Un dividende de $20 à chaque citoyen, de la naissance à la mort, sans conditions et sans exception — tel est le premier point du programme de l'Union des Électeurs.
Demandez aux soutiens de famille qui chôment aujourd'hui, si le dividende mensuel à chaque membre de leur famille ne vaudrait pas mieux que toutes les assurances-chômages de Mackenzie King.
D'abord, le dividende n'est point lié à des contributions, comme l'assurance-chômage. Vous n'avez point droit à l'assurance-chômage, à moins d'avoir commencé par payer des contributions prises sur votre salaire. Le dividende, lui, commencerait avec la naissance, donc sans aucune contribution préalable.
Puis, le dividende ne serait point limité à une période, comme les prestations de chômage ; il n'arrêterait qu'avec la mort.
Mieux que cela. Le dividende serait la véritable assurance contre le chômage. Le dividende étant destiné à augmenter le pouvoir d'achat des individus, pour que toute la production désirée s'écoule, les produits ne s'accumuleraient pas et il n'y aurait pas de raison de fermer les portes des manufactures.
Les contributions prélevées sur les salaires par l'assurance-chômage, au contraire, ont comme effet de diminuer le pouvoir d'achat. La diminution du pouvoir d'achat diminue le volume des ventes. La diminution du volume des ventes amène l'encombrement des stocks. L'encombrement des stocks cause la cessation des commandes. La cessation des commandes crée le chômage.
Comme quoi, les assurances-chômage, au lieu d'être une assurance contre le chômage, sont un facteur pour hâter le chômage.
On sait aussi que, de ce temps-ci, nombre de personnes chôment dans une industrie ou dans un endroit du pays, parce qu'il y a des grèves ailleurs, et ces grèves empêchent d'obtenir le matériel nécessaire pour alimenter des usines.
Avec le régime des dividendes pour compléter le pouvoir d'achat, les ouvriers ne courraient plus après des augmentations de salaires, augmentations dont le résultat devient vite stérile par suite de l'augmentation parallèle des prix. La plupart des causes de grève disparaîtraient.
Même les influences communistes, qui sont au fond de beaucoup de grèves, faibliraient et fondraient vite, car un peuple satisfait par la distribution de l'abondance n'aurait point l'oreille ouverte aux arguments communistes.
À tous les points de vue, le dividende national, le dividende périodique à chaque citoyen, serait le meilleur moyen d'en finir avec les soucis et les misères du chômage.
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Réclamons donc tous, de plus en plus fort, le dividende à tous et à chacun. $20 par mois à chaque personne vivante, du berceau à la tombe, indépendamment de ce que chacun peut gagner ou ne pas gagner par ailleurs.
À qui demander le dividende mensuel ? Au gouvernement de Québec. C'est lui qui est responsable des lois de sécurité sociale. S'il manque d'argent, qu'il se joigne aux électeurs pour demander au gouvernement fédéral d'exercer sa fonction monétaire. Et si le gouvernement fédéral n'accomplit pas sa fonction, le gouvernement provincial peut toujours y suppléer en exploitant lui-même le crédit réel de la province. (Lire "Sécurité sociale par la province" du présent numéro).
La méthode ne nous importe guère. Ce que nous voulons, c'est le dividende lui-même, sous quelque forme qu'il soit, pour mettre l'abondante production possible de la province au service de la population de la province.
Le chômeur, c'est de la production immobilisée. Immobilisée à la face d'un peuple qui en a besoin ; immobilisée à la face d'un gouvernement responsable du bien-être de la population.
Qu'attend donc ce gouvernement pour mettre la finance au service de la distribution ? Il attend sans doute que les électeurs organisés soient devenus une puissance capable de décider leur gouvernement à ignorer la puissance non déclarée qui le domine et le paralyse aujourd'hui.