d'une assemblée mensuelle à l'autre.

Dans l'Union des Électeurs, la fonction de conférencier, de président surtout, n'est pas une sinécure. Elle suppose un homme d'action, un patriote dynamique qui a le sens de ses responsabilités et qui sait communiquer l'esprit conquérant.

Petit fait électoral

Dimanche, 15 septembre, veille de l'élection, des orateurs libéraux s'amènent à Granada pour y faire une assemblée après la grand'messe. Des orateurs conservateurs y viennent aussi, exactement dans le même but.

Mais il n'y a qu'une salle pour deux assemblées.

Un créditiste de Granada, M. Victor Ipperciel, suggère que la population se rende toute à la salle paroissiale, et que les orateurs des deux partis y parlent à tour de rôle. "Mais, ajoute-t-il, bien que l'Union des Électeurs n'ait projeté aucune assemblée à Granada pour aujourd'hui, et bien qu'elle n'ait envoyé aucun orateur de circonstance, je demande mon tour pour présenter le point de vue créditiste."

Accepté.

Et nos beaux orateurs, avocats de Rouyn et des leurs, font parade de leur éloquence, chacun pour son parti. Vient Ipperciel, simple mineur habitant Granada et travaillant aux mines de Noranda. Pas de rhétorique, mais de la logique. Et c'est le mineur créditiste de Granada qui cueille tous les applaudissements. On avait d'ailleurs affaire à des électeurs éduqués par Vers Demain.

Le lendemain, Granada votait très majoritairement pour Réal Caouette.

Où se déforment nos universitaires ? Dans la politique de partis. Où se forment nos gens du peuple ? À l'école du Crédit Social.

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